La frontière, Poste du Christ Rédempteur (25/02/08)
Qu’ils sont beaux mecs ces douaniers chiliens, la trentaine, grands, bien bruns avec l’uniforme qui leur donne une belle prestance, Miam-Miam ! Pour leurs toutous, c’est aussi très bien. Ce sont de beaux labradors très clairs qui portent aussi un adorable petit uniforme sur le dos, vert bronze à liseré safran et agrémenté de l’écusson des douanes. C’est d’un chic ! Après les formules de politesse d’usage, ils nous demandent d’ouvrir tous nos coffres extérieurs et y font renifler les toutous qui ne s’attardent pas. Ensuite, on passe à l’intérieur… Les toutous d’abord et ils s’étalent ou plutôt se vautrent carrément, sur les coussins des sièges, mais on a quand même envie de leur caresser le dos, reniflent encore de bon cœur et laissent les traces de leurs papattes sales sur les coussins. Nous n’avons pas aimé du tout ça…. Ensuite c’est trois douaniers qui passent les uns après les autres inspecter Jules sur toutes les coutures et ils font même descendre le lit, regardent dedans et sous le matelas. Quelle inspection, cela a duré deux heures. Nous n’avons pas été impressionnés pour deux sous car nous étions cleans, mais Jules, lui, était sans dessus-dessous.
Ces deux heures perdues, nous ont fait faire la descente de l’Aconcagua alors que le soleil, lui aussi, commençait la sienne. Nous refaisons les 29 virages en 8, toujours aussi spectaculaires, mais ils se font facilement car ils sont très bien tracés et ont beaucoup d’ampleur. Très vite nous sommes revenus à des altitudes plus clémentes et au fil de la route, les brumes s’estompent et la chaleur est là. La route de ce côté-ci de l’Aconcagua est aussi très belle et suit le Rio du même nom.
Nous entrons dans la région nord du Chili. La partie nord de ce pays se divise en deux : « le Norte Chico » et le « Norte Grande ». Le premier commence dès Los Andes et va jusqu’au « Pan de Azucar ». C’est une région intermédiaire avant les grands déserts du « Norte Grande » composée de vallées verdoyantes et de déserts arides. C’est aussi une région riche de mines (principalement argent, cuivre et fer). Dans cette partie du pays on n’en compte pas moins de 10 000 et la région, vue du ciel à des allures de gruyère. Un autre atout de cette région c’est sa côte Pacifique qui, avec une vraie stabilité climatique, attire beaucoup de touristes. Le « Désert fleuri » est aussi dans cette région, mais le phénomène ne se produit pas souvent.
Ensuite, le « Norte Grande » prend le relais jusqu’à la frontière péruvienne. C’est également une région riche de précieux minéraux et de nitrates. C’est la région du Chili la plus visitée en raison de ses paysages de hautes montagnes et de son littoral qui attirent les surfeurs du monde entier. Cette région est la plus riche du pays.
Après cet intermède, nous refaisons un bout de la route que nous avions faite lorsque nous sommes passés du Chili à L’Argentine, l’an passé, puis nous la quittons pour remonter vers le nord. Notre objectif est d’aller faire une petite pause au bord de l’Océan, à La Serena, dont les Chiliens sont friands pour leurs vacances d’été.
Nous suivons toujours la Vallée de l’Aconcagua qui nous permet d’avoir des paysages verdoyants et d’importantes zones de cultures diverses tout en traversant de petits hameaux ou villages quand ce ne sont pas des petites maisons isolées. Ici, il y a du chemin à faire pour faire ses courses, mais bon, on peut avoir ses salades dans le jardin !
Un peu avant la zone côtière, les paysages deviennent beaucoup plus arides et se sont souvent les champs de cactus qui décorent notre route. Un peu plus loin, le ciel se charge de nuages et l’horizon est brumeux. La mer n’est pas loin ! Nous remontons un moment la côte et nous retournons dans les terres pour faire un circuit conseillé qui nous conduira à Ovalle. Les paysages sur ce circuit sont un peu vallonnés mais toujours bien arides et le cactus y fait loi. Puis, le Rio Limari est là et tout change incroyablement. On retrouve un ruban vert encaissé, mais sur les talus les cactus ne lâchent pas le terrain. Ledésert est le maître ici et c’est très beau. Au cœur de cette zone se trouve la petite ville d’Ovalle (66 000 hab.), dont la vocation première est bien sûr l’agriculture. Elle alimente tout le grand nord du pays en légumes et en fruits. Elle est plutôt pimpante avec toutes ses petites maisons colorées à flan de colline, sa grande place centrale bien arborée et son église jaune soleil.
