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Les Rocheuses Canadiennes

 

A l’attaque !

 

Cela aurait été trop beau si la pluie nous avait quitté tout de suite après Calgary. A notre arrivée dans le Parc National de Banff (130 Km de Calgary), elle nous collait toujours après. Heureusement, le lendemain c’était fini.

Les Rocheuses, Rocky Mountain comme on dit ici, sont longues de plus de 1500 kilomètres au Canada. Elles se situent à cheval entre l’Alberta et la Colombie Britannique. Nous commençons notre circuit dans ces Rocheuses par l’Alberta avec le Parc National de Banff et notre premier arrêt dans la petite ville du même nom.

 

Banff – Altitude 1384 mètres – (8350 hab.)

 

Cette petite ville de villégiature est située dans un environnement à couper le souffle. Pour le décor, Banff est installée sur un petit plateau, tout entouré de magnifiques massifs dont les sommets culminent entre 2000 et 3000 mètres. Pour que tout soit parfait, la rivière Bow s’y prélasse en affichant une grande beauté due à sa couleur exceptionnelle et indéfinissable.

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La ville est très agréable et ressemble à bien des stations de ski « dites huppées » que l’on peut voir un peu partout dans le monde. Elle en a le classicisme architectural ainsi que des trottoirs de magasins, de cafés, de restaurants et d‘hôtels. L’atmosphère y est très agréable. Banff compte aussi des sources chaudes d’eaux sulfureuses qui lui valent bien du monde en toutes saisons.

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Les massifs forestiers qui bordent la ville comptent de nombreux sentiers de randonnées qui offrent de beaux paysages sur la ville et permettent d’accéder à une magnifique cascade de la rivière. Les animaux y sont présents et ils sont visibles aux portes de la ville. 

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A quelques kilomètres de Banff, c’est Canmore qui nous séduit. Cette petite ville (11 000 hab.), moins huppée que sa voisine, a tout pour la rendre jalouse. En effet, son environnement y est encore plus beau, ce qui pourrait sembler difficile. Les montagnes élancent vers le ciel une dizaine de magnifiques pics et la rivière Bow y fait aussi des siennes. Si tout y est moins chic, rien n’y est moins agréable. Nous avons beaucoup aimé l’endroit et y avons trouvé un garage pour tordre le cou à un nouveau bruit de Jules !

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C’est après ces deux villes que les Rocheuses vont nous offrir ce qu’elles ont de plus beau. Nous entamons un itinéraire de plusieurs centaines de kilomètres au cours desquels plusieurs parcs nationaux seront nos « bases de loisirs » et nos campements.

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Dès le départ de notre « grand rush » dans cette vallée de la Bow, c’est la folie de la montagne. Les massifs sont tour à tour puissants, costauds, élancés bien droits, élancés de traviole, poussifs quand ils sont tout ronds, dentelés et quand ils sont plus hauts ou que nous sommes plus haut, la neige les sublime. C’est du grand spectacle.

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Les rivières s’y mettent aussi et quelles sont belles. Le plus souvent, de petites îles font le décor des ces rivières. Ce sont des rivières glacières, alors la couleur de l’eau est un véritable enchantement.

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Les animaux aussi font partie de notre voyage et les cerfs et wapitis agrémentent notre voyage. C’est le plein été alors la flore n’est pas en reste et talus et bords de routes nous éblouissent de couleurs claires ou vives, mais parfois c’est seulement le blanc qui est de mise avec de longs talus recouverts de pâquerettes. C’est très beau. Le bas des montagnes est couvert de forêts de sapins pas très hauts, mais la densité y est.

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Ne nous laissons pas compter fleurette et continuons la route, le Lac Moraine nous attend.

Ce petit lac glaciaire de tout juste 0,5 Km2 est un véritable bijou de la nature, tel un joyau dans un bel écrin. Il est situé à environ 1900 mètres d’altitude dans la « Vallée des Dix Pics », son environnement est splendide. Ces pics sont recouverts partiellement de glaciers et boisés de sapins à leur base. La couleur sombre des montagnes ne fait que renforcer l’extraordinaire couleur de ses eaux.

