De la frontière chilienne à Salta (26/03/08)
Nous avons franchi la frontière, mais les paysages ne changent pas encore. Nous roulons sur un vaste plateau, l’altitude a baissé et les massifs sont donc un peu plus hauts. Les couleurs de l’environ-nement sont chaudes, parfois un peu de végétation et beaucoup de lagunas aux belles eaux bleues toujours plus au moins bordées de sel. Dans l’environnement rouge des roches et le ciel bleu, c’est vraiment superbe. En grand nombre, les lamas, les ânes et les biquettes en liberté agrémentent notre parcours. Pour les reconnaître on leur met des rubans de couleurs vives, soit aux oreilles, soit autour du cou, c’est trognon !
Au bout d’un moment, notre route recommence à remonter et c’est à 3500 mètres d’altitude que nous trouvons la « Salina Grande ». Elle porte bien son nom cette saline, c’est à peine si on en voit les limites, sauf lorsque ce qui reste des sommets andins l’arrête. Elle est splendide et quand le ciel se reflète dans ses espaces humides, on croirait une aquarelle. Plus nous montons et plus la Cordillère se fait petite et nous montre beaucoup de beaux vallons bien crevassés cernés de touffes de végétation aux teintes claires ; c’est beau et si harmonieux.
Dès que nous sommes au col, 4 800 mètres, nous apercevons des gros paquets de nuages un peu plus bas et peu de kilomètres après nous sommes dans un brouillard plutôt épais. Quel dommage, la route est réputée magnifique. Nous pouvons nous rendre compte que le paysage est très tourmenté, mais pour les couleurs nous devrons repasser et pour les photos aussi. Notre descente se fait donc à très petite vitesse et dès la première ville, Jujuy, nous nous cherchons vite un bivouac pour la nuit bien que Salta ne soit plus qu’à 90 Km, et nous finissons par trouver une station-service où nous pouvons passer la nuit.
Si le temps s’y prête, lorsque nous irons en Bolivie, nous passerons très près de cet endroit et nous essaierons de refaire un bout de cette route.
Le lendemain, nous reprenons notre route et peu de temps après nous arrivons à Salta et nous nous installons de nouveau au Balneario. À Salta, nous prévoyons de nous mettre non pas en voyage mais en villégiature pour quelque temps.
Salta (du 27/03 au 15/05/08)
Nous sommes très heureux d’être de retour dans cette ville et cette fois-ci nous allons vous la faire découvrir. Nous l’adorons et surtout nous nous y sentons bien. Nous allons y rester un moment car la saison des pluies fait ses ravages dans les régions nord-ouest et dans le sud de la Bolivie.
La ville fut fondée en 1582 par Hernando de Lerma. C’est une importante destination touristique du pays compte tenu de la richesse de la région en sites naturels et vestiges archéologiques. Sa population est d’environ, pour moitié, d’origines indiennes (Quechua et Calchaquie). Elle s’étend dans une vallée entourée de massifs verdoyants et de bonne altitude. De partout dans la ville, nous pouvons voir les massifs et lorsque l’on monte sur les premiers massifs l’on découvre l’ampleur de la ville et les vues sont magnifiques.
Outre son activité touristique, Salta et sa région se consacrent avant tout à la culture. Parmi les principales : le tabac, en très grande quantité, qualité « Virginie », il est exporté dans le monde entier ; ensuite viennent le maïs, la canne à sucre, le coton, les piments et un peu d’élevage
Le commerce aussi tient une place importante dans la ville. Et ce sont des kilomètres de magasins de toutes sortes. Dans le centre, les rues piétonnes grouillent de monde toute la journée. Impossible de ne pas trouver ce que l’on cherche à Salta. Valérie y trouve même son shampoing préféré !