Très vite, le vert lâche la route et nous retrouvons le désert, ses cailloux et ses cactus tout en nous approchant de La Serena. Nous sommes émerveillés par ces apparitions soudaines de végétation bien vertes et de l’océan si bleu, quel contraste et comme c’est beau et rafraîchissant.
La Serena - 150 000 hab. (26 et 27/02/08)
La Serena est la deuxième plus ancienne ville du Chili. Elle fut fondée en 1544 et vite détruite, brûlée, par les indigènes qui n’acceptèrent pas que les Espagnols s’y installassent. (Le scribe se permet de penser qu’ils ont bien fait….) Elle connut bien d’autres destructions et reconstructions dans son histoire. La ville, telle qu’elle est aujourd’hui, de style néocolonial, résulte de la volonté, en 1943, du dictateur Jorge Gonzalez Videla, natif de la ville.
La ville et sa région sont riches. Tout d’abord grâce à toutes les ressources minières, dont les principales : l’or, l’argent, le cuivre, le fer, le manganèse, mais aussi des carbonates et des pierres semi-précieuses. L’agriculture et la pêche participent également au développement économique local, de même que le tourisme. La Serena, est en effet, une ville balnéaire importante et durant les mois d’été (Janvier et Février), c’est la grosse cohue. Il faut dire qu’il y a ici de quoi faire, sa plage fait pour le moins une bonne quinzaine de kilomètres et il y a ce qu’il faut tout au long comme logements. Dommage qu’elle soit copiée sur le modèle de la Costa Brava, mais tout de même en moins grave car les constructions ne dépassent pas six étages et ne sont jamais collées les unes aux autres.
Quant à la ville, son accès est une large avenue équipée de contre-allées arborées conduisant dans le centre. Ce centre nous surprend un peu avec toutes ses rues pavées, carrelées ou il n’y a pas de différence de niveau pour les trottoirs qui sont séparés des voies de circulation par des boules métalliques. Tous les bâtiments sont sensiblement de la même hauteur avec des façades garnies de frontons et autres ornements de toits, de balcons bien ouvragés et le fer forgé s’impose à bien des fenêtres et à tous les lampadaires, bref, du néocolonial. La grande place centrale « Plaza de Armas », est belle, grande, bien arborée, avec une fontaine en son centre, fontaine un peu massive…. La ville ne compte pas moins de 29 églises… Re-Bref, cette ville, si propre, si bien rangée, si organisée, avec de beaux et très beaux édifices, et par-dessus le marché sans que l’on y voie le moindre signe d’installation électrique aérienne (rare, très rare pour le continent ! ), nous a semblée sans saveur et sans odeur, mais peut être avions-nous perdu le goût, l’odorat et aussi la vue dans le désert qui a précédé notre arrivée dans cette ville…
Finalement, nous quittons très vite La Serena car nous préférons faire un séjour dans un endroit moins sophistiqué et surtout moins aseptisé.
Dans l’environnement de La Serena se trouvent également deux observatoires de recherches astronomiques, tous deux à la pointe du progrès, l’européen à La Silla et l’Américain à Las Campanas. L’américain est doté d’un miroir de 6,50 mètres de diamètre. Nous ne les avons pas vus car il faut réserver deux mois à l’avance pour les visites et elles ne se font pas tous les jours. Nous espérons en voir dans le nord, vers San Pedro de Atacama.
Un petit bout de chemin sur la côte avec de belles vues sur l’océan et nous réintégrons les terres avec toujours un paysage désertique, mais cela ne nous gêne pas, tous les deux, sommes des fous de déserts.
Et puis, nous l’attendions et elle est là, la « Cuesta de Buenos Aires ». C’est 10 kilomètres de bonne grimpette, pauvre Jules, et la route se dévoile au fur et à mesure que l’on roule car nous voyons toujours la côte à venir au-dessus de nous et ainsi de suite. Les paysages y sont très beaux. La montagne commence avec des couleurs un peu ternes et foncées, et un peu de végétation, puis cela s’éclaircit et pour finir cela devient presque rouge et la végétation a disparu. Très très belle côte, nous nous sommes régalés.