L’hiver il est entièrement gelé et il ne retrouve complètement ses eaux qu’entre mi-juin et fin juin.

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Nous l’avons admiré sur toutes les coutures possibles. Ce petit lac est vraiment éblouissant ; c’est ce lac que nous avons préféré parmi tous ceux que nous avons vus au Canada. Il est inoubliable.

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A 13 kilomètres de là, c’est au tour du Lac Louise. Celui-là a la réputation d’être le plus beau, le plus célèbre, il est celui qui est le plus « étoilé » dans les guides, bref, il a tous les plus et, par dessus le marché, il est classé au Patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco.

Il doit son nom à la Princesse Louise, la quatrième fille de la Reine Victoria. Les Indiens Assiniboines, eux, l’appellent le « lac des petits poissons ». Sa taille est de 2,4 km de long sur 1,2 km de large.

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Alors, évidemment, il est beau et même très, très beau tout flanqué qu’il est dans un cirque de montagnes dont les pics varient entre 2900 et 3600 mètres. Ces pics sont aussi partiellement recouverts de glaciers et les sapins descendent en cascade jusqu’au niveau de l’eau.

Si nous ne savons pas définir précisément la couleur des eaux du lac Moraine, ici, c’est plus simple, elles sont franchement vert émeraude et elles sont très froides, en été le maximum possible est de 4°, dommage car elles sont bien tentantes ces eaux paisibles illuminées par le soleil.

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Lui, également, nous l’avons examiné sur toutes les coutures en parcourant tous les sentiers possibles qui le bordent et c’était un spectacle magnifique.

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C’est la période de la course aux lacs, alors après le lac Louise, nous filons vers le lac Emerald. Notre parcours suit un moment la magnifique rivière Bow dont la couleur continue de nous étonner et de nous enchanter. Le paysage est superbe avec les montagnes qui ont toujours un brin de glacier à nous montrer.

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Avant le Lac Emerald, nous faisons un petit détour pour aller voir les méfaits de la tumultueuse rivière « Kicking Horse, (la rivière du cheval qui rue), située dans le « Parc National Yoho », en Colombie Britannique. 

La rivière a été « baptisée » ainsi lors de l’expédition Palisser de 1858, lorsqu’un des membres de l’expédition fût roué de coup par son cheval qui refusait de franchir les rapides de la rivière.

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On peut comprendre l’animal car la rivière est vraiment « excitée ». A tel point que l’on peut y voir des passages où le travail de l’eau est pour le moins édifiant.

Elle serpente à travers les Rocheuses et ramasse tout sur son passage : l’eau des glaciers, les avalanches, etc… et quand nous la découvrons c’est une rivière torrentueuse, bruyante et tourbillonnante. Au fil du temps, là où nous nous trouvons, elle a réussit à créer un pont naturel dans les masses rocheuses de son lit. Quand le niveau de l’eau est bas, l’eau passe sous le pont et quand le niveau est élevé, elle passe au-dessus et chute en cascade. Dans le futur, il est certain que le pont n’existera plus.

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Après cet intermède « tourmenté », nous reprenons notre belle route et l’on peut dire que l’on ne s’en lasse pas. Plus on avance et plus on trouve que c’est de plus en plus beau. On ne sait même plus quel adjectif on pourrait dire pour qualifier les paysages sans tomber dans le banal.

Et puis, nous y arrivons au lac Emerald et lui aussi vaut vraiment la peine qu’on lui rende visite. Restons simples : il est ma-gni-fi-que !

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Pour lui, c’est pas compliqué, son nom vient de sa couleur émeraude !

Comme les précédents, environnement de pics, de glaciers, de forêts et une couleur à tomber en arrêt. Un sentier d’un peu plus de 5 km en fait le tour et on ne s’est pas gêné… Ne pas croire que parce que le Scribe en dit moins, qu’il est moins joli ou moins intéressant, mais tous ces lacs méritent les mêmes appréciations qui, trop souvent répétées, pourraient être lassantes.

