De Sarmiento à San Carlos de Bariloche (du 12 au 25 Avril 2007)
Sarmiento (8 000 hab.)
Reserva Natural Bosque Petrificado
Tout au long de la lecture de cette balade, c'est vous, chers lecteurs, qui allez frissonner. Pour cette visite nous prenons petit Jim car la promenade n'est que de 28 Km mais elle est de ripios et Jules, il n'aime pas bien les ripios. Nous voilà donc partis, sur notre cheval comme on dit, et tout va bien. La route est désertique au possible. Nous croisons une jolie petite rivière dans laquelle batifolent quelques flamants roses, c'est charmant.
Après quelques kilomètres, un vent très violent qui ne fait que forcir commence à nous faire tanguer sérieusement nous et notre monture. Le pauvre Jim fait de belles embardées qui nous donne quelques frayeurs, mais nous continuons. Ces embardées nous conduisent tout droit sur les tas de graviers qui bordent la piste et dans lesquels Jim s'enlise. Et puis cela tangue de plus en plus, et Chouchou a bien du mal à maintenir la bête et Valérie qui ne moufte pas à l'arrière, pense « tomberons, tomberons pas » ? Et ça continue encore et tout d'un coup c'est encore plus fort et là, Valérie pense carrément « on va finir par se casser la gueule » et puis ...... y sont tombéééééééééééééés.... enlisés dans le gravier.
Nous sommes tous les deux avec une patte coincée sous Jim et l'autre on ne sait pas où elle est. On se regarde et on se dit mutuellement « tu n'as rien de cassé ? Et c'est non pour les deux. Ouf ! On se relève et là, les questions qui s'imposent : « tamaloutoi » ? « ettoitamalou » ? Pour Chouchou c'est une cheville égratignée, le genou, lui aussi, bien égratigné et un peu cabossé, les côtelettes très endolories, mais c'est aussi un choc émotionnel. Et pour Valérie c'est une cheville égratignée et le bas du mollet endolori. Nous relevons Jim qui s'en sort sain et sauf, re-Ouf
Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait : on continue ou on redouble ? Il ne nous restait que 8 km à parcourir, alors nous décidons de continuer car de toute façon le vent nous l'aurons aussi au retour.
Et c'est dans un paysage complètement lunaire que nous finissons par arriver sans problème. Le vent nous semble encore plus fort dans cet endroit. Nous commençons la visite en montant un petit sentier avec beaucoup de difficulté car nous avions le vent de face. Ensuite nous nous dirigeons vers le premier mirador et là, nous sommes pris par les rafales et nous devons nous coller aux parois pour ne pas être jetés en bas d'un petit ravin. Nous décidons ne pas continuer ce sentier et de redescendre. Mais là, le vent nous empêche carrément d'avancer et nous projetait des mini cailloux qui nous piquaient très fort le visage.
Nous finissons tout de même par redescendre et nous nous demandons si nous continuons ou si nous nous arrêtons ? Finalement, on se dit que c'est quand même dommage après tout le mal que l'on s'est donné pour arriver ici de ne pas essayer d'en voir un peu plus. Nous reprenons donc notre montée, toujours aussi pénible, encore quelques mètres et puis.... cette saloperie de vent vient de « piquer » les lunettes de Chouchou et elles ont atterri on ne sait pas où exactement dans le « Put..... » de ravin sur le côté. C'est vraiment la catastrophe. Que faire : on décide de s'asseoir par terre et de descendre tout doucement, sur les fesses, dans le ravin. Nous avons cherché et recherché et bien sûr nous n'avons pas pu les retrouver. Alors nous remontons de ce ravin et cette fois-ci nous quittons le site.
Le retour, sans lunettes, mais avec le vent s'est bien passé. Nous avions tous les deux, les deux pattes prêtes, en permanence, à faire quatre béquilles pour Jim s'il en était besoin. Nous sommes quand même un peu tristes après cette journée pleine de contrariétés, mais nous nous consolerons en « jouant au docteur » !
Notre balade suivante fut pour le Lago Muster qui se trouve à 7 Km de Sarmiento. Là aussi, nous y sommes allés avec Jim, bien fringuant. Nous y avons aussi trouvé du vent. Ce lac est très beau mais aussi agité qu'une mer déchaînée.
Et comme nous voulions quitter Sarmiento en beauté, nous nous sommes fait une séance coiffeur !
Esquel (35 000 hab.)
Esquel est aussi la ville «camp de base » pour visiter le « Parque Nacional los Alerces », alors allons-y !
