De Cusco à Nasca, Paracas, Iles Ballestas, Lima (du 3/11 au 15/11/08)
Comme cela a été difficile de quitter Cusco, mais quand faut y aller, faut y aller !
Dès la sortie de Cusco, les paysages sont verdoyants et les montagnes laissent un peu de place, alors les cultures s’étalent, les bovins ont de quoi se rassasier, une campagne normale, en quelque sorte. Les villages dans cette zone ont plutôt belle allure.
Notre route grimpe et grimpe encore. Pour faire ce trajet, nous avons trois cols à passer : deux à plus de 4300 mètres et un à 4500 mètres. Jules va encore fumer tout noir et dégager des odeurs de chaud que l’on aime pas du tout !
Et puis, comme il ne faut tout de même pas forcer sur la verdure, les montagnes se rapprochent, se déboisent pour ne laisser la place qu’à la route et parfois, une rivière est de la partie.
Au fil des kilomètres, les paysages deviennent de plus en plus beaux et ce sont les nuages qui font le jeu des couleurs et des lumières et c'est du beau boulot !
Ces montagnes sont bien massives, c’est du costaud là encore et il n’y a que l’eau qui ait pu bousculer la nature dans ces endroits et quand elle le fait, d’étroits canyons apparaissent.
La route est très étroite et bien dangereuse comme en témoignent tous les petits sanctuaires que nous pouvons voir au fil des kilomètres. Il faut dire qu’elle tourne sans arrêt, que les virages sont très souvent en épingle à cheveux et que les à-pics sont fréquents. Mais c’est aussi tout cela qui contribue à sa beauté.
À l’approche du premier col, la neige embellie encore la montagne, mais que les températures sont froides et le vent violent ! On ne peut pas sortir longtemps de Jules, dommage c’est si beau. Dans cette région, les villages et les villes sont marqués par la pauvreté et la précarité.
Une fois le col passé, c’est une belle descente qui se présente et les freins chauffent un peu. Nous nous arrêtons dans une petite ville, Chalhuanca où nous nous « collons » au mur du bâtiment de la Police, avec son accord, pour passer la nuit. Nous partons faire une petite virée dans la ville et quand nous revenons « chez nous », une voiture Land-Rover immatriculée en France et qui plus ait dans le 04 est installée devant Jules. Eh bien, c’est Claudine et Gérard et ils sont de Banon, tout près de Manosque….. Nous allons prendre un pot et le soir nous dînons ensemble. Ces rencontres fortuites sont vraiment de bons moments pour les voyageurs que nous sommes.
Le lendemain matin, très vite la route se met à grimper et nous avons sensiblement les mêmes paysages que la veille jusqu’au col. Ensuite, c’est l’Altiplano. L’Altiplano, nous adorons.
Les paysages de l’Altiplano sont toujours empreints de sérénité. Rien ici n’agresse le regard, les montagnes ne sont plus que des petits bouts de sommets. La note d’ambiance est donnée par la plante « Ichu » qui tapisse le sol, ici, elle est toute desséchée et donc la couleur dominante est dans les tons dorés. Le ciel, en cette saison, chargé de nuages blancs, lesquels ajoutent du caractère au paysage.
L’Altiplano, c’est aussi tous ces beaux troupeaux de lamas, d’alpagas et de vigognes. Nous avons été gâtés sur cet itinéraire, tout le monde était là et en très grand nombre. Nous avons surtout bien aimé tous ces bébés alpagas, si dodus parce que si laineux. Dommage que ces petites bêtes soient si sauvages car on aimerait tellement aller les caresser et elles ont un si joli petit cul !
Et puis, il y a aussi les lagunas et elles n’ont pas manqué non plus sur la route. Ces lagunas sont les abreuvoirs des lamas et autres, et il y avait bien du beau monde à se désaltérer dans ces eaux. Les flamants roses également étaient présents dans une des lagunas, mais aussi quelques autres oiseaux.