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Ces promenades au bord des lacs sont tellement belles qu’elles nos mettent dans un état bizarre, entre bonheur et euphorie, en tout cas nous apprécions beaucoup ces « états ».

Pour la suite du parcours, c’est sans surprise, ce sont toujours les Rocheuses avec leurs cimes glacées, leurs lacs, leurs rivières et plus particulièrement l’inimitable rivière Bow qui nous plaît tant et qui mérite bien que l’on continue à la photographier.

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La suite du parcours appelé « La Promenade des Champs de Glace » fait environ 250 kilomètres. C’est une belle et large route, réservée au tourisme. Elle a été construite pour valoriser la beauté de ces lieux. Quelle bonne idée !

Tout à commencer 1931, lorsque le Gouvernement Canadien confia à des centaines de chômeurs la tâche de construire le « Sentier des Merveilles » de l’alpiniste A.O. Wheeler. Ces hommes munis de pics, de pelles, de chevaux et de quelques petits tracteurs, bâtirent une chaussée de graviers à une voie. Avec le boom du tourisme automobile des années 50 et 60, la route fût élargie et goudronnée. Elle est interdite aux camions.

Ici, on dit, que c’est la route la plus belle du monde….

C’est vrai, cette route est splendide, à chaque nouveau virage, c’est un nouveau spectacle. Soit une rivière réapparaît, soit un lac surgit, soit ce sont les glaciers qui s’imposent, mais aussi de magnifiques cimes un peu fantaisistes et sans glace. Nous nous arrêtons beaucoup sur ce parcours pour profiter le plus longtemps possible de ce grand spectacle. Les kilomètres défilent lentement. Nous avons beaucoup de chance, le temps est magnifique.

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Alors profitons-en pour faire un petit tour de lac et c’est le tour du lac Bow. Ce lac de 3,21 Km2, situé sur la rivière Bow, est, lui aussi, d’une insolente beauté. Il a tout : un bel écrin, un glacier, de la forêt et une telle couleur… Par contre, difficile d’en faire tout le tour car bien des endroits sont assez « scabreux ».

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Encore une fois, on ne s’en lasse pas de ces lacs des Rocheuses, heureusement, car il y en a encore et un autre tout de suite ! Et c’est le lac Peyto.

Celui-ci, le Scribe est bien obligé de se répéter, est ma-gni-fi-que et c’est le moins que l’on puisse dire. Son écrin est également superbe et l’impressionnant Mont Mystaya s’y détache en arrière plan. La couleur de son eau, turquoise « laiteux », est aussi fascinante. Nous avons beaucoup de mal à quitter notre belvédère tant ce lac nous attire.

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Rien, après cette petite merveille du lac Peyto, ne nous semble moins beau sur la route, c’est incroyable ce que cette région peut être belle. Les Rocheuses continuent de nous offrir un beau spectacle de cimes toutes bien différentes les unes des autres. Parfois, les glaciers sont d’importance et à d’autres moments ils sont pratiquement insignifiants. Dans tous les cas cela ne peut que susciter admiration. Parfois, la route est bordée de forêts, parfois non.

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Et puis, on en reparle d’elle, la rivière Bow, elle est toujours là, alors, parlons-en.

Le nom Bow fait référence aux roseaux qui poussent sur ses rives et qui étaient utilisés par les Autochtones pour fabriquer des arcs (Bow en anglais). Le nom d’origine est « Makhabri », ce qui signifie « rivière où poussent les graines d’arcs ». 

Sa source est à la fois le glacier et le lac du même nom. Lorsqu’elle rejoint la rivière Oldman, ces deux rivières deviennent la rivière Saskatchewan-Sud. Après un parcours de 587 kilomètres, les eaux finissent dans la Baie d’Hudson, après avoir traversé le lac Winnipeg et le fleuve Nelson.

Cette rivière est une importante source d’eau potable, mais elle est également utilisée pour l’irrigation et l’énergie hydroélectrique.

