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2 Juillet 2008

 

 

 

Nous voici, pour la dernière fois, à nouveau au Chili et y 

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entrons par ce « fameux » Paso Jama. Nous avons déjà décrit cette route que nous avons faite il y a quelques mois (Carnet de Voyage Chili, page 7). Les paysages, cette fois-ci, sont un peu différents car nous sommes en hiver. Les cimes au loin ne sont toujours pas enneigées, 3402_paso_jama.jpgmais il y a des traces de neige sur le bord de la route et un peu sur certains massifs exposés au sud. Ces plaques de blanc sur les massifs rougeoyant, le ciel d’un bleu si pur sont un régal pour les yeux et le volcan Licancabur que nous découvrons cette fois-ci alors que le soleil se couche voit la vie en rose.

 

 

 

Tard dans la soirée, nous arrivons à San Pedro de Atacama. Nous y bivouaquons sur la place. Il fait très, très froid…… (Carnet de Voyage Chili, page 7)

 

 

 

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Le lendemain nous reprenons la route pour Calama et nous nous y installons pour quelques jours (Carnet de Voyage Chili, page 7). Le temps y est chaud dans la journée, mais la nuit, les températures sont négatives, de l’ordre de -5°. Les duvets sont de sortie !

 

 

 

De Calama à Iquique (du 3 au 9/07/08)

 

 

 

Et là, c’est de l’inédit ! Une fois encore nous avons eu beaucoup de plaisir à passer quelques jours à Calama. C’est vraiment une ville joyeuse. Nous en sortons, et 

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sommes tout de suite dans le vif du sujet, ici, le désert. Même si cette ville est en plein désert, quand on y est, on en perd vite le sentiment, mais dès la dernière maison passée le sujet s’impose avec force. Le Désert d’Atacama a vraiment de multiples facettes et de multiples couleurs. Ici, c’est le blanc qui s’impose de façon presque uniforme. Les paysages sont légèrement vallonnés et alors la route est fantaisiste et quand elle est creusée dans ces vallons, elle est à perte de vue. Dans toute cette zone, on peut dire que ce désert est vraiment sans vie aucune. Les symboles de la vie les plus marquants sont2232_vers_tocopilla.jpg transmis notamment par les symboles de la mort avec les petits sanctuaires dédiés aux défunts de la route, mais aussi par les lignes électriques qui approvisionnent les mines de Chuquicamata. Sinon, pas la moindre particule de végétation, pas un seul oiseau ou autre animal, si ce n’est les mouches qui tournent dans Jules et que nous ramenons de Calama ; elles auront droit à une petite giclée de Raid ce soir. Ici, seulement le sable, la pierre et un grand silence troublant.

 

 

 

Le désert est raisonnable et il sait que s’il ne change pas de facette, l’intérêt qu’il présente devient moindre, 

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alors, il se met à changer et nous voilà avec d’immenses champs de cailloux, bordés de collines, tout autour de nous. Et les cailloux, le Scribe les adore, c’est presque la même passion que pour les cactus. Il faudrait s’arrêter à tout de bout de champ pour voir s’il n’y a pas un caillou particulièrement intéressant. Chouchou pense que nous avons bien 20 kilos de cailloux divers et variés dans Jules, mais, tout le monde le sait, il exagère tout le temps, celui-là !

 

 

 

Après tous ces beaux cailloux, une grande surprise arrive : le Rio Loa, pauvre Rio Loa, comment a-t-il pu résister à ce foutu climat et avoir encore un peu d’eau en 

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arrivant ici ? Ce Rio est l’un des rares dans ces 2000 kilomètres de désert à réussir à finir sa course dans l’Océan. Nous pouvons dire qu’il ne semble pas nerveux du tout, du tout, mais, malgré sa grande faiblesse, il apporte une réelle note de fraîcheur à cet environnement. Ensuite, cela change encore, c’est d’abord la composition des montagnes qui a changé ; elles sont constituées d’un amalgame de terre, gros rochers et cailloux et se resserrent petit à petit pour finalement border la route au plus près. Nous commençons le franchissement de la « Cordillera de la Costa » et cela grimpe mucho, mucho !

 

 

 

Certains passages sont très impressionnants. Les panneaux « chutes de pierres » ne2240_vers_tocopilla.jpg manquent pas sur la route et c’est vrai que l’on se demande si l’on ne va pas prendre quelque chose sur la cafetière ! De plus, nous approchons de l’Océan et les entrées maritimes sont bien là. Toutes ces brumes rendent l’environnement un peu angoissant. L’insolite non plus ne manque pas cette partie du parcours, avec arrêt de bus au beau milieu de nulle part, pas la moindre petite piste dans l’environnement et on 2239_vers_tocopilla.jpgse demande bien d’où viennent les gens qui prennent le bus dans ces endroits et où vont ceux qui en descendent ? Ensuite arrive une mine et quand il y a mine, il y a aussi voie ferrée et wagons mais surtout il y a les hommes, c’est bon de voir des humains dans cet environnement !