C’est une ville à l’architecture coloniale dont on dit qu’elle est la mieux préservée d’Argentine. Sa place principale, Plaza 9 de Julio, possède les plus beaux édifices de la ville et ils sont vraiment très beaux. Cette place est le cœur de la ville, elle est immense, joliment arborée de palmiers, d’orangers, de cèdres, d’araucarias et d’autres encore, et bordée d’édifices à arcades. Pratiquement, le pourtour de cette place est réservé aux terrasses de brasseries et restaurants. Elle est très animée et c’est le lieu de détente de prédilection des Saltenos et le nôtre aussi d’ailleurs. Sur un côté, tout de même, une place est faite à la Cathédrale « Basilica », elle aussi d’architecture coloniale et bâtie dans les années 1860. Elle est rose bonbon ! D’autres belles églises coloniales dans la ville, comme la « Iglesia San Francisco », elle, toute rouge, ou encore la « Iglesia la Merced », plus sobre mais avec de jolies coupoles bleues.
Quelques beaux musées également, dont le « Musée Arqueologia de Alta Montana » qui possède notamment trois momies gelées d’enfants sacrifiés de l’empire Inca. Elles sont conservées par le procédé cryogénique. Elles ont été découvertes en 1999 par une expédition archéologique américaine, à 6 739 mètres au sommet du Mont Llullaillaco, dans un sanctuaire Inca. Ces momies sont en parfait état de conservation et c’est très émouvant de les voir. On ne peut pas dire que l’ensemble de la population indienne de la région accepte volontiers que ces momies soient dans ce musée et l’on peut le comprendre aisément….
Salta compte aussi de magnifiques quartiers résidentiels, à la fois au cœur même de la ville et en retrait dans sa périphérie nord-est au pied des massifs. Ces endroits sont structurés plutôt par de petites rues bien arborées et les maisons, disons villas, qui les bordent sont de caractère. La pierre, le bois et le fer forgé montrent ici ce qu’ils peuvent donner de plus beau. Se balader dans ces quartiers où l’évasion vers les sommets est possible, c’est un vrai délice.
On ne peut passer sous silence l’organisation commerciale de cette ville. Les jolies rues aux édifices coloniaux qui partent de la place sont réservées essentiellement aux agences de voyages, hôtels, banques, artisanat, commerce de luxe dans des galeries avec les jeans à 65 Euros (très cher pour le pays), restaurants, boutiques de produits chers comme informatique, photo, et puis aussi quelques coiffeurs de luxe, magasins de sport, grandes librairies etc, etc… Ces rues aboutissent dans des avenues dans lesquelles on trouve les Cie d’assurances, beaucoup de cabinets médicaux en tout genre, quelques magasins-bazars où l’on trouve de tout, des magasins de vêtements où les jeans sont descendus à moins de 5 Euros, etc, etc… Et puis, ces avenues débouchent sur les boulevards qui après quelques kilomètres sortent de la ville. Sur ces grands boulevards, c’est carrément la foire commerciale.
Tout d‘abord ce qui se remarque le plus, c’est que les arbres sont remplacés par des pylônes. En effet, chaque magasin, entrepôt, boutique possède son pylône sur lequel est accroché son panneau qui annonce la couleur ! C’est une orgie de taille, de couleur et ils arrivent parfois jusque dans le milieu du boulevard, à peine beaucoup plus haut que la hauteur des bus. Il ne faut surtout pas que les automobilistes les loupent et tant pis s’ils masquent les feux rouges ! Et qu’est-ce qu’on trouve ici dans ce boulevard de Jujuy, par exemple ? Eh bien tout d’abord, tout pour la reine de la société : la voiture. Ce sont des enfilades de magasins de jantes, de calandres, des pneus, de radiateurs, de réservoirs d’essences, suivent les « Repuestos », magasins de petites pièces détachées pour la voiture et ceux-là sont en grande quantité. Il faut dire que le parc automobile d’Argentine est si vétuste que finalement cela n’a rien d’étonnant. Parmi ce « tout pour la voiture », on peut trouver un marchand de chaussures et l’on se demande comment il ne passe pas à l’as celui-la au beau milieu de tout ceci ; il y aussi la grande pharmacie Hernandez et son panneau monstrueux, on ne peut pas la louper, elle ! Arrivent quelques magasins de matelas, de meubles et ensuite ce sont les « bigs » annonces Yamaha, Honda, Suzuki, Kawasaki et vous l’avez compris, nous entrons dans le monde de la moto. Les magasins de motos neuves et bien sûr tous les magasins de Repuestos motos. Roberto et ses vins fins est bien timide au milieu de tout ceci, mais s’il n’a pas de