Après ces beaux et paisibles paysages, la descente nous réserve quelques « brutalités » de la nature et les paysages deviennent rocailleux et cela a quelque chose d’incisif. Les vaches ont remplacé les lamas et alpagas. La ville de Puquio apparaît bien longtemps à l’avance et, de loin, elle semble assez jolie, mais, après l’avoir traversée, ont dit : beurk et re-beurk….. Allons voir ailleurs !
Ailleurs, c’est la remontée vers notre dernier col. En prenant de l’altitude, nous avons un semblant de paysage d’Altiplano et quelques jolies vigognes. Ensuite, brutalement les choses changent et nous nous retrouvons dans un désert bien aride où les cailloux font bien souvent le décor, pratiquement plus d’herbe mais, après un petit moment, les cactus apparaissent, mais ils apparaissent vraiment à l’économie, un par-ci, par-là, évidemment bien sûr qu’ils sont ma-gni-fi-ques et, en plus, ils rajoutent du piquant à la descente vertigineuse qui n’en manque pas ! Au fur et à mesure que nous descendons, nous pouvons voir la route et ses méandres sur plusieurs niveaux en dessous de nous. C’est vraiment très impressionnant. Cette route est bien dessinée et tous ses virages en épingles à cheveux sont larges et se prennent bien. Il y a également de très beaux à-pics dans cette descente.
Un peu plus bas dans la descente, nous apercevons un groupe de touristes cyclistes avec des vélos bien chargés. Probblemernt des fous et si ce sont des fous ce sont des Français ! Nous nous arrêtons et…. ce sont des Français un peu plus fous que nous…..
Les parents : Florence et Joël ; les enfants : Jules 12 ans, Faustine 9 ans et Marick 5 ans. Cette famille fait un voyage de 20 mois en Amérique du Sud. Marick, le petit, pédale sur une sorte de tricycle posé à l’avant du cadre du vélo de son père.
Franchement, ils sont incroyables. Nous les avons rencontrés presque en bas d’une côte qui fait 99 Km de long ; et ils vont avoir, eux aussi, les trois cols à franchir. Nous étions avec nos « voisins » de Banon quand nous les avons rencontrés et nous sommes tous restés sur le cul face à un tel courage. Les enfants suivent les cours du CNED et font donc école tous les jours. Faustine était très heureuse de nous dire que lors de son meilleur jour elle a fait plus de 100 kilomètres….
En tout cas, sur le bord de la route, nous avons désaltéré tout ce petit monde avec café frais pour les parents, lait et biscuits pour les enfants. Nous avons passé un joyeux et plutôt long moment avec cette famille sur le bord de la route. N’hésitez pas à consulter leur site : http://5-bicyclettons.over-blog.com
Leur slogan : Vivre autrement…, Rêver notre vie…, Vivre nos rêves….
Nous leur souhaitons beaucoup de courage et nous ne doutons pas du succès de leur entreprise et pour finir : chapeau bas les Jolivot !
À l’approche de Nasca, nous commençons à apercevoir la gigantesque dune de sable le « Cerro Blanco » ; c’est la plus grande dune de sable du monde, elle fait 2080 mètres d’altitude. On y pratique le sand-boarding.
Avec Nasca, c’est le retour du vert ; une grande plaine verdoyante et cultivée ceinture la ville. Cette ville de 55 000 habitants n’a pas d’attrait particulier. C’est une ville qui fut détruite par des tremblements de terre deux fois dans les années 1900, la dernière fois en 1998 elle est toujours reconstruite au même endroit. Sa renommée est due uniquement aux mystérieux géoglyphes de la pampa que tout le monde appelle « Les Lignes de Nasca ».
Les Lignes et Géoglyphes de Nasca
Nous sommes arrivés à Nasca avec Claudine et Gérard et c’est avec eux que nous avons survolé ces lignes. Cela se fait dans un petit avion Cesna de six places.
Ces lignes datent de la Culture Nasca qui s’étendit sur environ 1000 ans, de 300 avant JC à 700 de notre ère.
