De Salta au Chili (du 30/06 au 2/07/08)
Enfin, nous pouvons reprendre la route, on y croyait plus…. Nos cartes de crédit ont mis près d’un mois et demi pour revenir de France, autant dire que nous ne sommes pas contents du tout de notre banque…..
Nous avons encore une fois changé notre itinéraire. En effet, la situation sociale et politique en Bolivie n’est pas favorable à notre entrée dans ce pays en ce moment, alors nous allons au Chili pour en visiter l’extrême nord et nous espérons bien, ensuite, de ce pays, pouvoir entrer en Bolivie.
Nous sommes très heureux de reprendre la route après cette longue période sans bouger. Mais nous sommes aussi un peu tristes car nous allons également quitter l’Argentine. Mais, l’Argentine est généreuse et
va nous montrer, une fois de plus, au cours de cette dernière balade, du beau et du spectaculaire : la « Quebrada de Humahuaca » et ses villages.
Quelques dizaines de kilomètres avant la quebrada, le paysage se prépare et la montagne nous charme déjà avec, soit des massifs constitués de strates verticaux colorés, soit des massifs uniformément colorés et imposants, soit des massifs moins colorés mais recouverts de cactus et pour finir, aux avant-postes de Purmamarca, des massifs
diversement colorés et quelques minutes plus tard, nous arrivons dans ce village qui marque le début de la quebrada de Humahuaca.
Cette quebrada d’une longueur de 170 kilomètres est un profond canyon d’origine à la fois tectonique et fluviale. Le Rio Grande y coule abondamment en été, mais est à sec en hiver. Son lit est bien chargé en rochers et cailloux. Dans l’ensemble, la quebrada est plutôt assez large, mais parfois ses parois se resserrent.
Les choses commencent de façon spectaculaire avec ce village de Purmamarca (2 206 mètres d’altitude et 2 300 habitants). Il est très pittoresque adossé au « Cerro de los Seite Colores » (la colline aux sept couleurs). Ce massif est pour le moins époustouflant ; c’est la palette de l’artiste comme on dit ici. C’est le beige, le noir, le rouge, le vert, l’ocre, le gris et le violet qui ornent toutes les strates de la montagne. C’est du grandiose. Toutes ces couleurs sont le reflet de tous les minéraux que l’on peut trouver dans la région comme le cuivre, l’argent, le plomb, le zinc, le pirite, le manganèse et d’autres encore.
Ce massif s’impose, on peut dire comme le nez au milieu de la figure, en même temps que le village pratiquement. On aimerait presque que le village ne soit pas collé à ce massif pour mieux en jouir et le voir sans aucune interférence tant c’est surprenant et si beau. Un petit chemin de terre à l’arrière du village nous conduit vers d’autres merveilles du même genre. La promenade se fait d’étonnement en étonnement : partout d’étranges formations géologiques et des couleurs absolument « éclaboussantes », comme le blanc, le rouge, le vert et le violet. Nous avons vu tous ces sites au soleil de l’après-midi et au soleil du petit matin. Le matin, cela « éclabousse » encore plus que le soir. Ces endroits sont merveilleusement beaux et très difficiles à décrire, mais faciles à photographier, alors reportez-vous à l’album photos pour bien apprécier ces endroits.
Avant d’arriver à Purmamarca, nous avons doublé dans une bonne grimpette, un jeune couple à tandem. Nous avons terminé la montée et les avons attendus (nous le faisons toujours). Nous avons bien fait, c’était des petits Français : Adèle et Vincent. C’est toujours l’émotion quand nous rencontrons d’autres Français sur notre route et à plus forte raison quand ce sont d’aussi courageux touristes. Ils sont en Argentine pour un mois et sont venus avec leur tandem à remorque (engin de torture). Nous leur avons offert de l’eau bien fraîche qu’ils ont bien appréciée ; et le soir, nous nous sommes retrouvés « chez Jules » pour l’apéritif. Nous avons passé un très agréable moment avec eux. Ils sont vraiment très courageux car leur promenade du lendemain c’est la Salina Grande et pour l’atteindre il faut franchir un col à près de 4300 mètres…..
Après cette belle soirée et cette bonne nuit sur le parking du village, face au « Cerro de los Seite Colores », nous reprenons la quebrada pour les villages de Tilcara et d’Humahuaca. Evidemment, les paysages n’arrêtent pas de changer. Nous ne voyons plus de massif avec toutes les couleurs les unes à côté des autres comme à Purmamarca, mais nous voyons tout de même des choses étonnantes. Encore des formations géologiques bizarres, étranges et des couleurs « éclaboussantes ». Quand les massifs semblent calmes, par leur forme, par exemple, eh bien, vlan ! apparaît une énorme tâche rouge, bien écarlate, comme un emplâtre sur la montagne. Le violet et le vert aussi sont bien présents sur le parcours et, parfois, c’est tout le massif qui est tout vert et nous n’avons pas fumé la moquette ! De petits hameaux se « pavanent » adossés à de bien jolis massifs de couleur intense ; des petits cimetières aussi.