Parque Nacional los Alerces
Ce Parc de 197 500 hectares est situé à la frontière chilienne. Il est constitué de forêts, de massifs montagneux de moins de 2 000 mètres d'altitude et de 5 lacs. Ce parc compte parmi les plus beaux d'Argentine pour son cadre et aussi par sa particularité : une forêt de mélèzes millénaires. Son accès se fait exclusivement par bateau. Il faut deux heures de route, dont une heure de ripio, depuis Esquel pour parvenir à l'embarcadère. Nous décidons donc de prendre l'excursion au départ d'Esquel.
L'accès à la forêt d'alerces ne peut se faire sans guide et c'est tant mieux car on pourrait vraiment s'y perdre bien qu'il semble impossible de pénétrer cette forêt tant elle est dense. Donc, 2 km de sentiers ont été tracés pour permettre aux visiteurs de découvrir cet environnement étonnant et unique. Dans cet espace, on ne peut que regarder en l'air pour voir tous ces magnifiques arbres gigantesques. Il y a bien sûr les alerces, mais il y a aussi les coihues qui sont aussi immenses et dont on a l'impression que le tronc est de la même taille de bas en haut.
Vous ne pourrez voir dans l'album que des photos d'arbres prises de bas en haut. Impossible de faire autrement. L'ancêtre des alerces ici présents à 2 600 ans, mesure 57 mètres de haut et 2,20 mètres de diamètre : il est magnifique. Entre tous ces beaux arbres c'est carrément une forêt de bambous. Tout au long de notre promenade, nous pouvions entendre gronder fortement des torrents mais nous ne pouvions pas souvent les voir. Mais quand cela était possible, c'était magnifique : de hautes cascades avec de beaux déboulés d'eau et la rivière déchaînée, un régal pour le bruit et les couleurs.
Ce parc est magnifique. La balade d'accès en bateau fut un pur régal et le tout a été une journée bien rafraîchissante après les poussières patagoniennes !
El Bolson (15 000 hab.) et le « Parque Nacional Lago Puelo »
Malgré la pluie, nous partons faire un tour vers le Lago Pueblo, mais notre balade sera brève car le temps est vraiment très mauvais. En plus de la pluie, nous avons des nuages à très très basse altitude et franchement nous ne voyons rien. Dommage....
Nous quittons El Bolson avec tout de même un petit regret. Nous attaquons maintenant notre route vers Bariloche et la région des lacs en prenant la Nationale 40 en très bon état dans ce secteur.
Cet itinéraire est des plus flamboyants. Ici, l'automne est à l'oeuvre et nous offre de jolies couleurs pendant toute une partie du trajet. Cette route serpente le plus souvent dans un couloir de montagnes aux crêtes enneigées. Et, ici ou là, nous pouvons admirer quelques lacs avec des couleurs bien sombres en raison du mauvais temps. Nous pouvons admirer également toute une collection d'arcs-en-ciel avec des couleurs bien marquées et surtout des bandes de couleurs bien larges. Mauvais temps, mais jolie route.
Nos priorités quand nous arriverons à Bariloche seront : trouver un opticien pour refaire faire les lunettes de Chouchou, puis un carrossier pour Jules et aussi un électricien auto car la fermeture centralisée est de nouveau en panne et pour finir, le garage Fiat, pour la révision des 30 000 km.
Bariloche - 770 m. d'altitude (96 000 hab.)
Mais le principal atout de Bariloche c'est son environnement. La ville est située sur la rive du lac Nahuel Huapi et se détache dans un ensemble de montagnes déchiquetées et foncées, avec comme point dominant le mont Tronador qui culmine à 3 554 mètres. En cette saison, tous les sommets sont enneigés. Les vues du lac sont magnifiques.
Cette ville est très prisée par toute l'Amérique Latine. L'hiver, c'est une station de ski où toute la bonne société sud-américaine aime à venir. L'été, la ville attire, en raison de ses forêts, de ses lacs et de ses montagnes, tous les amateurs de promenades dans la nature et au grand air. Bariloche est presque toute l'année très animée. Pour nous, par contre, en ce moment, c'est la saison morte, cela dit, c'est une grande ville et l'animation de manque pas.