Elle est connue mondialement par le monde des pêcheurs. C’est un refuge de truites arc-en-ciel, de truites fario, de saumons de fontaine et de bien d‘autres espèces.

Le peuplement en truites de cette rivière est accidentel. Tout a commencé en 1925 lorsqu’un camion transportant des truites vivantes destinées à l’élevage est tombé en panne. Le chauffeur qui ne voulait pas voir mourir son chargement relâcha quelque 40 000 truites dans la rivière. Elles s’y sentirent bien et y proliférèrent sans retenue et, aujourd’hui, elles sont une source de revenus avec la pêche sportive.

Eh oui, toujours la rivière Bow, mais elle a changé un peu en route. Elle se dévergonde, si l’on peut dire. En effet, elle sort souvent de son lit principal pour entourer de petits monticules boisés et créer ainsi de petits ilots ravissants. Du coup, elle prend beaucoup plus de place en s’étalant généreusement. Sa couleur aussi a changé, à ce stade du voyage, elle est d’un vert laiteux dû aux particules de glacier en suspension dans l’eau, mais elle est toujours très, très belle.

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Et c’est maintenant le passage en revue du « Champ de Glace Columbia » à 3000 mètres d‘altitude. Il est situé à la fois dans le Parc National de Banff et dans celui de Jasper. C’est la plus importante calotte glacière non polaire du Continent avec une surface de 325 Km2. Les glaciers ont une épaisseur comprise entre 100 et 365 mètres et reçoivent en moyenne 7 mètres de neige par an.

Ce champ de glace comprend huit grands glaciers dont le plus important est l’Athabasca. Il mesure 7 Km de long et 1 Km de large et son épaisseur est de 365 mètres. Ce glacier « souffre » beaucoup du réchauffement climatique ; il a perdu 1,5 Km et plus de la moitié de son volume depuis 125 ans. Quant aux petits glaciers, ils sont au nombre de 25.

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Ce champ de glace est entouré de 11 des plus hauts sommets des Rocheuses dont l’altitude varie entre 3090 et 3747 mètres.

La rivière Athabasca et la rivière Saskatchewan-nord y prennent leur source. Ces deux rivières sont importantes.

L’endroit est très, très beau. Nous avons bivouaqué devant l’Athabasca et c’était vraiment grandiose. Le lendemain matin, nous sommes allés « frotter » nos chaussures sur le Géant histoire d’avoir quelques frissons. C’était réussi et dans tous les sens du terme !

Ce qui crée l’émerveillement devant ce site, c’est la vision de l’ensemble de ces glaciers aux reflets bleutés auxquels s’ajoute la masse sombre des forêts de sapins. Les paysages sont d’une amplitude extrêmement vaste.

C’était magnifique, mais très, très frais…

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Maintenant nous sommes dans le Parc National de Jasper. C’est le plus grand des Rocheuses avec 10 878 Km2, c’est aussi le plus septentrional et nous commençons donc notre circuit dans les zones reculées du pays.

Cela ne change pas notre environnement dans l’immédiat, même si nous avons changé de route, et nous poursuivons notre chemin toujours au beau milieu des Rocheuses et, pour commencer, en compagnie de la rivière Athabasca. Elle aussi, est bien belle, mais bien différente de la Bow. Elle a une couleur laiteuse et est peu profonde. Son lit est large mais elle n’y prend que peu de place, mais elle ne fait que commencer. Attendons la suite…

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Parfois, les Rocheuses changent un peu de physionomie et ne nous montrent que des massifs bien enchâssés les uns sur les autres, magnifiquement boisés et quelques résidus de neige pour la coquetterie. Les couleurs aussi sont parfois différentes et les massifs plus clairs donnent une belle lumière aux paysages, malgré les nuages. C’est un très beau décor.