Pour nous remettre, nous nous arrêtons dans un petit resto de route, au milieu de nulle part. Au menu c’est seulement sandwichs, mais Valérie aperçoit des œufs sur une table et demande s’il est possible d’avoir des œufs au plat.
Eh bien oui ! donc ce sera œufs au plats et sandwich jambon-fromage, Miam-Mian. Le pain était divin alors Valérie a demandé à la dame « qui fait le pain » ? et bien sûr, c’était elle.
Alors nous lui avons demandé de nous en vendre un peu. C’est incroyable de voir qu’il y a toujours un petit resto ou un petit hôtel (posada) sur ces routes désertes. Nous étions seuls dans notre petit resto.
La vallée du Rio Huasco se présente et nous voilà de nouveau avec un beau ruban vert sur un côté de la route. Cette vallée est assez fertile et ce sont des oliviers et de la vigne pour un petit bout de route. Les olives de cette région sont très appréciées et son petit vin doux aussi. La culture se fait sur des parcelles étroites et longues, lesquelles parcelles sont séparées par des « haies » très hautes de toile type moustiquaire, pour être protégées des vents violents de la région. Dans les extrémités ce sont des haies de plantes aux piquants qui font froid dans le dos, tant ces piquants sont longs et semblent agressifs. L’activité minière est intense tout autour de cette vallée et ne fait pas toujours le bonheur des agriculteurs….. Beaucoup de petits hameaux dans cette portion de route, hameaux aux maisons couleurs « flashies ». On n’hésite pas ici et les rouges, les jaunes et les oranges sont de sortie ! C’est d’un bel effet dans ces zones si arides.
De la Vallée de Huasco, nous passons à la ville du même nom. C’est une petite ville portuaire de 6 500 habitants. Son activité portuaire, avec le transport des minerais, et le tourisme sont ces principales sources économiques. La ville, sans grand intérêt si ce n’est son église moderne très originale, en forme de proue de bateau, est située au bord d’une grande et très belle plage. Nous y avons bivouaqué et pour nous tenir compagnie, nous avions toute une horde de pélicans. Ils sont en très grand nombre ici et ils sont vraiment très gros, au moins aussi gros que les oies chez nous. Leur activité pêche marchait bien et les voir décoller et amerrir était assez amusant, ce qu’ils sont poussifs et lourdauds dans ces deux activités.
De Huasco, nous nous dirigeons vers Copiapo avec un désert qui change un peu et présente plus de paysages vallonnés que de paysages plats et plus garnis en végétation.
Copiapo – 126 000 hab. – 400 mètres d’altitude (29/02/08)
Copiapo, la « Valle Verde », comme on dit ici, et pourtant de tous côtés, les abords de la ville sont bordés de massifs montagneux dont les moindres failles sont envahies par le sable. Mais cette ville est si bien arrosée par le rio du même nom que l’on peut y voir des arbres massifs et bien denses en feuillage. C’est un bain de fraîcheur de se promener sur sa belle et grande place centrale. La ville est accueillante, on s’y sent tout de suite bien. Dans le passé, Copiapo a connu la « ruée de l’or », au XVIIIe siècle, puis la « ruée de l’argent » dans les années 1830. À cette époque s’est développé le chemin de fer pour le transport des minéraux. D’ailleurs, depuis la Serena, une voie ferrée étroite suit aussi la route et des trains avec wagonnets bien chargés de minerai et fumant bien noir sont très présents sur notre parcours. Cela fait très far west. Aujourd’hui, les principaux minéraux extraits dans cette région, sont le cuivre, le fer, la baryte, le marbre et un peu l’or. L’agriculture, avec la vigne et les oliviers, ainsi que le tourisme participent également au développement économique de la ville. Nous avons passé un agréable moment dans cette ville et nous y avons rencontré quatre français sur un trottoir et avons jacassé un bon moment.
C’est à Copiapo que commence physiquement le désert d’Atacama. Ce désert est le plus aride du monde. Il a une longueur de près de 2 000 kilomètres et va jusqu’à la frontière péruvienne. Il se divise en trois parties : désert côtier, le désert absolu entre 1 000 et 2 000 mètres d’altitude et le désert altiplanique.