grand panneau accroché à sa boutique, il a bien inondé le trottoir de ces bonbonnes de vins, donc on ne peut pas le louper lui non plus. Pour changer du « roulant à moteur », nous trouvons les magasins bricolage où bétonnières et brouettes sont les vedettes des trottoirs et des boutiques ! Et ensuite, eh bien c’est le tour de la bicyclette et bien sur des magasins Repuestos Bicicleta. Après le domaine de la « petite reine », c’est le royaume des « carnicerias » (Boucheries). Bien sûr, nous en avons oublié car ici et là au milieu de tout ceci, il est possible de trouver, mais en petit nombre, quelques magasins d’alimentation et primeurs, des supermarchés, à certains carrefours, les saucisses et les poulets étalés sur des grils aromatisent bien l’endroit. On ne peut pas manquer non plus toutes ces « Bulonerias », marchands de boulons, et il y en a tout au long des boulevards. Quand on entre dans ce genre de magasin, très franchement, on ne sait plus où donner du boulon et il y a même de quoi péter un boulon ! Et dans tout ce « fatras », reste-t-il de l’espace publicitaire pour les hommes politiques ? Eh bien oui, sur les toits tout simplement ! Et ils y sont, le cheveu bien lissé, la dent carnassière et bien blanche et le sourire ravageur comme il se doit !
Tous ces boulevards, qui sont de la magie à l’état pur, sont également des lieux d’habitation et si l’on y rencontre beaucoup de voitures, l’on y voit également beaucoup de piétons. Nous adorons ces endroits et avons toujours eu beaucoup de plaisir à les parcourir à pied, le nez au vent pour ne rien perdre des odeurs, les yeux à l’affût pour ne rien manquer de ce qui s’y passe, les oreilles aux aguets pour la musique des mots, et la bouche en cœur parce que nous sommes très heureux à Salta !
La circulation y est très dense et infernale. Un grand nombre de bus circulent dans ses rues et leurs chauffeurs pensent avoir tous les droits. Également une très grande quantité de deux roues et les plus dangereux sont les vélos et tellement imprévisibles. L’un d’entre eux est venu, un jour, nous emboutir sur le côté, heureusement, nous ne sommes pas tombés. Alors parfois, avec Jim, c’est un peu galère. Comme ailleurs, cette circulation pollue bien la ville.
Salta c’est au moins tout cela et c’est aussi une ville très jeune et très animée. Ses quartiers pour le plaisir sont à voir le soir. La rue Balcarce notamment avec tous ses établissements à spectacles est très joyeuse, nous en avons vu plusieurs et y avons passé de bonnes soirées. C’est aussi un endroit bien agréable les samedis et dimanches avec son marché artisanal.
Salta « La Linda », c’est vrai qu’elle est belle, mails hélas elle ne l’est pas partout. Bien des quartiers et leurs habitants semblent abandonnés par la Cité et la misère est bien présente avec tout ce qui lui colle à la peau, notamment la saleté, dommage…
Nous avons passé de très bons moments à Salta. Nous y avons fait beaucoup de rencontres de Français et curieusement de Français essentiellement du sud-est de la France. Mais nous avons aussi rencontré beaucoup de Suisses, d’Allemands, soit en camping-car, soit en camion, soit à vélo, soit à moto et quelques routards. Nous avons fait beaucoup de soirées-fêtes avec les uns et les autres. Nous avons aussi revu des Suisses que nous avions rencontrés à Brasilia, nous étions tous les quatre très émus de nous revoir. Marie-Hélène et Jean-Jacques sont, eux aussi, revenus à Salta après leur séjour en Guyane et c’était une grande joie de se retrouver. Nous ne pouvons pas citer tous ceux que nous avons vus à Salta. Nous ne parlerons que des trois derniers couples : Renate et Bruno, un couple de Suisses bien sympathiques avec un gros camion MAN pourvu, entre autres, d’une machine à laver le linge, Dominique et Pierre qui ont un très beau camping-car Estérel, au passage nous signalons que c’est une marque à bouder avec sérieux. En effet, ils ont d’énormes problèmes de toutes natures avec leur véhicule et ils ne sont pas les seuls ; et les derniers, Nadette et Daniel, Nantais, qui voyagent depuis 6 ans à travers le monde. Ils ont commencé à tandem avec un parcours de 26 000 Km, principalement en Asie et Australie et maintenant ils voyagent avec un Land Rover Defender, pourvu d’une tente de toit et ils installent à côté de la voiture une petite maison de toile, dans laquelle on tient debout, c’est en quelque sorte leur cuisine/salon. Quand nous avons quitté le camping, Marie-Hélène et Jean-Jacques y étaient encore.