 

 

 

 

Puis, l’Océan approche et, au détour d’un virage, il est là et la ville de Tocopilla (23 350 habitants) est là aussi, bien coincée entre les montagnes et le port. Elle est bien, bien laide et bien, bien sale…. Et pour l’enlaidir encore plus, rien de mieux que la monstrueuse et hideuse centrale thermique installée dans la ville, laquelle a été construite pour alimenter2241_vers_tocopilla.jpg les mines de Chuquicamta. Dans le passé, Tocopilla a été un important exportateur de salpêtre. Aujourd’hui, l’activité minière de la ville est assez réduite. La ville se consacre aussi à la pêche et au guano. Il faut dire que toute cette partie de la côte, très déchiquetée, et grouillant d’îlots rocheux, fourmille d’oiseaux en tout genre comme : pélicans, mouettes, cormorans et bien d’autres, et qu’alors le guano ne manque pas et que le blanc s’affiche sur les rochers ; au soleil c’est superbe.

 

 

 

C’est par la côte que nous poursuivons la route, dommage, beaucoup de brumes. Malgré ces brumes, nous nous rendons bien compte que cette côte est très belle. 

 

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Parfois, nous la longeons et parfois nous la surplombons. Les massifs rocheux recouverts de guano sont extrêmement nombreux sur le parcours et sont vraiment d’un bel effet, même dans les brumes. Quelques petits villages bordent parfois les plages. Ils sont tous identiques : petites maisons de bois, le plus souvent sur pilotis, plus ou moins colorées. Nous n’imaginons pas un instant pouvoir vivre dans ces villages si coupés du monde et où, le plus souvent, l’eau est livrée par des camions-citernes.

 

 

 

Nous nous sommes arrêtés au petit village de « Pabellon de Pica » et c’est 2278_pabellon_de_pica.jpgtellement charmant que nous décidons d’y rester l’après-midi et d’y bivouaquer. Ce petit village, baie-port de pêche, a un charme fou malgré sa très grande simplicité. Une centaine de personnes y habitent et trois barques de pêcheurs agrémentent le port. Le petit « Centro Cultural », bien dans l’esprit de Malraux2280_pabellon_de_pica.jpg avec ses « Maisons de la Culture dans chaque ville », était fermé, quel dommage, on aurait aimé y entrer…. Le soir, nous avons eu un beau ciel bleu et avons pu voir le bel effet du guano sur les îlots rocheux. Nous avons adoré ce bivouac au son de l’océan et des cris des oiseaux de mer.

 

 

 

C’était vraiment charmant ce village, mais la route reprend. Quand nous quittons ce genre de bivouac, nous 

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sommes toujours un peu moroses car nous pensons que nous manquons quelque chose en n’y restant pas plus longtemps. Cela dit, d’autres curiosités nous attendent et la prochaine c’est la « chasse » aux tortues géantes que l’on doit mener sur la plage de « El Aguila », récemment déclarée « Sanctuaire de la nature ». La plage est immense en longueur et très large. Son accès se fait par une2289_playa_el_aguila.jpg piste de sable, mais bien tassé, heureusement car Jules déteste le sable. L’environnement est constitué d’énormes amas rocheux. Nous arpentons l’endroit dans tous les sens et…… nous avons vu de quoi rendre fous de joie tous les ornithologues de la planète, mais les tortues, non point, hélas…. On quitte l’endroit en se retournant fréquemment, pour le cas où…. Ce sera pour une autre fois !

 

 

 

Nous n’avons pas eu de chance avec les tortues, mais nous savons que nous en aurons avec les lions de mer. 