Nous quittons Copiapo accompagnés par la vallée verte pendant quelques kilomètres tout en ayant au plus près des massifs recouverts de sable ou des dunes de sable. C’est magnifique. Puis, nous arrivons dans une zone absolument désertique, plus rien du tout et, au fil de la route, les massifs disparaissent pour nous laisser dans un environnement sans relief et bien plat. Dans cette partie, se trouve, complètement isolé, l’aéroport Desierto de Atacama, c’est assez surréaliste. Nous nous sentons vraiment tout petits dans cet environnement…
Nous retournons ensuite sur la côte, nous cherchons toujours notre endroit de rêve pour passer quelques jours de vacances, il y a longtemps que nous n’en avons pas eues ! À l’Office du Tourisme de Copiapo, de gentilles demoiselles nous ont dit beaucoup de bien de Bahia Inglesa, alors nous y allons !
Bahia Inglesa – 135 hab. (du 29/02 au 9/03/08)
Tout d’abord, la ville tient son nom des flibustiers anglais qui se réfugièrent dans sa baie à l’époque coloniale. C’est effectivement ici que nous restons pour passer une petite période de vacances tant l’endroit est magnifique, magique. Nous allons même faire une lune de miel car Bahia Inglesa suscite avant tout le romantisme.
Évidemment tout est petit ici. D’abord la ville avec une rue qui longue la mer et quelques petites rues à l’arrière mais c’est tout. Il n’y a pas d’église, pas de commerce, sauf une mini-épicerie mais tout de même pas mal achalandée, un kiosque à journaux-tabac (ouf) et c’est tout. Côté hôtels il y en a quelques-uns mais c’est surtout les cabanas (très petites maisons de vacances en forme de A) qui tiennent le haut du pavé et elles sont bien intégrées dans l’environnement, quelques restaurants-cafés et une boîte de nuit bien à l’extérieur de la ville et le tour est joué. Bahia Inglesa est très appréciée et très courue par les Chiliens et ils ont bien raison. La ville n’est absolument pas défigurée par le tourisme qui y vient en grand nombre en Janvier/Février. Côté plages, c’est l’extase. On a le choix entre grandes plages de sable blanc ou petites criques rocheuses aux eaux turquoises, mais un peu fraîches, et le désert étalé tout autour. La ville est installée devant ces criques. Le temps ici est divinement beau, un ciel d’un bleu soutenu, une température très chaude dans la journée, mais dès que le soleil se couche, à 20 H 00 en ce moment, on peut presque dire qu’il fait un froid glacial. Nous nous y trouvons au début de la basse saison et c’est tant mieux car il n’y a pas beaucoup de touristes. Nous avons adoré l’endroit. De beaux oiseaux, si expressifs, au camping, dommage, nous n’en connaissons pas le nom…
Dans cette région, il n’a pas plu depuis plus de onze ans. Pourtant, l’eau coule avec force aux robinets et les jardins sont fleuris, alors nous nous sommes renseignés sur la provenance de l’eau. L’eau ici vient en partie du rio Copiapo et de nappes souterraines. Il n’y a aucun problème d’eau dans cette région nous a t’on dit.
Bien difficile une fois de plus de quitter un endroit où l’on se sentait si bien. Mais l’appel du désert est là et il est fort alors, nous y allons. C’est le désert côtier qui nous attend et il est bien beau ce désert avec ses couleurs en harmonie avec le bleu bien soutenu du Pacifique. Après un bout de route, nous prenons une petite piste en bon état qui nous conduit au « Santuario de la Naturaleza Granito ». C’est un endroit où l’on peut voir d’énormes masses granitiques au bord de l’eau ou dans l’eau. Tout l’environnement de cet endroit n’est qu’une vaste surface chargée de rochers de toutes les tailles et de toutes les formes avec autour de grandes dunes de sable.
Nous continuons notre route, toujours dans un désert de pierres, et nous nous retrouvons dans le « Zoologico de Piedras » o « Museo del Viento » (le zoo de pierres ou le musée du vent). Cet endroit est époustouflant. C’est une immensité de rochers, de pierres, qui tous ont « souffert », cela se voit, du travail du temps et du vent. Aucun n’est indemne et c’est partout alvéoles, trous, plissements et même la couleur a dû perdre de son éclat. Certains rochers, si fatigués, semblent complètement affaissés dans le sol. Tout cela se trouve dans un sol sablonneux et le travail du sable à lui aussi laissé son empreinte sur ce site. Il y a ici quelque chose d’émouvant et l’on ne peut s’empêcher de regarder attentivement ces rochers et d’essayer de comprendre leur histoire. L’imagination aussi y va bon train ici. Tient, est-ce que celui-ci ne ressemble pas à une tête d’aigle ou celui-là à une tête d’homme ? etc, etc… Par-ci, par-là des bouquets de cactus, parfois un peu fatigués aussi, agrémentent ce décor. L’endroit est magnifique, mystérieux et lorsqu’on y est bien enfoncé, une certaine crainte s’installe, allez savoir s’il n’y a pas de fantômes ici ?