Elles ont été relevées pour la première fois en 1927 par un Péruvien Toribio Mejia Xesope, mais c’est le scientifique Américain, Paul Kosok, spécialiste en hydraulique, qui, en 1939, alors qu’il survolait la zone prêta une attention particulière à ces lignes que l’on prenait jusqu’alors pour un système d’irrigation. En effectuant un second survol, le jour du solstice d’été, il remarqua que les rayons du soleil couchant suivaient la direction de l’un des dessins d’oiseaux. Il pensa alors qu’il s’agissait là d‘un « grand livre d’astronomie ».
Maria Reiche (1903-1998), mathématicienne Allemande et disciple de Kosok, a consacré sa vie, à partir de 1940, à tenter de découvrir la signification de ces lignes. La conclusion de ses recherches était qu’il pouvait s’agir d’un calendrier astronomique destiné aux travaux agricoles en soulignant qu’elles furent tracées grâce à des formules mathématiques très élaborées. Mais le milieu scientifique est loin d’être d’accord sur cette théorie.
Toujours est-il que le ou les mystères demeurent et demeureront probablement bien longtemps encore. Des théories, parfois farfelues, ont bien cours : pistes d’atterrissage pour extra-terrestres ou des messages qui leur seraient destinés, calendriers astronomiques pour l’agriculture, messages secrets destinés aux dieux qui pouvaient les voir depuis les cieux, site rituel, etc, etc….
Elles sont situées en plein désert, lequel désert est recouvert de cailloux colorés en gris par l’oxyde de fer. Pour « imprimer » ces dessins, les Nascas n’ont eu qu’à retirer les cailloux de leurs tracés, car sous ces cailloux un sol plus clair apparaît, parce que gypseux. Les cailloux retirés bordent les lignes.
Si après tous ces siècles, ces lignes restent intactes c’est grâce au climat particulier de la région. En effet, elles sont situées dans une des régions les plus sèches du monde sur un sol sans végétation, lequel captant tellement de chaleur qu’il réchauffe l’air et cela crée comme une sorte de coussin d’air qui protège les dessins. C’est le gypse qui fait le reste en quelque sorte en collant le sable et la poussière des lignes. Grâce au climat et à la qualité du terrain, mais aussi sans trop de vent, donc sans sable, et sans pluie, les lignes restent intactes. Les Nascas n’étaient pas que mathématiciens….
350 dessins y sont dénombrés, dessins géométriques (triangles, trapèzes, lignes droites essentiellement) et dessins anthropomorphes, biomorphes et zoomorphes, tous de tailles importantes ou gigantesques. Ces lignes peuvent avoir jusqu’à trente centimètres de profondeur et certaines peuvent atteindre trois mètres de largeur. Certaines lignes font plusieurs kilomètres de longueur. Ces dessins « caracolent » dans les ravins ou sur les collines sans que leur forme ni la rectitude apparente des lignes n’en soient affectées. Toutes les lignes de chaque dessin sont tracées en continue et ne se recoupent jamais.
Maintenant, allons voir cela de plus près ou plutôt de plus haut !
En peu de temps, nous sommes « sur zone » comme on dit dans certains milieux. Très vite l’émotion gagne du terrain et le pilote nous annonce la Baleine sous l’aile. Il faut un peu de temps pour s’adapter à l’ampleur des motifs car on a un peu tendance à accrocher son regard à un détail du dessin. Mais très vite, on s’adapte et la Baleine (68 mètres) est bien là, sous l’aile de l’avion. Ensuite, c’est au tour des Trapèzes ; puis viennent l’Astronaute (14 mètres), lui est gravé sur un pan de colline ; le Singe (90 mètres), magnifique avec sa queue si parfaitement enroulée ; le Chien (58 mètres), il a la queue et les oreilles bien droites ; le Condor (135 mètres), très beau avec ses ailes déployées ; l’Araignée (46 mètres), elle est d’une grande netteté et ses pattes bien écartées ; le Colibri (50 mètres), le plus célèbre de ces dessins, on le voit partout et c’est vrai qu’il est très beau ; l’Albatros (285 mètres), on peut dire que son cou en zigzags fait de la longueur ; le Perroquet (58 mètres), c’est le plus fantaisiste ; l’Arbre (52 mètres), d’en haut, il semble aussi large que haut ; les Mains (40 mètres), bien étonnantes ces mains dont une ne comporte que quatre doigts et l’autre qui a tous les doigts de la même longueur, sauf le pouce. Nous avons aussi survolé d’autres lignes géométriques, mais ce sont les dessins des animaux qui sont les plus beaux, les plus attrayants et ils sont si nets tous ces dessins. Tous ces dessins sont également présents sur les poteries de la culture Nasca.