Les Vallées Calchaquies (du 15 au 19/05/08)
Finie la villégiature, après sept semaines passées ici, il est temps de reprendre la route. Nous savons par ailleurs, que les routes qui mènent à Cachi ainsi que celles de Bolivie sont bien sèches. Ensuite, si nous tardions encore, nous aurions le plein hiver en Bolivie et au Pérou et alors nous serions bien embêtés avec le gaz qui gèle.
Et maintenant ça redémarre et ça redémarre avec du très beau. Nous allons vous faire découvrir la « Quebrada de Escoipe », la « Cuesta del Obispo » et le « Parque Nacional Los Gardones ».
Ces trois sites, en enfilade, nous conduirons de Salta à Salta (eh oui, on y reviendra !) en passant par Cachi et Cafayate après un parcours de 520 kilomètres. Ces endroits, ainsi que la « Quebrada de Las Conchas », que nous avons déjà visitée et vous aussi (voir 10/02/08), forment les « Vallées Calchaquies ».
Dans toute cette région, la population est restée indienne et fait partie du groupe des Indiens Calchaquis qui ont donné leur nom à cette région.
Après Salta, tout commence par de jolies couleurs avec les « méfaits » de l’automne et le jaune est mis un peu partout, mais le vert domine car beaucoup d’arbres ici ne perdent pas leurs feuilles. Les talus et les champs sont remplis de différentes sortes de fleurs jaunes. De beaux massifs montagneux bien verts décorent notre route et ici la montagne est des plus calmes et c’est très rare en Argentine. Quelques dizaines de kilomètres après Salta, la route fait place à la piste et nous continuons le parcours en grimpant sérieusement dans des paysages de plus en plus montagneux. Ici comme ailleurs, l’eau fait selon son bon plaisir et nous devons souvent tremper les « papattes » de Jules dans de petites rivières qui traversent la piste. Heureusement tout se passe bien même si une fois nous avons tout de même un peu appréhendé….
Nous longeons la rivière au plus prêt, la route est taillée à flanc de montagne et parfois nous sommes bien coincés entre la paroi et le ravin, frissons garantis, d’autant que côté ravin, la route n’est vraiment pas stable. Dans bien des endroits, il manque une partie de la chaussée. Plus on monte et plus la végétation change jusqu’à devenir une végétation de zone semi désertique. La montagne aussi a bien changé et joue la fantaisie des couleurs plus accentuées et des formes moins orthodoxes. De place en place, quand le lit de la rivière s’élargit, la végétation revient et elle revient avec les belles couleurs automnales. Le petit pont métallique avec sa chaussée en planches disjointes et bien remuantes, qui enjambe la rivière, va comme un gant à Jules… Ensuite, ce sont les cactus qui viennent améliorer le décor et ils sont bien beaux sur ces montagnes rougeoyantes et il y en a jusque sur les sommets. Nous ne n’avons pas vu de village dans cette quebrada, mais nous y avons vu des cimetières.
Difficile de savoir où s’arrête la « Quebrada de Escoipe » et où commence la « Cuesta del Obispo » (la Côte de l’Evêque) sans jamais avoir changé de route, mais tout de même des signes sont là. Tout d’abord, la piste monte de plus en plus sérieusement et ensuite c’est la montagne qui change. Nous retrouvons une montagne verte, comme recouverte d’un tapis mousseux et cette montagne est sillonnée de crevasses plus au moins profondes et plus ou moins larges qui font des tâches grises dans le paysage car il n’y a pas de végétation dans ces crevasses. Notre piste court sur une même paroi et plus nous montons et plus nous voyons tous les lacets de la piste à flan de montagne et, d’en haut, elle fait une belle saignée qui s’ajoute à la saignée de la rivière. Nous avons parfois d’impressionnants à-pics. C’est très spectaculaire et très beau. De virage en virage, nous finissions par arriver au col de La Piedra del Molino à 3 348 mètres d’altitude. S’ensuit un haut plateau très aride où quelques sommets finissant ont des allures de simples collines. Ici, nous avons pu voir deux condors nous faire de belles arabesques bien haut dans le ciel.