 

 

Quand on nous dit qu’il y a une « Loberia » quelque part, nous y 2314_puerto_patache.jpgallons presque toujours. Ces petites bêtes que nous adorons vivent toujours en grands groupes et dans de magnifiques endroits. La Loberia que nous voulons voir se trouve près du village de « Puerto Patache ». Ce petit village est lui aussi ravissant et plein de charme tout étalé sur le bord de sa plage très rocheuse, où, tout de même, les rochers donnent un peu d’espace pour de mini-criques. Le sol de la plage est très blanc, mais ce n’est pas du sable, ce sont des coquillages réduits en miettes par le temps et les vagues. Sur la plage, nous rencontrons une charmante dame occupée à arracher des algues pour les2313_puerto_patache.jpg faire sécher au soleil, c’est son gagne pain, nous dit-elle. Ici aussi, on ramasse les algues et le guano. Nous lui demandons où est la loberia, elle nous renseigne, nous dit que l’endroit est beau mais qu’il faut revenir la voir après, nous demande nos prénoms et nous dit qu’elle s’appelle Genenova. Promis, Genenova, nous reviendrons !

 

 

Nous cherchons longtemps et ne trouvons pas. Nous avions aperçu un peu plus loin une centrale électrique et nous décidons d’y aller pour nous renseigner. Le gardien commence à nous expliquer et puis sort une voiture qui vient vers nous et le chauffeur, renseigné par le gardien sur notre demande, nous dit de le suivre, il va nous conduire à l’embranchement de la piste. Ouf, on va les voir les petites bêtes ! Effectivement, ce n’était pas facile du tout à trouver.

 

 

La piste est très belle, vallonnée, rocheuse, le bleu de l’océan profond et nous avons de la chance, le ciel est bien bleu. Au bout d’un moment, nous laissons Jules, trop de sable, et nous continuons à pied. Nous marchons un bon moment et toujours rien et surtout pas de cri et pas d’odeur 2311_punta_patache.jpgalors que ces petites bêtes sont le plus souvent très bruyantes mais surtout très odorantes. Mais tout d’un coup, nous avons les narines frémissantes et alors nous savons que nous tenons le bon bout ! Encore quelques minutes dans les rochers et nous y sommes ! Il y en a partout sur plusieurs îlots rocheux et du haut en bas des îlots et dans l’eau ; c’est une orgie de lions de mers et ils sont magnifiques. La plupart sont alanguis, comme repus, parfois les uns sur les autres, d’autres cherchent à se faire remarquer, ou photographier (?), et c’est fait ! 

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Voir toutes ces petites bêtes c’est un vrai bonheur et l’on a le sentiment devant elles que l’on retombe en enfance. D’autres bébêtes (ça c’est l’enfance !) dans la place, l’endroit est riche et l’on y compte plus de 50 espèces d’oiseaux et mammifères. Nous avons aussi été impressionnés par tous les rapaces perchés sur les sommets des îlots et qui attendent leur pitance. Elle ne doit pas manquer ici, entre oiseaux et lions de mer, et à en juger par tous les squelettes des uns et des autres qui gisent aux pieds des rochers.

 

 

 

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Cet endroit est merveilleusement beau, serein et c’est un grand bonheur que d’y être et de le déguster comme nous le faisons et tout seul. L’endroit est très isolé et c’est tant mieux car il n’est absolument pas détérioré par l’homme. Une fois encore la nature nous montre du magique. Nous nous sentons immensément bien après avoir vu un tel endroit et c’est très difficile d’en partir car nous savons qu’alors le charme sera rompu....

 

 

 

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Après cela, comme promis, nous retournons voir Genenova dans son village. Nous la trouvons entourée de sa marmaille de cockers bébés, mignons comme tout et nous lui faisons un petit compte rendu de la balade et surtout lui disons le plus grand bien 2315_genenova.jpgde « sa » loberia dont elle est si fière. Genenova est un personnage rafraîchissant au look sympathique et quand elle nous demande si elle peut visiter Jules, nous nous faisons un grand plaisir de la faire entrer « chez nous » où elle ne s’exprime plus qu’avec des Oh et des Ah ; une fois de plus Jules biche comme un malade. Avant de partir, nous lui offrons un porte-clef Tour Eiffel et des cartes postales de Paris, alors, elle nous offre des sourires qui valent de l’or. Merci Genenova pour ce charmant accueil et comme on dit ici « que todo le vaya bien ».

 

 

 

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Après ce bol d’air frais, nous poursuivons notre chemin le long de l’Océan, puis après 2330 quelques kilomètres nous bifurquons dans la montagne pour visiter la plus grande  mine de sel à ciel ouvert au monde, la Mina Punta de Lobos,2330_le_salar_grande.jpg dans le Salar Grande. La route qui y mène grimpe très très fort à flanc de montagne et offre des paysages impressionnants sur l’Océan et nous finissons par arriver sur un grand plateau et là les paysages sont de teintes chaudes, très cuivrées. Quand le salar apparaît c’est le rouge-brique et le blanc qui font le décor. La mine s’aperçoit de loin avec ses montagnes de sel bien blanches. Nous nous y présentons, bien propres sur nous et comme toujours la bouche en cœur et demandons à visiter la mine et….. l’on nous dit non. Il 2321_vers_le_salar_grande.jpgfallait s’inscrire on n’a pas compris où et du coup nous sommes tout dépités et repartons bien frustrés, mais la balade a été très belle. Après quelques kilomètres dans le salar (il fait 45 kilomètres de long), nous faisons demi-tour et reprenons la même route ; elle est plus impressionnante encore en descente.