Ce temps passé au-dessus de ces lignes restera un grand moment de notre voyage et les questions « qu’est ce que cela veut dire ?, pour qui ? et pourquoi ? » nous accompagneront longtemps.
Peut-être n’est-ce pas si mal que le milieu scientifique concerné n’ait pas trouvé la signification exacte de ces lignes. Cela permet à tous de faire ce voyage avec un autre regard et surtout avec la tête remplie d’interrogations et de suppositions, et donc avec un intérêt beaucoup plus marqué. Cela permet également à cette civilisation Nasca, grâce à ses mystères, d’être plus présente encore aujourd’hui dans notre société.
Les Lignes de Nasca sont classées au Patrimoine Mondial Culturel de l’Humanité par l’Unesco.
En quittant Nasca, nous quittons aussi Claudine et Gérard qui vont vers le sud, alors que nous, nous allons au nord toute ! Nous les reverrons à Banon et ils nous feront déguster les spécialités locales !
Quelques kilomètres après Nasca, nous empruntons une bien jolie piste de sable, dans un bien joli désert, qui nous conduit au Cimetière de Chauchilla.
Ce qui est aujourd’hui redevenu un cimetière est resté pendant bien longtemps, trop longtemps, le terrain de chasse des « huaqueros » (pilleurs de tombes). En effet, cet endroit était une nécropole de l’ancienne Culture Nasca, entre le 2ème siècle avant JC et le 9ème siècle de notre ère.
Quand les pouvoirs publics Péruviens ont pris la décision de faire des recherches sur ce site et de le protéger, c’était déjà trop tard. L’espace n’était plus qu’un champ de momies ou d’os dispersés dans le désert. Aujourd’hui, toutes les momies et les ossements retrouvés ont été, pour partie, conservés dans des musées et, pour partie, dans douze tombes originales fabriquées en adobe sur le site même.
Voir toutes ces momies, avec leurs cheveux, et ossements, n’est finalement pas très impressionnant ; il faut dire que l’ensemble de la présentation pourrait ressembler à de la mise en scène cinématographique et l’on ne peut s’empêcher de penser à « La nuit des morts vivants », tout en marquant le respect qu’il se doit aux « habitants » de cette nécropole, si l’on peut dire.
Sur la piste, on peut voir également le petit cimetière contemporain des villages avoisinants ; celui-ci inspire le recueillement que n’inspire pas la nécropole.
Après ces rencontres avec le monde des morts revenons dans le monde des vivants.
Le monde des vivants, c’est vite dit et finalement nous n’en verrons vraiment que très peu car nous replongeons dans le désert. Mais qu’il est beau ce désert et tellement changeant. Il est légèrement montagneux et le plus souvent les montagnes sont recouvertes en partie de sable. À d’autres moments, il est pierreux ou terreux. Parfois un bouquet d’arbres surgit comme par enchantement au beau milieu de vastes étendues de sable. Et puis, quand les vivants y sont c‘est un bel espace verdoyant qui apparaît, mais pas pour longtemps. Le restaurant « routier » lui ne voit pas le vert, mais il ne manque pas de cachet dans cet environnement et l’on y mange bien !
Après avoir avalé bien des kilomètres nous finissons par arriver dans la presqu’île de Paracas.