La descente commence dans un milieu rocailleux et poussiéreux dans lequel quelques cactus annoncent l’entrée du « Parque Nacional Los Cardones » (cactus candélabres).
À propos des cardones, une ancienne légende indienne raconte
que les « cardones sont des Indiens qui veillent sur les montagnes et les vallées Calchaquies ». Le cardon pousse dans les régions les plus arides, lesquelles ne sont pas un problème pour lui puisque son tronc creux contient une bonne réserve d’eau. Il peut atteindre 6 mètres de haut. Quand il est en fleur, il se pare d’une sorte de « toupet » blanc ou jaune à son sommet. Il lui faut attendre entre 40 et 50 ans avant de fleurir. Le bois du cardon est utilisé dans la région pour la charpente des maisons ainsi que pour les portes et fenêtres et, avec beaucoup moins de conséquences pour sa survie, pour la confection des tambours. C’est pour les préserver que l’Argentine à classer cet endroit en Parque Nacional en 1996. Il couvre une superficie de 70 000 hectares.
Valérie qui adore les cactus et se passionne pour eux est devenue très fébrile dès l’apparition des premiers « sujets ». Il faut dire que dans ce monde du « piquant », elle devient un peu piquée ! Pour un peu, il faudrait s’arrêter à chaque cactus qui selon elle, mérite photo. Elle leur trouve fière allure, mais surtout elle les trouve particulièrement photogénique.
En tout cas, ici il y en a une quantité énorme et donc Chouchou pense qu’on va en avoir pour un bon moment ! Bien sûr, il y en a partout. Tous les massifs en sont couverts. Dans d’autres endroits ce sont des champs entiers de cactus avec les montagnes à l’arrière. Ils sont très beaux qu’ils aient des « doigts » ou pas, ce qui est rare. Certains ont plus de doigts que les deux mains des humains et dans ces cas-là c’est le délire du Scribe et bien sûr il faut la photo. C’est quand ils sont devant des massifs bien colorés et arides qu’ils sont du plus bel effet et c’est souvent le cas sur cette route. Dans leur espace, poussent également différentes autres plantes et arbustes qui agrémentent bien cet espace.
Et puis, les meilleures choses ont une fin, et nous changeons encore une fois de paysage et nous retrouvons trois chaînes de montagnes les unes derrière les autres, des villages qui réapparaissent avec des maisons toutes pareilles lesquelles ont un réservoir d’eau sur la « tête », pas très joli…. Plus bas, d’autres villages, plus jolis, et dans eux-ci les cultures se présentent car la rivière est tout près. Les jardins sont tout rouges car c’est la saison où l’on fait sécher les piments. Les toits, eux aussi, servent de « séchoir » et c’est le maïs qui s’y expose. Le dernier village c’est Cachi et nous y sommes accueillis par des envolées de perruches bien criardes mais si belles et si bien colorées.
Cachi – Altitude 2 280 mètres – 2 235 hab.
Cachi, Kallshi en quechua, signifie « sel ». Situé dans une vallée, aux confluents des rios Cachi et Calchaqui, avec vue sur les sommets
enneigés du Navado de Palermo qui culmine à 6 380 mètres, Cachi est un bien joli village colonial, particulièrement typique. Sa belle place avec ses maisons bordées d’arcades et son église dont les cloches semblent trop petites pour l’espace qu’elles ont dans le clocher, impose qu’on s’y arrête un moment pour regarder passer le temps comme le font les gens du village. (Nous l’avons fait à une terrasse de bistrot et n’avons pas vu passer le temps car nous y avons jacassé longuement avec des touristes allemands, cyclistes bien sympas et courageux). Ses ruelles pavées de pierres et bordées de coquettes maisons, à un niveau, avec des toits en terrasses, collées les unes aux autres et toutes blanchies à la chaux, donnent un charme fou à ce village. De beaux lampions en fer forgé y sont accrochés et d’étonnantes gargouilles se terminant en tête de canard, particulièrement longues, pour que l’eau tombe dans la rue et non sur le trottoir. Surtout, ce qui est plaisant ici, c’est que chacun veille à ne pas déranger l’harmonie du lieu et c’est bien rare dans ce pays. Probablement que le tourisme a aussi de bons côtés. Si l’on a besoin de quelques jours de repos, Cachi est un merveilleux endroit.