 

 

Après toutes ces visites, un temps de repos s’impose et nous nous rendons à Iquique, au bord de l’Océan, pour déguster à loisir notre temps libre !

 

 

 

Iquique – 165 000 hab. – (du 10 au 15/07/08)

 

 

 

Dès qu’on entre dans cette ville, on sent qu’on va l’apprécier et que c’est la bonne ville pour faire une étape de quelques jours.

 

 

Elle est construite dans une étroite bande de terre comprise entre l’océan et une chaîne de montagne dont certains sommets ont une hauteur de plus de 600 mètres, bande si étroite parfois que l’on pourrait penser que cette ville fut construite sur la plage. Une partie de la ville est collée à une gigantesque dune de sable, le « Cerro Dragon », la plus grande dune du monde en ville. Cette dune mesure 3,5 kilomètres de long et fait 175 mètre de hauteur. Elle est déclarée sanctuaire de la nature.

 

 

 

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Iquique et sa région ont été le berceau de l’industrie du nitrate et du salpêtre pendant de nombreuses décennies. Ces activités ont disparu aujourd’hui.

 

 

 

Les activités actuelles d’Iquique sont la pêche et la transformation des produits de la pêche. C’est le premier port mondial d’exportation de farine de poissons. Pour faciliter les exportations, une « Zona Franca » a été créée en 1975. Le tourisme aussi est une activité importante de la ville.

 

 

 

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La ville est très agréable et à tout ce qu’il faut pour être une ville balnéaire. Ses kilomètres de plages de sable blanc sont vraiment magnifiques et sont bordés de kilomètres de promenades très agréables. De plus, le climat y est très doux toute l’année et l’eau n’y est jamais froide. Dommage qu’en hiver le temps y soit souvent couvert une partie de la journée. Iquique est un paradis 2444_iquique.jpgpour les surfeurs. De grandes compétitions internationales  s’y déroulent chaque année. Il y a également des plages plus calmes pour la baignade. Le parapente fait également partie des plaisirs qu’offre la ville aux touristes et pour les joueurs, un beau casino les attend. Et puis, encore, il y a la « zona franca », nous y sommes allés mais n’avons pas trouvé grand chose d’intéressant au niveau des prix, si ce n’est la crème anti-rides Christian Dior du Scribe ; il n’y a même pas de cigarettes en duty free dans cette « zona franca », où va-t-on ?

 

 

La ville comporte une zone moderne, en front de mer, sans trop de tours, mais quand elles y sont, elles abordent allègrement les 30 étages. L’intérieur de la ville 

 

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est construit de petits édifices ou de petites maisons avec des quartiers plus ou moins beaux. Le plus beau est celui des années 1800 avec son secteur Baquedano, piétonnier, où les anciennes maisons de style Georgien, construites tout en bois, sont magnifiques ; les trottoirs aussi sont en bois. La place Arturo Prat est également bien pourvue en beaux édifices en bois, notamment le Théâtre, la Tour de 

l’Horloge et le Kiosque. Les 2366_iquique.jpgbanques  se partagent, en grande partie, le tour de la place dans des édifices plus beaux les uns que les autres, mais le Casino Espagnol, de style Arabo-Andalou, et le Club Croate (tous les deux cafés restaurants) ne sont pas en reste pour embellir cette place. Quand on se promène dans ce quartier, on ne doute pas un instant qu’ici, autrefois, la « Belle Epoque » a bien existé.

 

 

 

Le port est un quartier intéressant et bien dynamique. Les pêcheurs y vendent leurs poissons et nous en avons acheté. Leur présence attire non seulement les gens mais également les lions de mer et toute une cohorte d’oiseaux dont les plus nombreux sont les pélicans. Quand un pêcheur jette à l’eau les détritus du poisson qu’il a préparé, c’est la guerre dans l’eau ! Des petites criques de place en place dans le port sont des refuges où les lions de mer viennent se prélasser.

 

 

 

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Nous avons beaucoup aimé cette ville et pensons que c’est un bon endroit pour venir passer quelques semaines de vacances.