Presqu’île de Paracas et les Îles Ballestas
Comme cela fait du bien de revivre à un niveau normal ; la haute altitude pendant plusieurs mois commençait à nous fatiguer un peu. Cela dit, nous allons y retourner…. Jim aussi va bien ici, fini les crises d’asthme, et c’est avec lui que nous allons gambader dans cette presqu’île.
Le nom de Paracas vient de la Culture Paracas qui existait déjà au moins 1000 ans avant les Incas. Mais la vie a existé ici bien longtemps avant. Cette région a un passé plutôt riche. Grâce à son climat, on a pu trouver des vestiges de civilisations passées qui remontent jusqu’à 10 000 ans.
Tout commence avec la visite du petit port de Paracas (2000 habitants), oasis de verdure dans la magnifique baie du même. La baie est un havre de paix pour bon nombre de ses habitants. C’est aussi un lieu de villégiature privilégié pour les vacanciers fortunés. On peut y voir de magnifiques résidences privées de vacances. C’est même ici que nous avons vu les plus belles maisons du Pérou et les plus beaux jardins.
La Réserve Nationale de Paracas couvre une superficie de 117 500 hectares et se caractérise par de vastes étendues de sable, un plateau désertique et des collines également désertiques. La plus haute de ces collines, le Mont Quemado, s’élève à 786 mètres.
L’endroit est magnifique, ces couleurs de désert associées aux couleurs de l’océan donnent un sentiment d’irréel à tout cet environnement. Nulle vie animale, si ce n’est dans l’océan, ou végétale ici.
Un mini village de pêcheurs se situe à quelques kilomètres de Paracas : Lagunillas. C’est un vrai petit paradis avec de belles plages aux eaux calmes (mais froides) et ces plages sont quand même bien fréquentées par les enfants. Dans ce village, trois restaurants de pêcheurs dont les patrons sont à l’affût des touristes. Cela a été très difficile de dire non à deux… En tout cas, nous nous sommes régalés avec des soles de taille plus qu’impressionnante, mais que c’était bon…..
Nous avons arpenté cette belle presqu’île avec Jim dans tous les sens et nous nous sommes régalés en allant de plage en plage, de falaise en falaise, de colline en colline, parfois, c’était trop pentu, alors nous laissions Jim en bas et grimpions sur la colline pour voir ce qui se passait de l’autre côté ; cela en valait toujours la peine.
Cette région a beaucoup souffert en 2007. En effet, l’an dernier il y a eu un tremblement de terre important suivi d’un tsunami. Il y a eu environ 1000 morts dans baie et 80 000 dans toute la région. L’épicentre du séisme se trouvait à seulement 50 kilomètres des côtes.
La nature aussi a bien souffert et l’on peut voir certaines falaises fendues par des crevasses d’au moins 20 centimètres de large. Une arche, dénommée la Cathédrale, « modèle Etretat » s’est effondrée.
Au large des côtes de la baie, se trouvent les îles Ballestas, surnommées les « Galapagos du Pauvre ».
Après quelque 20 minutes de bateau, c’est l’arrêt devant un superbe géoglyphe appelé le « Candelabra » (le Chandelier des Andes). Il est très impressionnant et n’est bien visible que de la mer. Ses dimensions sont importantes : 128 mètres de haut, 67 mètres de large, sa profondeur actuelle est d’environ un mètre, mais on estime qu’elle devait atteindre environ trois mètres à l’origine. Il est, comme les lignes de Nasca, emprunt de mystère : par qui fut-il tracé, pourquoi et pour qui ? Ce que l’on sait, c’est qu’il figure dans les écrits des conquistadors Espagnols.
