Camarones est un petit village de pêcheurs au bord d'une magnifique baie aux eaux d'un bleu profond. Les couchers de soleil y sont inoubliables. Comme souvent dans cette région, les villages ne présentent pas d'intérêt touristique en eux-mêmes, mais ils sont le point de départ pour la visite des parcs naturels. Nous sommes donc venus ici pour voir la Réserve Naturelle du Cabo dos Bahias. Pour y aller, nous devons emprunter un « ripio » de 30 Km, alors nous décidons de ne pas y aller avec Jules, mais avec Jim, pour ne pas avoir un grand nettoyage à faire au retour. La ballade sur cette petite piste en gravier avec de jolies collines dont Jim a avalé montées et descentes tel un Trial a été magnifique !

Nous avons été seuls toute la journée, mais nous avions tout de même la compagnie des guanacos, des nandus, des maras, des tatous, des lézards et bien sur aussi toute une gigantesque colonie de pingouins. Nous sommes restés parmi eux un temps infini comme si on voulait les regarder les uns après les autres. Ils y en avaient partout, énormément au bord de l'eau, mais il y en avait aussi disséminé sur les collines alentour, là où ils font leur nid. Beaucoup de jeunes, de la taille des parents, étaient en période de mue et perdaient leur duvet, ils été moches comme tout, les pauvres ! Ces petites bêtes sont stupéfiantes et quand elles se mettent à déambuler les unes derrières les autres, elles sont vraiment rigolotes. Quand les pingouins crient le son ressemble réellement au hi-han de l'âne et, chose curieuse, il n'y a pas de cacophonie et l'on a le sentiment de n'entendre qu'un âne. Cabo dos Bahia réserve aussi d'autres surprises comme ses paysages de mer d'un bleu si intense, fabuleux dans cet environnement désertique. On y voit aussi de superbes plages. Nous avons été émus et enchantés de cette journée.

Jim a été parfait et il a eu droit à une grande toilette au retour.

Et c'est avec entrain que nous reprenons notre chemin sur la route n° 3 pour aller tout droit (le chanter sur l'air de « c'est la marche des éléphants » !) jusqu'à l'embranchement de la route 281. Et là, le décor change complètement. Tout est désert, pratiquement plus la moindre herbe et pourtant il a quand même quelques moutons. La route est désespérément droite et l'horizon toujours aussi fuyant. C'est une route véritablement somnifère et pourtant on ne va pas s'endormir car c'est aussi une route où l'on pourrait avoir des hallucinations. En effet, là-bas, à l'horizon, ça brille sur le sol et là où sa brille on peut voir n''importe quoi. Tout d'un coup, nous y voyons un minuscule point noir, on se demande ce que c'est et puis le point se transforme en ligne verticale et plus on avance et plus cette ligne prend de l'épaisseur. On a pas encore compris de quoi il s'agissait et puis cela prend de plus en plus d'ampleur et tout d'un coup c'est vvvvvrrrrrroooouuuuuummmmmm, et Jules est tout secoué de partout. Finalement ce petit point, c'était tout simplement un gros camion ! Au bout de 126 Km on a fini par arriver à Puerto Deseado, na !


Cette petite localité bien balayée par le vent, elle aussi, est le point de départ pour la Réserve Naturelle Ria Deseado. Hélas ici nous n'avons pas eu de chance avec le temps. La pluie et le froid ne nous ont pas quitté dans cette ville. Nous avons tout de même fait notre ballade en « Zodiac » (3 heures), dans le canyon et avons vu pas mal de jolies bestioles dont les dauphins noirs et blancs, les cormorans gris aux pattes et bec oranges, et les cormorans noirs et blancs aux yeux cerclés de rouge. Mais ce beau décor naturel doit être magnifique avec soleil et ciel bleu... Malgré le très mauvais temps, nous sommes très contents d'y être venus.

Nous nous refaisons, sous la pluie, la n° 281 et ses petits points noirs et enfourchons, la plus fameuse encore, la n° 49, un joli petit ripio (vous vous souvenez, ce sont les pistes en gravier) pour nous rendre dans ce parc. Heureusement, sur ce ripio Dame Pluie a bien voulu nous quitter. Cette piste fait 50 Km et il nous a fallu 1 h 30 pour couvrir cette distance. Pauvre Jules, sa belle robe blanche...

La Patagonie est riche en fossiles et l'âme des dinosaures y plane partout. Le site que nous voyons aujourd'hui date de 150 millions d'années. Ici, il y avait à l'époque des fôrets d'araucarias géants qu'une activité volcanique intense a réduit en cendres et l 'érosion à fait le reste. Ce site se situe dans un décor de collines aux formes et aux couleurs très diversifiées. C'est un site où l'on découvre, en grande quantité, des troncs d'araucarias de 35 mètres de long et de plus de 2 mètres de diamètres. Mais aussi des  tronçons de troncs, des bûches que l'on pourrait prendre pour de vraies bûches en bois, et il y en a sur 60 000 hectares, c'est vraiment grandiose.

L'endroit est d'une beauté à couper le souffle. De plus, l'arrivée de ce paysage, en Patagonie sans surprise au fil des kilomètres, est tellement inattendue qu'on reste sans voix. Quand nous y sommes arrivés le ciel était clair et à la fin de notre visite, les gros nuages menaçants sont arrivés et ces couleurs sombres rendaient le site plus impressionnant encore. C'est tellement beau et tellement empreint de mystères qu'on se demande si l'on n'est pas en train de rêver. Journée grande émotion.


Nous faisons étape à Puerto San Julian, au camping municipal, très sympa et bien équipé. Nous y restons deux jours car il faut refaire une grande toilette à Jules. Sur ces pistes on ramasse des kilos de poussières et on en retrouve partout et longtemps. Ces nettoyages ne sont vraiment pas une partie de plaisir