Les pierres ne nous lâchent pas et nous poursuivons notre itinéraire dans un désert rocailleux, parfois avec des montagnes partiellement recouvertes de sable et parfois avec des dunes de sable. L’océan est toujours en point de mire pour nous rafraîchir. Des maisons isolées mais très colorées font également le décor. L’océan est le plus souvent déchiqueté, rocailleux mais quand les plages sont là, c’est la beauté qui s’impose. Parfois, sur des mini-îles, à quelques mètres du rivage, des colonies de lions de mer imposent un arrêt ne serait-ce que pour les entendre mieux crier et surtout mieux les sentir. Ce qu’elles ont une forte odeur ces petites bêtes ! Les pélicans ne sont pas en reste, nous en voyons pratiquement partout.
Kilomètre après kilomètre, nous finissons par arriver au village de Flamengo. Nous adorons nous arrêter dans ces petits villages et celui-ci est bien joli, mais surtout sa plage est su-bli-me.
Après un déjeuner dans ce beau village, nous retournons dans notre désert. Et, une fois de plus, il est encore différent. Certes, nous sommes toujours dans les cailloux mais cette fois-ci, ce sont des montagnes en pierres et des pierres de jolies couleurs, plutôt claires et toujours au bord de l’océan. De cailloux en cailloux, nous finissons par arriver à Chanaral porte d’entrée du « Parque Nacional Pan de Azucar ».
Parque Nacional Pan de Azucar (11 et 12/03/08)
L’accès au par se fait par une belle route de désert sablonneux qui longe l’océan et avec des montagnes de l’autre côté. Ce parc a été créé en 1985 et le site compte 44 000 hectares. Il est situé à la fois sur une zone côtière et à l’intérieur des terres. Son relief est très marqué avec de beaux abrupts impressionnants sur l’océan. L’altitude du parc va de 0 à 800 mètres.
Après quelques kilomètres, l’océan est bordé par un chaos rocheux qui finit par se répandre des deux côtés de la route avec de beaux dégradés d’ocre claire. De magnifiques plages de sable blanc jouent l’alternance avec les criques jusqu’à l’apparition de l’île du Pan de Azucar. La vue sur cette île est magnifique. Les habitants de ce petit bout de terre sont : lions de mers, loutres, pingouins de Humboldt, en très grande quantité, beaucoup d’oiseaux dont cormorans et pélicans et les dauphins jouent beaucoup dans les parages. Il est possible de faire le tour de l’île en bateau pour voir toutes ces petites bêtes qui se cachent à l’arrière de l’île, cette balade est sans escale. Nous ne l’avons pas faite car les prix étaient vraiment prohibitifs et nous avons déjà tellement vu ces petites bêtes dans d’autres endroits.
Nous nous installons sur la plage face à l’île et sortons Jim pour partir à la découverte de ce parc. De petites pistes sablonneuses parcourent tout le site.
C’est dans des paysages magnifiques de pierres et de montagnes de formes et de couleurs parfois douces, parfois chaudes, parfois sombres et parfois très agressives que nous rayonnons dans les massifs. Toutes ces petites pistes, dès qu’elle approchent des sommets, nous offrent des paysages qui s’aplanissent au fil de la piste mais surtout qui nous dévoilent crescendo des cactus. Tout d’abord un par-ci par-là, deux par-ci par-là et ainsi de suite jusqu’à l’arrivée sur le plateau où là c’est la plantation de cactus si l’on peut dire. Et puis, au bout du plateau, c’est l’à-pic sur l’océan et tout cet à-pic est lui aussi abondamment garni de cactus. Les vues sur l’océan sont magistrales, que du très beau ici. Il y a plus de 20 espèces de cactus dans ce parc. On y rencontre aussi des guanacos, des renards et différentes espèces d’oiseaux.