Après cette pause « mystère, mystère » nous filons vers les îles et elles arrivent très vite. C’est, en fait, un chapelet d’îlots, parfois ce n’est un gros rocher mais bien haut. On ne peut pas débarquer dans ces îlots. Tous les îlots les plus importants comportent des arches ou des grottes. Ces îlots sont recouverts de guano. Il y a un monde fou, fou sur ces îlots. Ce sont des milliers et des milliers d’oiseaux. Le sommet de ces îles est parfois noir de monde, incroyable. Mais les oiseaux n’y sont pas seuls, il y a de grosses colonies de lions de mer, de phoques, d’otaries et les manchots y ont aussi leur place. Ici, peu de place en terrain plat et, pour les otaries, se trouver une place au soleil relève de l’exploit sportif !
Nous tournons pendant une bonne heure autour de ces îlots et cela n’a été que du plaisir.
Nous quittons cette belle région, mais pas le bord de mer, pour Lima. La route jusqu’à Lima est bien sûr désertique, l’eus-tu cru ! Cela dit, ce n’est pas un beau parcours et la pauvreté y est assez présente, alors nous vous en faisons grâce et c’est parti pour la visite de Lima.
Lima (8 500 000 hab.)
Le site de Lima fut choisi le 6 Janvier (jour de l’Epiphanie) 1535 par le conquistador Espagnol Francisco Pizzaro pour devenir la « Ciudad del Reyes » (la Ville des Rois). L’endroit ne lui plaisait pas vraiment, mais son armée a su le convaincre que l’endroit était le bon pour une fuite rapide par mer en cas de révolte indigène. Pizzaro consacra son temps et son énergie à l’édification de cette ville jusqu’à sa mort, en 1541.
Lima est aujourd’hui une grande mégapole. Beaucoup de choses négatives se disent sur cette ville : elle est immense, bruyante, polluée, brumeuse, pas très jolie, etc, etc… C’est vrai que cette ville a des défauts, mais quelle ville n’en a pas. Son immensité : elle oblige à se déplacer beaucoup et donc à mieux la connaître et l’apprécier. Le bruit : quand il y a autant d’habitants dans une ville, plus ceux de sa banlieue, cela en fait des voitures et tellement, tellement d’autobus et de taxis et que tous les conducteurs s’adonnent avec une frénésie déchaînée sur leur klaxon, on peut effectivement dire qu’il y a une « sonorité marquée » dans la ville. Polluée : oui, et c’est aussi parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de circulation, mais également parce que ce pays à une qualité de carburant tellement déplorable que le niveau de CO2 dans cette ville est supérieur à plus de 100 % par rapport à ce qu’il est dans les autres capitales du monde, alors, merci les Pouvoirs Publics et merci les pétroliers. Brumeuse : eh oui, c’est la garùa, foutue brume ou bruine, selon le mois. La ville doit son climat particulier à l’influence des eaux froides du courant de Humboldt, lequel longe toute la côte péruvienne, mais aussi à la proximité de la Cordillère des Andes. Pas jolie : c’est une ville dont les quartiers modernes ont poussé comme des champignons en raison d’un important afflux des ruraux vers la capitale, comme dans beaucoup d’autres villes au monde, mais les fleurs ne manquent pas pour embellir la ville et Lima est très coquette.
Une fois passé tout cela, on peut partir à la découverte de cette grande ville le cœur léger et la jambe alerte !
Comme toujours, dans ce type de ville, où le quartier ancien et les quartiers modernes se côtoient, c’est vers le passé de la ville que l’on se dirige en premier.
C’est sur la grande Plaza de Armas que bât le cœur du "Quartier Historique". C’est Pizzaro qui en a délimité le tracé et depuis lors, le pouvoir siège toujours sur cette place. Sur tout son pourtour, on peut voir : le Palais Présidentiel, le Palais Municipal, le Palais de l’Archevêché et la Cathédrale et, au centre de la place, se dresse la statue équestre de Pizzaro. Très belle place où palmiers et fleurs complètent le décor. C’est le « Néo-colonial » qui fait fureur sur cette place.