Nous quittons Cachi comme nous y sommes entrés, avec des envolées de perruches toujours aussi criardes et aussi belles mais pas moyen de les photographier correctement.
Pour notre étape suivante, Cafayate, toujours dans les Vallées Calchaquies, nous empruntons la mythique « Ruta 40 ». Cette route, ici aussi, tient à sa réputation de « route infernale ». En fait de route, c’est une piste, un « ripio » comme on dit en Argentine, c’est-à-dire une piste de graviers -voire petits cailloux-, autrement dit ce sont des pistes où l’on « bouffe » de la poussière à n’en plus pouvoir.
Les choses commencent très sérieusement dès le début du parcours. Nous nous retrouvons dans un environnement caillouteux, poussiéreux à souhait et sur une piste pas bien large, qui n’arrête pas de tourner et ses virages sont plutôt serrés. Chouchou y va bon train avec le klaxon ! Nous suivons le plus souvent au plus près le Rio Calchaqui. Notre décor y va crescendo et, si nous avons les hauts sommets derrière nous, devant le paysage est vallonné mais plutôt calme. Pour le bonheur de Valérie les
cactus sont présents de place en place mais pas en grande quantité. Souvent apparaissent de petits hameaux ou de petites maisons isolées. Les constructions sont en adobe couleur naturelle, les toits sont également faits en adobe. Ces petites maisons sont très jolies et il y a toujours près de la maison le four à pain. Dès qu’il y a la moindre maison, il y a les piments qui sèchent et ces taches rouges sont bien jolies à voir dans cet environnement. La végétation est bien présente malgré la grande aridité ambiante, mais c’est une végétation de zone désertique : différentes sortes de cactées et caroubiers essentiellement. Au plus près du rio, c’est un peu différent et plus varié. Sur certaines collines, nous pouvons apercevoir des Chemins de Croix des plus sportifs ; il faut une grande forme pour les monter. Parfois nous voyons aussi de petites églises tout isolées et elles sont vraiment belles dans cet environnement désertique ; elles sont généralement bien situées et l’on peut les voir de loin.
Après quelques kilomètres, nous sommes déjà bien empoussiérés,
les yeux commencent à gratter, les cheveux deviennent raides et, au toucher, c’est comme de la ficelle. Nous aussi, comme le paysage, changeons d’aspect avec les kilomètres. Quand le « simple ripio » devient « ripio tôle ondulée », c’est Jules qui n’en peut plus. Tout bringuebale à l’intérieur. Il faudra faire bien attention en ouvrant les portes des placards car cela va être le grand bazar à l’intérieur.
La route continue, toujours avec beaucoup de cailloux, mais elle
s’agrémente de beaux massifs sombres dans des milieux plutôt verdoyants et ce sont les cactus qui nous font la fête. Parfois, ils bordent la route, ils sont beaux et très sains. Ils ont des piquants d’une grande longueur. Si grande que Valérie veut qu’on s’arrête pour faire des photos des piquants et c’est chose faite ! Parfois, dans ces zones de cactus, il y a aussi des caroubiers tout fleuris de rouge par des plantes parasites, pensons-nous ? C’est très beau.
L’arrivée au village de Molinos (altitude 2 020 mètres – 930 hab.) n’est pas une surprise. En effet, il se faisait voir de loin et il portait beau ! C’est aussi un village bien typique et colonial. C’est un peu Cachi mais en plus petit. Nous y avons fait notre halte déjeuner sur les marches de l’Eglise dans un environnement grandiose. Des enfants sont venus nous faire la conversation. Joli moment.