 

 

 

De Iquique à Arica (du 15 au 17/07/08)

 

 

 

Iquique, lorsqu’on la quitte pour franchir la Cordillera del Mar, nous offre de bien belles vues sur tous ces quartiers mais surtout sur sa magnifique dune de sable.

 

 

 

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Après quelques kilomètres de grimpette dans des beaux paysages sablonneux, nous nous arrêtons pour visiter les usines et la ville fantômes d’Humberstone. C’était 

un complexe d’extraction et de traitement du nitrate où travaillaient 3000 mineurs. Le 2492_salitrera_santa_laura.jpgsite date de 1862 et a fermé en 1960 à l’arrivée des produits de synthèse. Les usines aujourd’hui sont encore debout mais toutes rouillées. La ville se trouve tout près du site industriel ; elle est encore en assez bon état et l’on peut se rendre compte que ce devait être plutôt une jolie petite ville. En visitant ce genre d’endroit on ne peut s’empêcher d’essayer de l’imaginer vivant. Tout est ouvert et l’on peut entrer si on le souhaite dans l’hôtel, l’école, le théâtre, les maisons, la gare…. Tout au long de la visite, on est envahi par des 

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sentiments étranges et finalement, pour ce qui nous concerne, on en ressort sans savoir si on aime ou si on n’aime pas voir ce genre d’endroit, autrement dit, il y a comme un malaise….. Les autres villes fantômes que nous avons déjà vues ont été abandonnées parce que les mines étaient épuisées alors qu’ici, la ressource existe encore en grande quantité mais les besoins en nitrate et salpêtre sont aujourd’hui très réduits. Humberstone est classé au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’Unesco.

 

 

 

Après cette visite chez les fantômes, nous nous dépêchons d’aller à La Tirana où se fête la « Virgen del Carmen » et où, nous dit-on, il y aura beaucoup de monde et beaucoup de festivités. Cette fête est une des plus importantes du Chili. Elle attire, tout d’abord, beaucoup de pèlerins, mais aussi beaucoup de ballets de danseurs et de groupes de musiciens de tout le pays et des pays limitrophes.

 

 

Sur le parcours, bien des kilomètres avant d’arriver au 

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village, nous voyons un grand nombre de pèlerins aller à pied à la fête. Quand nous arrivons au village, c’est la grande effervescence. Nous sommes déviés et dirigés vers des stationnements un peu à l’écart du village. Alors, nous voyons d’immenses espaces de voitures, 

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matelas sur les toits, avec  un peu partout des tentes entourées de casseroles, de fil à linge et des tas de bric à brac, comme pour une rêve-partie. Il n’y a pas d’hôtel dans le village. Nous finissons par trouver un espace pour Jules et filons au village.

 

 

Le village : beurk, beurk et beurk, moche comme tout. C’est un village de 800 habitants et environ 230 000 

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personnes de plus pendant la fête. Les temps forts sont les 15 et 16 juillet, nous y sommes le 15. Très vite, nous sommes dans le vif du sujet avec les groupes de danseurs et la musique. C’est une orgie de couleurs, de costumes, de masques, de chapeaux emplumés, de tresses joliment enrubannées, de vierges costumées à tous les coins de rue et plus encore, portées par des hommes. Dans toutes les rues du village c’est la même chose. Tous les visiteurs eux aussi dansent et chantent 2540_la_tirana.jpgallègrement. Chaque groupe de danseurs à son propre orchestre ce qui donne une cacophonie musicale à en avoir les cheveux debout sur la tête. Bref, c’est la méga teuf et tout le monde danse et joue, jour et nuit, pendant 4 jours ! Dans l’église aussi, c’est la fête et l’on y danse et l’on y chante et de bon cœur ! De chaque côté de l’Autel de la Vierge se tiennent un homme et une femme auxquels les pèlerins donnent une sorte 2534_la_tirana.jpgde serviette, laquelle est passée sur la poitrine de la Vierge et fait ensuite le signe de croix puis est redonnée aux pèlerins. Et il y a foule devant l’Autel. En Amérique Latine, nous avons presque toujours vu, dans les églises, les personnages de la Bible, vêtus de costumes de cérémonies. Ici, nous pouvons voir en plus, la garde-robe avec toute la collection, présentée dans une armoire vitrée.

 

 

 

 

Un après-midi passé ici nous a suffi et nous n’avons pas envie de rester bivouaquer dans ce village avec toute cette foule, alors nous filons vers Pica.