C’est grâce à la « Camanchaca » que l’on peut voir ici tous ces cactus. Bien que ce soient des plates grasses, il leur faut tout de même un minimum d’eau. La « camanchaca » est la rosée issue des nuages et des brouillards qui viennent de la mer. Il faut dire que dans les zones proches de l’océan, les nuages arrivent le soir avec le coucher du soleil et sont présents une bonne partie de la matinée. En 1980, un ingénieur Canadien a eu l’idée de capter l’eau de ces brouillards et nuages à l’aide d’immenses écrans de tissus synthétique en mailles fines disposés face à l’océan. Et cela fonctionne ! Quand les nuages et les bruines rencontres ces écrans, ils se liquéfient et l’eau s’écoule dans les gouttières installées sous les écrans et des gouttières à des réservoirs. Génial ! Ces écrans s’appellent des « Atrapa Niebla ». Certains villages dans ces régions désertiques sont approvisionnés en eau uniquement avec la « camanchaca » et n’en manquent pas. Ici, sur les plateaux nous avons pu voir ces « Atrapa Niebla ».
Nous avons passé deux journées dans ce magnifique parc, à courir d’une piste à l’autre. Jim s’en est bien sorti et s’est souvent régalé, même si parfois c’était un peu difficile car la consistance du sable n’était pas toujours au goût de ses petites roues.
Chanaral – 14 000 hab. (14/03/08)
Chanaral l’a échappé belle ! En effet, elle fut tellement polluée par les rejets de la mine de cuivre d’El Salvador, pendant plus de 60 ans, qu’il fut envisagé de l’évacuer. Mais la municipalité, dans les années
1980 a pris le taureau par les cornes, si l’on peut dire, et a intenté un procès à la mine et l’a gagné. Depuis 1990 un bassin de rétention est en place et la ville a été dépolluée et l’on respire mieux et sa plage, dont le sable était contaminé à l’arsenic, est de nouveau ouverte à la baignade….
Chanaral est bien mignonne avec ses maisons colorées adossées à la montagne désertique. Ses rues centrales très animées avec leurs minuscules boutiques collées les unes aux autres. Le tout jeune phare, inauguré en 2000, et l’église en bois qui date de 1863, bien originale, toute chapeautée de bleu, dominent la ville. La plage de Chanaral est magnifique et vaut le détour. Et maintenant allons voir El Salvador, la « pollueuse ».
El Salvador – 8 700 hab. - Altitude 1550 mètres (13/03/08)
Cette ville des années 1950, construite par la société minière (Andes Cooper Mining Co, Division de Codelco) n’existe que grâce à la mine de cuivre 6 kilomètres plus loin. Elle est donc la propriété de la mine. On peut dire (mais nous sommes méchants) que l’originalité de cette ville c’est son absence d’originalité. Les rues de la ville sont bordées de chaque côté de blocs/maisons divisés en quatre logements. Toutes les maisons sont pareilles. Seules les boutiques qui bordent la grande place centrale sont différentes. Tout est bien propre est bien rangé. Mais, on pourrait aussi dire que l’originalité de cette ville c’est l’homogénéité ! Cela dit, une curiosité toute de même, c’est le mobilier urbain de la grande place. Là, c’est carrément l’orgie des couleurs vives sur les bancs, les lampadaires, les escaliers et sur les murs. Quelques objets décoratifs amusants, voire très rigolos, complètent le tableau. C’est très surprenant, mais on finit par aimer car cela anime bien cette ville plutôt austère.
La ville possède aussi un Musée de la Mine ». Nous sommes allés le visiter. C’est un gentil petit musée de province avec un résumé photographique de l’activité minière de la ville de l’origine à nos jours et quelques outils aujourd’hui obsolètes. Ce fût un bon moment bien délassant.
Nous voulons aussi ajouter que nous avons été surpris par l’abondance de biens que l’on peut trouver dans ce genre de petites villes minières. C’est vrai, non seulement, dans les petites boutiques de toute nature mais surtout pour l’unique « supermercado » de la ville « DECA » si bien achalandé, il n’y manque rien et l’on peut même dire qu’on ne trouve pas mieux en France et même moins bien si l’on considère que nous sommes ici dans une petite ville très reculée de tout centre d’approvisionnement. Ils sont particulièrement bien approvisionnés en fruits et légumes de qualité et dont l’apparence ne manque vraiment pas de fraîcheur. On a envie de tout acheter et surtout de tout manger. De même, la ville possède une bien jolie et confortable salle de cinéma.