La ville est la région sont très riches. Et si l'aperçu de la ville ne suffisait pas pour s'en rendre compte, le « Circuit Chico » (petit circuit) vous enlève tous vos doutes. Ce petit circuit de 35 km sur une partie du bord sud du lac est une petite merveille. Il serpente entre la montagne très boisée et le lac. Tout au long de ce parcours on peut admirer de très belles et grandes maisons, lesquelles n'ont pas des jardins mais des parcs de forêt. Et quand on se faufile dans les chemins de terre qui mènent vers le lac, il n'y en a pas beaucoup, là on trouve des maisons plus grandes encore et tellement belles et avec des vues superbes sur lac et montagnes. Les riverains de ce lac n'ont rien à envier aux riverains des lacs d'Italie du Nord.
Mais nous ne nous voilons pas la face, la misère est aussi présente à Bariloche et c'est la première chose qu'on voit en arrivant, avant d'atteindre les beaux quartiers, mais on la trouve ailleurs aussi. Franchement, pour nous, c'est ici qu'elle nous a le plus choqué...
Le Lago Nahuel Huapi a une superficie de 556 Km² et une profondeur supérieure à 400 mètres. Des montagnes chargées de forêts le bordent. Il comporte de nombreux bras, fjords et îles et îlots. Il est majestueux. Dommage, que dans toute cette région le temps n'est pas voulu être de la partie...
Mais nous ne nous voilons pas la face, la misère est aussi présente à Bariloche et c'est la première chose qu'on voit en arrivant, avant d'atteindre les beaux quartiers, mais on la trouve ailleurs aussi. Franchement, pour nous, c'est ici qu'elle nous a le plus choqué...
Bon, et maintenant que nous avons, après huit jours passés à Bariloche, des lunettes neuves pour Chouchou, Jules réparé, révisé des 30 000 et avec une fermeture centralisée qui fonctionne à nouveau, nous pouvons poursuivre notre voyage vers d'autres lieux.
Route vers le Chili
Nous prenons la route des 7 lacs (N° 234, avec 47 km de piste) qui serpente au milieu de montagnes couvertes de forêts. Parfois, les lacs sont visibles, parfois il faut les mériter et faire quelques petits kilomètres à pied pour les voir. Nous ne l'avons pas fait. Cette jolie route nous conduit à San Martin de Los Andes. Ici, nous laissons « les garçons », mais nous convenons avec Bruno qu'il vienne « Chez Jules » à 9 H 00 pour aller dîner ensemble en ville. Ces retrouvailles étaient tellement sympas, qu'avant de partir pour le restaurant, nous avons dégusté une bouteille de champagne Bajan (bonne maison, soit dit en passant !), que Valérie avait emportée. Nous avons passé une très bonne soirée ; c'était la troisième fois que nous retrouvions Bruno sur nos routes. Peut-être y en aura-t-il d'autres ?
San Martin de los Andes (26 000 hab.) est une très jolie petite ville montagnarde, sur les rives du Lago Lacar, avec une architecture pierre et bois. C'est une ville balnéaire « à la mode », comme on dit. Elle est particulièrement verte : de grands squares et des arbres de chaque côte de larges avenues. C'est une ville élégante et raffinée, avec beaucoup de beaux magasins, hôtels, restaurants et pubs bien sympas. Nous les avons testés ! Un joli petit port complète le tableau balnéaire.
De là, nous partons pour Junin de los Andes (18 000 hab. - 800 mètres d'altitude), autre petite ville montagnarde, fréquentée pour ses rivières très poissonneuses, principalement en truites. Dans cette ville, on est au coeur d'une région peuplée d'indiens « Mapuche ». D'ailleurs, la petite municipalité leur rend hommage en ayant ouvert un intéressant petit musée à leur intention. Pour nous, cette ville sera notre point de départ pour visiter le « Parque Nacional Lanin » et son point d'orgue, le beau volcan du même nom, qui culmine à 3 776 mètres. Ce parc protège 379 000 hectares de forêts.
La route qui y mène est désertique au possible et quand ce volcan si blanc et au cône parfait fait son apparition dans ce paysage c'est tout simplement magnifique. Quelques kilomètres avant d'arriver au pied de ce volcan, nous traversons (par un ripio de 10 kilomètres, tout se mérite !) une forêt d'araucarias bien verts foncés et parmi lesquels quelques variétés feuillues donnent de jolies touches mordorées, c'est superbe ! Au pied de ce volcan si blanc, nous marchons sur du sable à gros grain noir, évidemment. Dans l'environde 780 km, nous avons pris tout notre temps. Nous avons fait un stop de 2 jours à Rio Grande pour les mails et le site. Valérie en a profité pour aller chez le coiffeur se faire couper les cheveux : shampoing (par des mains vigoureuses...) + crème traitante + brushing : 15 pesos, soit moins de 4 euros. A ce nement du volcan et jusqu'à quelques kilomètres on trouve de-ci de-là d'énormes pierres poreuses qui montrent la vitalité qu'a pu avoir ce volcan. Ici, nous sommes seulement à 2 kilomètres de la frontière chilienne mais ce n'est ici que nous la franchirons car les routes à ce niveau ci sont également des ripios côté chilien.