 

 

 

Nous y parvenons après avoir parcouru un désert d’une platitude encore pas vue jusqu'à présent, pas le moindre caillou pour faire désordre et avec un horizon toujours plus fuyant. Nous avions le sentiment de rouler sur une plage. Plus loin, l’horizon est enfin borné et par du vert, c’est l’approche de la petite oasis de Matilla. Nous la traversons et quelques kilomètres après, nous sommes à Pica.

 

 

 

 

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Pica, 1350 mètres d’altitude et 2650 habitants, est une magnifique oasis dans ce grand désert. Un peu avant d’entrer dans le village, on se retrouve sur une route bordée2612_pica.jpg de champs d’orangers bien garnis. C’est de la magie, nous sommes éberlués de nous retrouver, tout d’un coup, dans un espace aussi verdoyant et d’un vert bien pimpant. Pica, c’est 250 hectares de terres irriguées plantées d’arbres fruitiers qui produisent oranges, pamplemousses, citrons, mangues, goyaves et dates. Les petits citrons verts de Pica sont réputés dans tout le Chili. Ce 2619_pica.jpgsont les meilleurs pour préparer le Pisco, boisson nationale faite à partir de la distillation d’un vin de muscat et titre 35°. Le secret pour faire un bon Pisco : mélanger 1/3 de Pisco, 2/3 de jus de citron et sucrer selon son goût. Une petite recette en passant ! Dans certaines rue du village, sont installés des étalages avec tous les fruits du cru ainsi que des confitures faites par les habitants.

 

 

 

Se balader dans les rues de ce village est très agréable. C’est le plus verdoyant de tous les villages que nous avons vus. Dans les jardins et patios, d‘énormes bougainvilliers tout en fleurs et la place du village a plus des allures de forêt tant elle est pourvue en arbres. Une église un peu massive, à tel point qu’il n’y a pas moyen de la prendre en photo, borde un côté de la place. Nous y sommes entrés et avons été étonnés par la représentation de la Cène, grandeur nature, qui est faite à l’entrée de l’église. Et là encore, nous avons pu voir que les personnages sont tous habillés et non peints comme chez nous. Nous pouvons voir également le drapeau de la nation dans les églises.

 

 

 

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Des piscines naturelles, avec une eau à 30° existent aussi à Pica. Malheureusement, elles étaient fermées à notre passage.

 

 

 

L’eau de Pica provient de quelques nappes souterraines et des montagnes. Le grand souci aujourd’hui pour ce village, c’est que de plus en plus d’eau est captée dans la Quebrada de Quisma, toute proche, où arrive l’eau des montagnes, pour être distribuée aux villes côtières. La désertification est en marche à Pica.

 

 

 

Nous quittons ce charmant village et faisons un détour pour voir ce qui se passe sur la Quebrada de Quisma et dans son hameau qui la surplombe. Là, c’est un autre décor puisqu’il y a ce grand 2620_pica.jpgravin mais tout est aussi verdoyant qu’à Pica. C’est la petite église toute blanche qui se fait voir en premier et qui annonce le hameau. Là encore, de bien belles plantations d’arbres fruitiers, mais les habitations sont des plus rudimentaires et la vie de doit pas être facile ici. Au cours d’un petit tour sur la piste du village, un charmant vieux  monsieur est venu nous faire un brin de causette entouré de ses quatre chiots. Tous les cinq étaient bien touchants. 

 

Ensuite, nous apercevons une dame dans son verger et lui demandons si nous pouvons acheter des fruits et la réponse est oui. Du coup, nous 2626_pica.jpgrepartons avec 5 kilos d’oranges et 3 kilos de pamplemousses vraiment très bien pesés et tellement peu chers (à peine 5 Euros le tout). C’est la première fois que nous mangeons ce genre de fruits alors qu’ils viennent d’être cueillis. Nous en avons mangé un de chaque sur le champ, délicieux et tellement juteux !

 

 

Bien rafraîchis pendant ces deux journées dans la verdure, nous sommes repartis allègrement vers notre désert pour des étapes culturelles. Dans toute cette zone du Désert d’Atacama un important héritage culturel précolombien de Tribus indiennes est présent sous forme de géoglyphes présents en grand nombre et sur de grands espaces.

 

 

 

Nous commençons notre circuit par les géoglyphes de la « montagne peinte » à Pintados. L’accès s’y fait par une 

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piste de quelques kilomètres dans un environnement d’abord sans aucun relief, puis au fur et à mesure que nous avançons, nous entrons dans le monde du chaos. D’un côté nous avons la montagne qui semble bien épuisée et à ses pieds des amas de rochers et cailloux et, de l’autre côté, le sel à perte de vue. On a le sentiment dans ces espaces de sel que le 

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sol bouillonne tant il a de relief, l’endroit est magnifique mais pourrait générer l’angoisse. Les couleurs y sont chaudes Dans cet endroit, il y a une grande quantité de géoglyphes sur les montages. On peut en voir sur un parcours de 4 kilomètres et sur 50 000 mètres carrés ; 964 panneaux représentants humains, animaux et toute une série de dessins géométriques et abstraits. Certains panneaux atteignent des tailles énormes. 