Bien requinqués, Jules bien reposé et bien refroidi, nous reprenons la partie avec la poussière ! Après quelques kilomètres, la nature nous la joue d’une autre couleur. Elle commence par nous servir une espèce de rose sur les roches, lesquelles se mettent à jouer la carte de la fantaisie dans les formes et, sauf si nous avons des hallucinations, nous avons l’impression de voir au-devant de nous des sortes de temples. Incroyable, non, la montagne nous sert des massifs avec des colonnes en avant-plan. Puis, plus nous avançons et plus ces massifs nous sont servis de couleurs plus chaudes, presque rouges, franchement du grandiose.
Le rouge, on ne s’en lasse pas, mais la nature décide autrement et alors nous nous retrouvons dans un environnement d’une blancheur éblouissante. Tout à changer : la piste toute blanche, recouverte de sable, mais fantaisiste tout de même, et c’est l’association sable/tôle ondulée, un vrai régal pour Jules… qui, tout de même, prend son pied à faire un maximum de poussière ! La piste se réduit aussi. Parfois nous devons passer entre deux masses rocheuses qui bordent la piste et alors il n’y a de la place que pour Jules ; un piéton et Jules c’est trop ! Mais, quelle grande beauté dans ces lieux. Les roches se permettent toutes les fantaisies, tous les culots ou alors elles ont beaucoup souffert ici…. Parfois dans cette blancheur, le rose réapparaît, c’est tenace le rose ici. Les massifs sont déchiquetés, dentelés, dentés, troués, vraiment des formes impressionnantes. De gros rochers sont posés sur les crêtes, de hauts pitons sont plantés ici ou là. La nature s’est vraiment déchaînée ici. Nous le redisons, du Grandiose !
Et puis, enfin si on peut dire, histoire de nous reposer un peu, la nature s’apaise, mais bien sûr ne se calme pas, ce n’est pas possible en Argentine le calme des paysages. Alors, elle nous ressert le rouge pour un petit moment. Ensuite, à l’approche de Cafayate, ce sont les vignes, rouges elles aussi, c’est l’automne ici, avec les hautes montagnes en arrière-plan. C’est aussi la fin de la piste et nous nous demandons si Jules est encore vivant nous ne l’entendons plus ! Ce parcours faisait 167 kilomètres, il nous a fallu la journée pour le faire. Et nous dans tout cela ? Eh bien, nous sommes empoussiérés au maximum, nous éternuons à n’en plus finir, la tête nous gratte, l ’intérieur de nos paupières à des allures de toile émeri…. Quant à Jules, il faudra beaucoup de temps pour venir à bout de toute la poussière qui est entrée partout.
Après cela, nous « courrons » au camping municipal de Cafayate que nous savons bien équipé et nous pouvons dire que nous avons apprécié ses douches si confortables avec de l’eau bien chaude et en grande quantité. Un très grand moment !
Cafayate – Altitude 1 700 mètres - 19 800 hab.
Cafayate est le portrait type d’une petite ville riche de province. La vigne fait sa richesse et celle de sa région. Les vignobles sont aux portes de la ville, les Bodegas (caves) aussi et les propriétés des viticulteurs sont de très belles et très grandes demeures. Une exploitation des plus moyennes fait 800 hectares. On parle de grandes exploitations aux environs des 3 000 hectares et plus….
La ville est coquette, spacieuse, touristique, avec de beaux édifices coloniaux, de beaux espaces verts, mais nous l’avons trouvée trop sage…. Et puis, nous ne nous sommes pas régalés au restaurant réputé de la ville, alors….
Nous faisons un bon dépoussiérage de Jules, et nous reprenons notre route en direction de Salta. Nous refaisons la route de la « Quebrada de Las Conchas » que nous avions déjà faite, mais dans l’autre sens. La refaire est un grand plaisir. Avant le départ, nous nous sommes dit que nous ne referions pas de photos car nous en avions fait beaucoup la première fois. Finalement, impossible de se retenir et nous en avons fait encore beaucoup et nous allons vous en servir encore quelques-unes. Cette route est vraiment merveilleuse (voir le récit à la date du 10/02/08). À l’approche de Salta, nous en finissons avec les vallées Calchaquies. Ces vallées sont de merveilleux endroits, avec des paysages inoubliables et variés, une population indienne pour qui la vie ne semble pas facile du tout. Ces populations vivent dans de beaux décors, certes, mais dans un tel isolement….