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Et pour changer des massifs, une petite rivière ! Petite, oui, mais qu’elle énergie elle a. Elle en est terrifiante. C’est la Sunwapta, mot indien qui signifie « rivière turbulente ». C’est le moins que l’on puisse dire quand l’on voit le phénomène. Ici l’eau s’engouffre dans de longs et profonds canyons et entre chaque canyon c’est grosse cascade assurée. Elle fait un bruit d’enfer ; elle tourbillonne à en perdre la tête et elle nous impressionne terriblement avec toute sa violence. Après toute cette folie, elle part rejoindre la rivière Athabasca, laquelle, du coup, devrait changer de caractère !

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Allez, encore quelques petits massifs et, devinez quoi, eh bien, c’est la rivière Athabasca qui est là et, après avoir reçu les eaux de la Sunwapata on peut vous dire que l’Athabasca nous fait une très, très grosse colère.

Là encore ce qui impressionne ce n’est pas la hauteur de la chute principale (23 mètres), mais la violence du courant et le travail qu’a fait cette rivière ici au fil du temps, notamment de longs et profonds canyons aux parois toutes lisses, les masses rocheuses cintrées par le passage effréné de l’eau. C’est plus violent, plus bruyant, plus mouillant encore ici qu’à Kicking Horse ou Sunwapata.

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Un long sentier permet de suivre un bon moment, le « quart d’heure de folie » de cette rivière, jusqu’à la voir presque apaisée. Son apaisement total, elle le trouvera quelques kilomètres plus loin et prendra alors une couleur émeraude qui lui va bien et, si il était besoin de l’embellir, les fleurs sont là.

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Après cela, nous quittons la vallée de l’Athabasca pour rejoindre la vallée de La Maligne. Nous prenons une jolie route toute en lacets qui grimpe bien. Les paysages y sont aussi superbes. Les sommets sont clairs et sans trace de neige ou de glacier. La forêt y est très dense et le beau ciel bleu que nous avons magnifie toutes les couleurs, un régal pour les yeux.

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Cela recommence encore une fois, une rivière et c’est la Maligne ! Ainsi nommée par les trappeurs en raison de son courant violent. La première image que nous avons d’elle est celle d’une rivière endormie, bien mignonne et puis, un peu plus loin, elle commence à se défouler un peu. Il faut dire, qu’avec tous les cailloux et rochers qui encombrent son lit, elle ne peut que s’énerver.

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Un peu plus tard, la rivière disparaît de notre paysage et nous nous contentons de nos montagnes toujours majestueuses et de toutes les fleurs qui bordent la route et il y en a en un grand nombre et d’une grande variété.

Elles sont pimpantes la corole en l’air bien épanouie ; certaines se font butiner par mouches et abeilles et il semble bien que ces charmantes petites bêtes préfèrent les fleurs jaunes, mais pourquoi pas, les hommes préfèrent bien les blondes dit-on. Nous y avons regardé de très près car à chaque fois qu’une nouvelle fleur se présentait, c’était arrêt-photo et il y en a eu….

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Après cette belle cueillette, nous continuons notre montée au son de l’eau. C’est sûr, la Maligne s’est trouvée un coin pour manifester sa colère, mais rien n’est visible de la route. Une courte promenade nous conduit sur le bord du canyon de la « furie ». C’est encore beaucoup plus spectaculaire et plus violent que les fois précédentes et ce n’est pas peu dire. Ici, le canyon fait 50 mètres de profondeur et à peine trois mètres de large par endroit et il est très long. On se crampronne car il y a de quoi tomber à la renverse quand on voit toute la force de l’eau et tout ce qu’elle a réussi faire comme travail dans ce canyon. C’est beau, c’est propre et sans bavure. Les cascades y sont superbes et sont des brumisateurs efficaces !

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Toutes les « frasques » de ces rivières ne font que nous interpeller et nous font prendre conscience du pouvoir de l’eau dans notre environnement. Son « travail » au cours des millénaires est spectaculaire et, inéluctablement, il poursuivra sa tâche en transformant encore ces magnifiques paysages.

La Maligne, on ne s’en débarrasse pas comme ça et elle continue de nous accompagner un petit bout de route, puis elle devient souterraine, mais elle nous offre le Lac Medicine  un peu plus loin !