Une autre place dans ce quartier est elle aussi un centre de rassemblement très animé : c’est la Plaza San Martin, reliée à la précédente par une rue piétonne. D’élégants bâtiments blancs composent le pourtour de cette place et le « Libertador », le Général San Martin, y trône sur son cheval. Cette place est très populaire, les gens y déjeunent sur ses pelouses, les diseuses de bonne aventure y ont leur place, les changeurs de monnaies y officient en criant « dolarèsss, éourosss », plus tous les petits vendeurs à la sauvette ! On ne peut pas s’ennuyer sur cette place.
Les rues de ce quartier sont très, très animées avec des commerces en tout genre et des activités regroupées par corporation. La rue des imprimeurs, débordante d’activité, ne laisse pas indifférent avec le bruit de ses rotatives, ses piles de journaux, brochures, affiches, menus, calendriers, tracts et autres entassés un peu partout et sur le dos des hommes ou dans des voitures à bras ; un vrai spectacle cette rue. Nous n’avons pas osé demander à ces imprimeurs si on pouvait se faire faire 100 -voire 200- cartes de visite tant tout ce qui sortait de ces imprimeries semblait tirer en milliers et milliers d’exemplaires….
Les édifices sont bien sûr de style colonial avec comme particularité d’imposants balcons, fermés, en bois très travaillés. Les couleurs sont assez vives. Ce beau quartier, riche, sur le plan culturel, mériterait un peu plus d’attention de la part de la municipalité. Il a été la zone résidentielle de la ville, mais il ne l’est plus. Cela dit, quelques belles demeures sont encore aujourd’hui habitées par d’anciennes familles de l’aristocratie. Certaines se visitent.
C’est dans ce quartier que « sévissent » les Asiatiques. Il faut dire que la population émigrée du Pérou la plus importante est asiatique. Ce quartier est grouillant de monde, il y en a partout, partout. Deux choses se remarquent très vite dans ce quartier. La première c’est que bien peu de personnes dans la population que l’on y rencontre ont le type asiatique même si, effectivement, les enseignes ou affiches sont en caractères asiatiques. La seconde, qui ne permet pas de douter de l’origine des occupants de ce quartier, ce sont les odeurs, notamment des restaurants et les canards laqués qui prônent ici ou là.
Le Quartier Historique de Lima est classé au Patrimoine Mondial Culturel de l’Humanité par l’Unesco.
La ville moderne s’est constituée rapidement avec les petites villes qui s’étendaient tout autour de la cité ancienne et c’est ainsi qu’est née la Lima d’aujourd’hui formée de grands quartiers. Tous ces quartiers ont leur propre centre et ce sont des quartiers très étendus. La ville moderne est desservie par de larges avenues et effectivement la circulation y est très, très dense et les promenades à pied, assez difficiles, s’y font au rythme des klaxons.
C’est impossible quand on vient à Lima pour quelques jours, de pouvoir visiter l’ensemble des quartiers. Nous avons visité les quartiers dits « favorisés ».
Le quartier moderne qui jouxte la Cité antique, n’est pas très joli. Il n’a pas d’architecture caractéristique. On sent bien que ce quartier a été fait pour répondre aux besoins du moment. Par contre, c’est un quartier hyper dynamique. C’est aussi le carrefour de toutes les lignes de bus de la ville et l’on peut dire que la ville à la « bussomania », mais heureusement qu’elle l’a car, dans ce pays, beaucoup de gens ne peuvent pas se payer de voiture et il n’y a pas de métro.
Il en va différemment pour les autres quartiers que nous avons visités.
Tout d’abord « Miraflores », situé sur la falaise face à l’océan, ce joli petit village du XIXe siècle est devenu l’un des quartiers les plus privilégiés de Lima. C’est un quartier fait de très larges avenues très verdoyantes et de beaux parcs, tels le « Parque Kennedy » ou le « Parque Central » où les peintres aiment à venir exposer leurs travaux dès la nuit tombée. Miraflores est réputée pour ses terrasses de café, ses restaurants, ses magasins chics, ses galeries marchandes dignes de Parly II et ses grands hôtels. Les affaires y tiennent également une bonne place. Le quartier est construit d’immeubles modernes de grande classe. Mais il y a aussi le Miraflores pour vivre avec ses supermarchés et tous les petits magasins qui permettent d’avoir la vie facile et ce Miraflores là est bien agréable à découvrir aussi. Bref, c’est un quartier idéal pour se promener et qui répond à toutes les aspirations des touristes. C’est dans ce quartier que nous avons bivouaqué dans la cour d’un hôtel. On y était comme des coqs en pâte et Jules en toute sécurité quand nous étions absents.