Nous avons pu constater cela dans bien des petites villes du désert. Cela est probablement dû au fait que les mineurs sont bien considérés et surtout bien rémunérés dans ce pays, mais aussi grâce à la « générosité » de la société minière….
Nous y avons passé une bonne demi-journée et y avons bivouaqué. Malgré tout ce qui a été dit plus haut, nous avons bien aimé l’atmosphère chaleureuse et accueillante et nous nous sommes sentis vraiment bien dans cette petite ville « qui dégage comme on dit ».
Nous avons voulu voir si l’usine « dégageait » elle aussi, malheureusement, elle ne se visite qu’une fois par semaine et le bon jour de la semaine c’était évidemment la veille de notre arrivée. Tant pis, il y d’autres endroits ici qui « dégagent », alors nous sommes allés voir le complexe de Potrerillos, tout près (raffinerie électrolyse de cuivre + fonderie) mais là les visites ne sont pas autorisées, probablement parce qu’ici cela « dégage » trop. Pour preuve, le village à côté de ce complexe a été évacué, en 1998, parce que la zone a été déclarée « zona saturada de contaminacion ». Nous sommes sortis d’ici avec les yeux et la gorge très irrités…..
Mais nous ne pouvons pas voir que le mauvais côté des choses, alors nous allons faire un petit tour dans les environs de Diego de Almagro et rendre visite à Miguel Soto Garcia, topographe de son métier d’origine et qui s’est reconverti dans la culture du jojoba. Miguel a eu l’idée d’utiliser les eaux de rejet de mines de la région pour arroser ses jojobas. Il a, à partir du bassin de retenue des eaux, irrigué, par de petits canaux, toute une grande région où il s’adonne à la culture du jojoba. Miguel nous a reçu avec beaucoup de chaleur et d’amitié, nous a expliqué son travail, fait visiter ses serres et nous avons pu voir des jojobas pratiquement de la naissance à l’âge adulte. Il exporte ses graines, notamment en France.
C’est stupéfiant quand nous arrivons sur les terres de Miguel. Nous partons d’un désert absolu pour, tout d’un coup, commencer à apercevoir de loin des points verts et plus nous approchons et plus c’est stupéfiant et pour finir c’est carrément une oasis de verdure et de fraîcheur.
Merci Miguel pour ce que vous faites et surtout merci pour l’accueil que vous nous avez réservé et le temps que vous nous avez consacré. Remerciez aussi votre équipe qui nous a chaleureusement accueillis avant votre arrivée.
C’est grâce à Sergio Olave, Chilien de France, en vacances dans sa ville natale de Chanaral, rencontré par hasard dans cette ville et qui nous entendant dire « mais où il est ce bon dieu de supermarché » nous a dit « c’est en face ». Étonnement de notre part et alors la conversation est partie pour un petit moment sur le trottoir. Sergio vit près de Rouen, à Yvetot, il est marié à une Française. Sur sa carte de visite qu’il nous a donnée, il se présente comme « Escritor-Poeta Chileno ». Et c’est Sergio qui nous a vivement conseiller d’aller voir Miguel. Sergio, nous vous en remercions beaucoup.
Après ce bain de fraîcheur, retour vers le désert, en empruntant après quelques kilomètres sur la route, une petite piste de sel qui conduit au Salar Pedernales. Ces pistes de sel sont très agréables pour rouler et surtout elles ne dégagent pas de poussière, mais au soleil ça brille pas mal…..
Ce circuit commence comme une musique douce, une petite sonate de Mozart, interprétée par des montagnes formées de beaux et larges vallons aux formes douces et aux couleurs tendres et claires, bien alanguies et qui laissent filer entre eux notre petite route à une altitude de 2300 mètres. Cette petite route serpente et monte allègrement dans ce magnifique décor. Petit à petit la musique force un peu, Mozart change derépertoire, et les couleurs et les formes commencent aussi à changer et nous voyons des montagnes se pavaner en multiples mamelons et parfois certains se sont transformés en petits pics effrontés. Hélas, se « vautre » entre eux, un canal de rejets des mines et usines qui ne laisse planer aucun doute quant à la toxicité du rejet. Un peu plus loin, lanature force encore un peu la musique et ce sont des massifs qui osent les dégradés d’ocre ou de rouge, lesquels, un peu plus loin laissent la place aux verts, aux bruns et aux violets. Et puis, tout d’un coup, la montagne s’énerve et c’est Wagner. Les massifs plus ou moins arrondis sont constitués de strates verticales inclinées vers l’arrière et affichent toute la gamme de l’arc-en-ciel minéral et ces massifs ainsi constitués installés les uns derrières les autres donnent une perspective géométrique de la montagne. Cette route est absolument grandiose. Nous nous arrêtons très souvent pour admirer ces lieux et c’est vrai que l’on voudrait ici écouter de la musique tant l’endroit s’y prête.