Message pour les voyageurs en camping-car : Ne manquez pas de faire les Vallées Calchaquies. Mais c’est vrai qu’il n’est guère possible de les faire à la saison des pluies qui peut aller de Décembre à Avril. Début Mai de cette année 2008, c’était encore juste pour les faire car les rivières étaient encore fortes et ici les rivières traversent les routes ou pistes... Nous avons rencontré des voyageurs qui ont dû faire demi-tour au tout début de Mai. A part l’eau, aucune difficulté majeure pour le camping-car dans ces vallées.
Dès que nous arrivons à Salta, aux environs de 13 heures, nous conduisons Jules au « Lavadero » pour se faire faire une grande toilette. Pendant ce temps, nous allons au restaurant et ensuite chez le coiffeur. Dans la soirée, nous sommes allés rechercher Jules et nous pouvons dire que nous ne l’avons pas reconnu et lui non plus d’ailleurs, ne nous a pas reconnu avec nos nouvelles têtes !
Salta (du 19/05 à la Saint Glinglin…)
C’est notre énième retour à Salta et nous ne nous en lassons pas. Notre retour ici est un passage obligé avant de prendre la route pour la Bolivie. C’est l’étape pour faire le plein de victuailles, les lessives, mettre tout en ordre avant l’aventure bolivienne.
Le lendemain de notre retour, nous allons en soirée dans une brasserie Wifi sur la grande place pour mettre le site à jour et…. les voyous d’Ali Baba sont arrivés, incolores et inodores, et nous ont piqué la sacoche de Chouchou qui, ce jour-là, contenait tous nos papiers. Mais….. Zorro, lui aussi, est arrivé six jours après et nous a rapporté tous ces papiers trouvés dans un bus nous a-t-il dit. Notre Zorro s’appelle Félix. Quand il a découvert les documents concernant le camping-car, il a tout de suite pensé que nous étions au camping et c’est là qu’il nous a rapporté nos papiers. Il nous les a rapporté un soir à 20 H 00 et nous avions notre avion pour Buenos Aires le lendemain matin à 6 H 45 ; il était grand temps….. De « mauvaises langues » (?) ont pensé que notre Zorro Félix était un des voyous d’Ali Baba… ? Nous avons tout de même vécu un moment de panique et nous avons eu tort car c’est tout de même beaucoup moins grave qu’une maladie ou un accident. Nous resterons à Salta jusqu’à l’arrivée de nos cartes de crédit qui nous seront envoyées de France. Il faut compter au minimum deux semaines. Ce malheureux événement n’entachera pas l’attachement que nous avons pour cette ville et sa population.
Nous reprenons notre villégiature à Salta, toujours en compagnie de Jean-Jacques et Marie-Hélène, et avec eux, Le 30 Mai, nous avons fêté l’anniversaire de Chouchou, alors à lui l’honneur !
Une courte période sans trop de touristes et puis à partir du 1er Juin cela a été de nouveau des allées et venues d’Européens parmi lesquels quelques Français et les "mondanités" ont repris. Nous avons eu beaucoup de plaisir avec, notamment, Géraldine et Yann qui voyagent avec un HY Citroën des années 60, appelé communément « Tube » mais rebaptisé Achille, mais aussi avec Corinne et Patrick et leurs trois petites filles. Eux voyagent avec deux véhicules : un camion sur lequel est installée une cellule et un 4X4 Suzuki. Avec eux tous nous avons passé de joyeux moments, notamment un bon et long déjeuner suivi d’un joli spectacle de danse présenté par les trois petites filles.
Bien que l’hiver soit tout proche (le 21 Juin), nous avons très beau temps, mais deux tenues sont nécessaires. Le matin et le soir, c’est pantalon et pull léger et dans la journée c’est short, tee shirt et tongues. Tous les midis nous déjeunons dehors.
L’on imagine assez bien que nombreux de nos lecteurs commencent à se fatiguer de Salta et qu’ils aimeraient bien visiter d’autres lieux, et notamment la Bolivie dont nous parlons depuis quelque temps, patience, cela arrive à petits pas mais cela va arriver pour de bon !