Pour notre prochaine étape, Villa Angustura (7 311 hab.), nous empruntons la route n° 40, excellente sur ce parcours de 280 kilomètres. Tant le tronçon de cette route a été merveilleux, nous aurions aimé qu'il fût plus long. En effet, tout au long de ce trajet, nous avons eu des paysages d'une grande beauté et surtout d'une grande variété. C'étaient des zones désertiques, des zones boisées, des lacs, des rivières, des montagnes complètement « folles » : des « molles », des plates, comme si on les avait coupées au couteau, d'autres plates aussi, mais avec une sorte de plaque débordante au dessus comme si elles avaient un chapeau, d'autres encore, avec une excroissance ici ou là comme si elles avaient une dent et enfin, les plus folles, avec des aiguilles de toutes tailles et mises un peu n'importe comment. Là où il y avait lac ou rivière, la végétation réapparaissait et alors c'était un feu d'artifice automnal, cela flambait partout ! C'était fou ces paysages. On a ici, dans l'extrême nord de la Patagonie, le sentiment de découvrir, dans un petit espace, toutes les facettes de cette région. Au début de ce trajet, nous avions aussi, de temps à autre, en point de mire le beau cône du volcan Lanin. Et pour le finir, nous avons longé un autre côté du Lago Nahuel Huapi. Nous avons eu un temps magnifique pour ce parcours.
Sur cette route, nous avons eu aussi une frayeur car à un moment un gros cerf poursuivi par la meute de chiens ont traversé devant nous. Heureusement, Chouchou a eu les bons réflexes, mais c'est pas passé loin. Nous avons vu aussi sur ce parcours, et toujours avec le même plaisir, quelques autres animaux : chevaux, moutons, vaches, renards et quelques beaux rapaces dont des condors, et pour clore le tout, quelques gauchos sur leur monture et portant poncho ! Joli tableau.
Notre voyage en Argentine s'arrête ici pour le moment. En effet, nous y reviendrons un peu plus tard, mais maintenant, nous vous emmenons au Chili pour quelque temps.
De la frontière chilienne à Mendoza (21-22 Mai 2007)
Nous nous dirigeons vers Uspalata pour y passer la nuit. Il est maintenant trop tard pour pouvoir espérer aller plus loin avant la nuit. Notre route jusqu'à cette ville, se déroule dans la grisaille et nous roulons sous la neige. La masse de l'Acagongua est bien là, mais elle se fait très discrète et pour voir ses cimes il faudra qu'on repasse ! A Uspalata, nous bivouaquons devant un hôtel dans le centre ville. Nous trouvons un « p'tit resto » bien sympa et y faisons un bon dîner et après dodo.
Le lendemain, c'est sous un beau ciel bleu que nous reprenons notre route. En quittant Uspalata, nous nous rendons compte qu'une grande quantité de camions fait la queue sur le bas-côté de la route en direction du Chili. Il y a en tellement, qu'au bout d'un moment Chouchou décide de regarder le compteur, eh bien il y en a eu pendant 13 kilomètres. Pas sûr qu'ils aient pu tous passer la frontière ce jour-là....
La route est magnifique, très encaissée entre les deux flancs de la monta-gne. Elle suit le Rio Mendoza, lui aussi, très encaissé. La montagne est bien colorée et dans certains endroits on peut voir une jolie palette de couleurs qui reflètent la minéralité des lieux. Certains sommets sont bien enneigés et dans le bleu intense du ciel, c'etait splendide. Nous nous régalons sur cette route. Et quand nous arrivons vers la région des vins, nous pouvons aussi admirer les coteaux viticoles.
L'arrivée sur Mendoza nous surprend, en bien, à plus d'un titre, mais celui qui nous fait le plus plaisir c'est de voir, enfin, l'approche d'une grande ville, sans y voir tous les symboles de la grande pauvreté, on peut même dire de la misère, que l'on a pu voir à l'approche de toutes les autres villes, grandes, moyennes ou petites. Bien sûr, il y a là aussi des gens pauvres mais leur pauvreté est forcément beaucoup moins grande, cela se voit très bien.