Tout au long du parcours, la végétation est bien présente malgré l’aridité des lieux. Les cactus sont partout présents et en grande quantité. Dans le canyon, peupliers, caroubiers et autres plantes se partagent l’espace de place en place.
Les villages de Tilcara (2600 mètres d’altitude et 2200 habitants) et d’Humahuaca (3000 mètres d’altitude et 6220 habitants), sont de beaux villages typiques avec une population en grande partie d’origine indienne. Les ruelles pavées de ces villages sont bordées de maisons en adobe, à un niveau le plus souvent, collées les unes aux autres. Les échoppes d’artisanat très présentes donnent de l’éclat à ces ruelles.
A Tilcara, nous avons fait une visite très intéressante à la Purcara (village fortifié précolombien), aujourd’hui restaurée. L’endroit, perché sur une colline, est magnifique ; il domine tout le
village et donne une belle vue sur la région. C’est vrai que cela fait un peu « tout neuf » mais c’est tout de même très beau et cela permet d’avoir une bonne idée de ce que pouvaient être ces villages indiens du passé. Ce site à été découvert en 1908 et reconstruit en 1950. Des fouilles sont toujours en cours sur ce site. Les cactus y sont en quantité illimitée au grand bonheur de Valérie.
La ville compte aussi un musée archéologique très intéressant et riche. L’on peut y voir des collections de masques de cérémonies, de poteries et des objets régionaux. Bien des objets présentés ici ont été trouvés sur le site du village.
Que ce soit sur ce site, ou dans la ville, on peut voir que tous les murs construits avec les pierres de l’endroit, sont d’une grande richesse de couleurs.
Le bel artisanat présenté dans tous les villages de la quebrada est bolivien.
Cette quebrada est habitée depuis des temps très anciens. Les premiers Indiens qui y vécurent furent soumis par les Incas et ensuite les conquistadores Espagnols s’y imposèrent en pillant, détruisant tout et en voulant imposer la civilisation occidentale. Ce qui est sûr aujourd’hui, c’est que les habitants des villages indiens de la quebrada ne semblent pas vivre sur le mode occidental. Ici, l’on a le sentiment de vivre hors du temps. Les villages de la quebrada sont riches de vestiges précolombiens et coloniaux.
La Quebrada de Humahuaca est classée au Patrimoine Culturel et Naturel de l’Humanité par l’UNESCO.
Nous sommes tout près de la Bolivie ici, mais nous faisons demi-tour en direction du Chili. Nous refaisons alors toute la quebrada de Humahuaca, c’est un plaisir, et à Purmamarca nous prenons la magnifique route du « Paso de Jama » que nous avons déjà faite en mars dernier, dans l’autre sens.
Au cours du trajet, nous avons eu le plaisir de voir arriver au loin Adéle et Vincent sur leur tandem et nous étions très heureux pour eux de voir qu’ils étaient arrivés à grimper ce foutu col et que du coup ils avaient pu voir la Salina Grande. La veille, Adèle en doutait un peu. Alors, une fois de plus ce fût un vrai moment de joie. Tout le monde est rentré dans Jules et le café fut servi. Une grande descente les attend et ce ne sera pas encore fini pour eux après, d’autres montées viendront. Chapeau bas Adèle et Vincent !
A notre tour, nous voici à la Salina Grande, mais pour la deuxième fois. Elle est tellement belle que nous ne pouvons qu’être enchantés d’avoir la chance d’y être à nouveau. Pour fêter l’événement, nous y entrons et faisons faire ses premiers pas à Jules sur le sel…. et cela ne manque pas de saveur !
Cette fois-ci, nous n’avons pas boudé le village de Susques sur le parcours. Ce village vaut vraiment le détour. Il est particulièrement pittoresque. Il est situé dans un environnement rouge brique. Les maisons sont en adobe et les ruelles sont en terre. Tout est de la même couleur. C’est dans ce village que les camions qui vont d’Argentine au Chili font leur passage en douane. De ce fait, le village est rempli de camions. La station-service, avec une seule pompe, que du diesel, domine la ville de haut de sa colline. Ce village fait très far-west, mais a tout de même beaucoup de charme.
La grande différence sur le parcours, par rapport au mois de Mars, c’est que toutes les Lagunas sont gelées et ont des allures de miroirs. Cela n’empêche pas les vigognes de continuer à fréquenter les lieux. Malgré l’hiver, les sommets de plus de 5000 mètres sont toujours sans neige, dommage pour nous !
* * *
Et voilà, l’Argentine c’est fini…..
Nous avons adoré ce pays. Il est grand, il est magnifique et surtout il est, avec sa population, très touchant.
Nous y avons passé que du bon temps et y avons été très, très heureux.
Nous aimerions beaucoup pouvoir y revenir…..
Pour la suite chronologique du récit, courez vite à la page 8 du carnet de voyage du Chili.