 

Sur ce site, les géoglyphes sont 2661_geoglifos_de_pintados.jpgfaits, à la fois, par la technique dite du « grattage » qui consiste à retirer une couche superficielle de rouille de roche, ce qui permet de produire un dessin clair sur fond obscur, et par la technique « d’addition » qui consiste en une accumulation de pierres foncées sur fond clair.

 

 

 

Personne aujourd’hui n’est en mesure de connaître la signification exacte de ces dessins mais tous s’accordent à reconnaître la grande esthétique qui caractérise ces ensembles. Certains spécialistes pensent qu’une des significations possibles pour certains dessins, serait qu’ils servaient de bornes ou de signalisations pour les nombreuses caravanes qui traversaient le désert. D’autres dessins seraient peut-être des emblèmes tribaux ou des symboles mystiques. Certains ressemblent fortement aux lignes de Nazca au Pérou. Ces géoglyphes auraient été réalisés entre 400 ans avant JC et 1400.

 

 

 

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Un panneau nous annonce le début du site, alors nous laissons Jules et partons faire notre exploration à pied. Très vite, nous apercevons les premiers panneaux, ils sont gigantesques, occupent chacun tout un pan de 

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montagne. Nous sommes complètement subjugués, on peut même dire sous le choc. Un grand nombre de ces dessins sont parfaitement lisibles et sont d’une très grande variété et il faut du temps devant chaque massif pour être sur de ne pas en avoir manqué un, bien que certains, en haut des sommets soient plus difficiles à lire. Nous passons ainsi de massif en massif, à l’aller, 2666_geoglifos_de_pintados.jpgcomme au retour. Quand notre boucle est bouclée, nous sommes comme abrutis par le poids du mystère qui pèse sur nos épaules. Quel dommage de ne pas en savoir, ne serait-ce qu’un tout petit peu sur l’histoire et la signification de tous ces messages. C’est dans ce genre d’endroit, que nous réalisons à quel point nous avons de la chance de pouvoir voir des lieux comme celui-ci qui génèrent le bonheur et conduisent à une certaine méditation.

 

 

 

Nous avons pris goût aux géoglyphes et c’est fébrilement que nous quittons ce bel et mystérieux endroit pour atteindre le « Géant d’Atacama ». Une autre surprise nous attend quelques kilomètres plus loin : nous entrons dans la forêt, alors que nous sommes dans les plus longs salars du désert. C’est la « Reserva Nacional Pampa del Tamargal. In-cro-ya-ble ! Cette forêt qui couvre une superficie de 102 000 hectares est artificielle. Mais, des 2713_la_pampa_del_tamarugal.jpgforêts existaient bien dans le passé dans certaines parties du désert. Pour les besoins des mines, les hommes avaient pratiquement détruit ces forêts. Le gouvernement chilien entama alors une vaste campagne de reboisement de ces zones, la première fois en 1925 et la seconde fois en 1960. Aujourd’hui on peut dire que cette forêt est belle mais surtout inattendue. L’arbre qui y pousse est le Tamarugo. C’est un arbre qui vit très bien sur les terres salées et qui a très peu besoin d’eau. L’arbre peut atteindre 15 mètres de haut et faire un mètre de diamètre. C’est un bel arbre, bien touffu car sa ramure commence dès qu’il sort du sol. C’est impressionnant de voir ces arbres sortir de ce sol ou blocs de sel, sable et cailloux sont les maîtres des lieux.

 

 

 

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La forêt nous lâche et quelques kilomètres après, nous trouvons notre piste pour voir le fameux géoglyphe, le « Géant d’Atacama ». C’est une très jolie piste toute bordée de hautes dunes de sable et des massifs montagneux à l’avant. Nous contournons en partie un massif, le Cerro Unita, mais nous ne voyons rien. Nous faisons demi-tour, stationnons Jules et faisons le tour de l’autre côté et là, nous le trouvons le Géant : il est magnifique. Ce géoglyphe mesure 86 mètres de hauteur, c’est le plus grand de la préhistoire. Il est sur un massif pas très haut et sa tête se termine au ras du haut du massif. Les spécialistes pensent qu’ils a été réalisé 900 avant JC. Il est entouré, sur un côté, d’autres géoglyphes abstraits. Là encore l’endroit est merveilleusement beau.