Miraflores c’est également les plages et il y en a 8 dans ce quartier. Elles sont principalement fréquentées, en cette saison, par les surfeurs ; l’eau y est très froide et les courants y sont violents et peu propices à la baignade.
Tout près de Miraflores, c’est le quartier « Barranco » qui lui aussi domine l’océan. Au XIXe siècle Barranco était une petite station balnéaire. Aujourd’hui c’est le quartier romantique et bohème de la ville. D’ailleurs il a son « Puente de los Soupiros (Pont des soupirs), un simple petit pont de bois. Ce quartier est le quartier où l’on s’amuse et il est très fréquenté par les artistes, poètes et musiciens. L’architecture 19e lui va comme un gant. Des promenades romantiques bordées d’arbres fleuris complètent le décor.
Bien sûr, nous avons « soupiré » un moment sous le « Puente de los Soupiros » !
Un autre beau quartier résidentiel, celui de "San Isidro" où là encore les grands hôtels se disputent la place avec les beaux immeubles. Le golfe de Lima et son club y prennent bien de l’espace. Ce quartier se consacre également aux affaires. Le costume trois pièces y est beaucoup plus présent que le jean.
Et puis aussi, le joli et bien tranquille quartier « San Borja » plus à vocation pavillonnaire est un quartier presque complètement résidentiel.
Et pour finir, le quartier « Monterrico » (le Mont Riche) qui porte bien son nom. C’est en effet, le quartier le plus riche de la ville avec de belles demeures et ce qui impressionne tout autant que la richesse dans ce quartier, c’est les moyens mis en place pour la protection de ces riches propriétaires. Le Musée de l’or se trouve dans ce quartier. C’est 50 quartiers, on peut dire villes, qui composent la ville de Lima, nous sommes donc loin d’en avoir fait le tour, mais tous ne présentent pas d’intérêt particulier pour les touristes.
Pour le côté culturel, Lima est d’une grande richesse. Les musées y sont en très grand nombre. Nous, nous sommes contentés du Musée de la Nation, lequel ne nous a pas montré tout ce qu’il possédait car bien des salles étaient fermées en raison de la tenue du Sommet de l’Apec dans la semaine. Le musée de l’Or, lui, nous a révélé toutes ses richesses et il n’en manque pas.
Lima, c’est encore toute une collection d’églises, de couvents, d’anciennes demeures…. Il y a vraiment beaucoup de richesses dans cette ville, mais avec un court séjour de 8 jours, on laisse beaucoup de choses de côté.
Nous avons beaucoup aimé cette ville à l’atmosphère si particulière et si prenante.
À Lima, nous avons fait la connaissance d’Eduardo, ami de nos amis belges voyageurs, Annemie et Hendrik et, c’est bien connu, les amis de nos amis sont nos amis ! Nous avons vu Eduardo plusieurs fois. Il nous a bien conseillé pour les visites de la ville. Il aime, lui aussi, les voyages et il en fait beaucoup. De même qu’il aime les voyageurs et il nous a dit être prêt à donner des informations sur son pays et sur les autres d’Amérique Latine, à ceux qui en auraient besoin. Il a une « pagina Web » : (http://elgustodeviajar.blogspot.com/). Le jour de notre départ de Lima, il nous a accompagné jusqu’à la sortie de la ville, soulagement pour nous…. Eduardo, nous vous remercions beaucoup pour toute la gentillesse que vous nous avez témoignée et pour l’aide que vous nous avez apportée. Suerte Eduardo !