Et tout de même, les choses se calment un peu et nous nous retrouvons sur une piste en terre mais bien roulante et le volcan Dona Inés (5075 mètres, toujours en activité, mais sans neige) et là devant nous et il nous fait un clin d’œil car il voudrait bien qu’on s’intéresse aussi à lui. Bien sûr il est beau et l’environnement ici est tout de même moins prenant, donc il prend tout l’espace. À ses pieds se prélasse le Salar de Pedernales et nous sommes à près de 4000 mètres d’altitude. Nous ne faisons pas l’effort de gravir les collines pour ce salar dans son ampleur car nous savons que nous en verrons de bien plus beaux au nord et en Bolivie. Nous ménageons nos forces à ces altitudes.
Nous sommes obligés de revenir sur nos pas, mais on en redemande. C’est toujours le même émerveillement, les mêmes arrêts pour retrouver l’état contemplatif, mais il faut tout de même dire que nous en sortons plutôt amorphes, mais tellement heureux ! Sur tout cet itinéraire, piste de sel et piste de terre, nous avons été seuls, moment divin....
C’est une accalmie de paysage que nous espérons en continuant notre route pour rejoindre Antofagasta car tout le monde est fatigué et surtout l’appareil photo. Mais la nature en décide autrement et nous nous retrouvons avec des montagnes dont toutes les arêtes sont ourlées de végétation et il y en a seulement là. Ensuite, ce sont de beaux paysages désertiques bien blonds et surtout reposants et dans ce beau désert, surgit tout d’un coup, comme par enchantement la « Mano del Desierto ». C’est une énorme sculpture d’une main, réalisée en granit, par l’artiste Mario Irarrazabal en 1992. Elle est très belle et nous lui tournons autour plusieurs fois. Les ongles sont parfaitement marqués ainsi que toutes les lignes de l’intérieur de la main. Jules est tout petit à côté, mais tellement beau !
Après cela, nous filons à Antofagasta, la cinquième ville du pays avec ses 285 000 habitants. Une fois arrivés, nous garons Julot et nous faisons un p’tit tour dans le centre ville, une bonne p’tite bouffe dans un bon p’tit resto, un p’tit tour à la banque, un p’tit tour au camping et c’est donc quatre p’tits tours et puis s’en vont ! La fuite quoi ! C’est vrai, cela ne nous a pas plu, mais c’est surtout le camping qui ne nous convenait pas. Alors ni une ni deux, on se barre !
Un peu plus loin, nous commençons à voir tout une série de villages abandonnés. Ces villages datent pour la plupart du début des années 1900 et ont été désertés dans les années 1950 avec l’épuisement des gisements miniers. Ces villages étaient construits en adobe et étaient très concentrés. Celui que nous avons le plus visité, Officina Prat, comptait en son temps 5000 habitants. Si c’est effectivement émouvant de voir ses villages abandonnés et laissés aux mains de la nature qui, dans ces régions, n’est pas toujours tendre et donc leur donne très vite des airs de ruines, c’est encore plus émouvant de voir le cimetière de ces villes, eux aussi laissés à l’abandon. Dans celui que nous avons visité, toutes les tombes sont devenues anonymes avec le temps. Les noms étaient gravés sur des croix en bois, mais aujourd’hui il ne reste plus rien, tout est couleur désert. C’est curieux, mais ce cimetière, même abandonné, finalement donne une âme à ce village lui-même abandonné.
Nous quittons Officina Prat au crépuscule et courons tout schuss à Calama, mais vous ne saurez rien de la route et nous pas grand-chose car la nuit est vite venue. Nous nous sommes arrêtés dans la première station-service de la ville et y sommes restés pour faire dodo.