 

 

 

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Après tout ce sable du désert, allons voir si le sable de l’océan est aussi envoûtant ! Alors à nous Pisagua !

 

 

La dernière partie de la route qui mène à ce village est vertigineuse et impressionnante. Elle descend, on peut le dire « à fond la caisse », n’arrête pas de tourner et est à flanc de montagne. Les ravins sont à couper le souffle et Valérie n’en mène pas large, elle a le vertige. C’est tel, qu’au bout d’un petit moment, les freins avaient tellement chauffés, que cela sentait très mauvais. Valérie très angoissée…. Quand la mer commence à ne plus être trop loin, nous sommes envahis par les brumes ce qui n’arrange rien pour Valérie, encore plusssss peur, la grosse….. et enfin le village apparaît bien bas, tout au fond, tout minuscule, ce qui veut dire encore quelques kilomètres de descente. Enfin on y arrive, ouf et ouf.

 

 

 

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Pisagua (400 habitants) est un joli village vu d’en haut, d’en bas, c’est une autre histoire. Ce village isolé est 

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construit sur une plaque rocheuse au pied d’une très haute falaise. Autrefois, à la belle époque du nitrate, c’était un port d’exportation important. Aujourd’hui, les restes de cette belle époque sont encore visibles mais dans un tel état de délabrement qu’il vaudrait mieux qu’il n’y soient pas, si l’on pense 2767__pisagua.jpgà tous les gens qui doivent vivre dans cet environnement (c'est un avis personnel)… Comme belles « ruines », il y a notamment le théâtre, la gare, l’église, quelques maisons de maîtres etc… Tout cela a dû effectivement être très beau et dommage que les moyens manquent pour préserver tout cela.

 

 

 

Aujourd’hui, Pisagua est un bie2793__pisagua.jpgn calme petit port de pêche. Les maisons habitées sont plus que rudimentaires, mais la population est bien joyeuse et nous avons reçu un très bon accueil ici. Des enfants sont venus nous voir au bivouac, ont voulu visiter Jules et nous ont demandé des cadeaux. Nous leur avons donné des oranges de Pica.

 

 

 

Pisagua a aussi un émouvant et lourd passé de l’époque Pinochet. En effet, ses opposants étaient envoyés ici. Après son « règne », un charnier à été découvert dans les falaises.

 

 

 

Nous avons passé un après-midi et une nuit ici. L’environnement de Pica est magnifique. Même si Pisagua est vraiment loin de tout, il ne faut pas hésiter à y venir et la route est tellement belle….

 

 

 

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Le sable de l’océan est beaucoup moins envoûtant que le sable du désert.

 

 

Le lendemain matin, nous reprenons cette belle route et elle grimpe très très dur et Jules est à 15 km/h pour un bon moment, mais on fini par en avoir le bout ! Après, 

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c’est tout plat un bon moment et nous arrivons à la piste qui conduit au hameau verdoyant de Tiliviche. Là encore, ce n’est pas triste. Par moment, on se demande si Jules n’est pas trop large pour la piste, la trouille est dans l’air dans Jules une fois de plus ! Enfin on y arrive. Pas un chat dans ce hameau et on ne sait pas trop ou aller pour trouver les géoglyphes. Rien n’est indiqué. On cherche un moment, mais on ne trouve pas. Dommage, il y a ici un géoglyphe de 2000 mètres carrés qui représente un troupeau lamas regardant un homme. Nous sommes bien tristes de quitter l’endroit sans avoir vu ce géoglyphe.

 

 

 

Une fois encore, c’est vers l’Océan que nous poursuivons notre route et nous allons franchir à nouveau la Codillera 

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de la Costa. C’est une succession de plateaux et de montagnes dans un environnement sablonneux et caillouteux à souhait. Au bout d’un moment, une gorge profonde et étroite apparaît, mais ne semble pas être le lit d’une rivière. Ensuite c’est le Rio Camarones qui surgit et nous  sommes étonnés de voir comment il peut être encore fringuant après toute sa course2895_vers_arica.jpg dans le désert. La gorge s’élargit et finit par se transformer en petite vallée. La place est prise d’assaut par la culture et ce sont arbres fruits et légumes qui profitent de cet environnement. C’est vraiment surprenant de voir de beaux carrés de plans de tomates entourés du désert. Nous suivrons c e rio jusqu’à Arica, notre dernière grande ville chilienne avant la frontière bolivienne.

 

 

 

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