Sur celui-ci, on peut dire des choses que l’on n’a pas dites sur les autres ! Pour commencer, ce lac n’est pas « normal » ! C’est une anomalie géologique. Dans ce secteur de la Vallée de la Maligne la roche-mère s’est soulevée et fracturée, donc il y a des trous partout et la rivière la Maligne est souterraine. Dès la fin du printemps, la Maligne gonflée par la fonte des neiges bien au-delà de la capacité du système de drainage déverse dans cet espace tout son surplus d’eau qui vient transformer une petite rivière en lac.

Dès que le temps se refroidit, à la fin Août, la quantité d’eau qui alimente le lac est inférieure à celle qui s’en échappe et le lac redevient petite rivière jusqu’au prochain printemps.

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Au plus fort des crues, il a une profondeur d’environ 20 mètres. Il n’est pas très large mais ses 8 kilomètres de long permettent de constater que ce lac est un miroir à montagnes. Son environnement, c’est toujours pareil, c’est superbe et lui, le lac, il est BEAU !

Les Indiens attribuait la disparition du lac à un « tour de sorcier » ou à de la magie et ils craignaient le phénomène.

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Quand nous y sommes passés, il commençait à se vider et d’un côté on pouvait voir le fond du lac, lequel enrichissait la palette de couleurs de l’endroit ; très joli tableau.

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Nous voici à nouveau en compagnie de la rivière Maligne et elle nous offre toujours de beaux paysages et le plus souvent elle est bordée par les sapins, joli tableau complété par des vues sur les sommets. Au fil des kilomètres, notre « rivière-fauve » s’apaise un peu mais sans trouver le calme.

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Et si on vous faisait refaire un petit tour de lac ? De toutes façons, il n’y a pas le choix, le Lac Maligne est là et mérite lui aussi d’être contemplé et admiré sur toutes les coutures.

Celui-ci, avec ses 28 kilomètres de long et sa profondeur qui avoisine les 100 mètres est le plus long des Rocheuses Canadiennes et le plus profond de l’Alberta.

Niché entre deux chaînes de montagnes élevées, il remplit une vallée creusée par des eaux turbulentes, puis approfondie et élargie par le mouvement des glaciers. Encore un beau « boulot » de Dame Nature.

On ne sait plus quoi dire, alors contentons nous d’un « c’est sublime »….

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Après ce lac, nous changeons de direction et prenons la Yellowhead Highway. Cette grande artère canadienne soit son nom à un guide Iroquois blond surnommée « tête jaune ».

Nos premiers tours de roue sur cette nouvelle voie nous font redécouvrir la belle rivière Athabasca, elle est vraiment belle avec sa couleur laiteuse.

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Nous la suivrons pendant une cinquantaine de kilomètres et ce parcours a été enchanteur. Les montagnes sont plus claires, plus ou moins boisées, l’environnement de la rivière est plutôt blanc et à chaque méandre c’est un nouveau paysage. Parfois, elle est bordée de prairies marécageuses qui donnent à bel éclat à l’environnement et les sapins sont toujours là et avec eux les contrastes s’imposent.

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C’est avec cette route que nous terminons notre parcours dans cette belle province de l’Alberta. Elle nous aura éblouis, et plus encore, tout au long du chemin.

Tous les parcs que nous avons visités dans cette province sont classés au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’Unesco « pour leurs paysages de sommets, de lacs et de rivières d’une beauté unique  ».

Et maintenant, au tour de la Colombie Britannique où nous avons fait déjà fait quelques incursions, notamment dans les Rocheuses !

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La Colombie Britannique

C’est encore une grande province avec une superficie totale de 944 735 Km2 (soit 9,5 % de la superficie du pays) comprenant 19 549 Km2 d’eau douce, pour une population de 4 428 500 habitants. C’est un peu plus dense que dans les provinces précédentes, mais on ne va pas non plus se bousculer sur les routes.

C’est la province la plus à l’ouest du Canada ; elle est bordée par le Pacifique et les côtes japonaises sont à moins de 500 kilomètres de l’Île de Vancouver.

La Colombie Britannique est loin d’être en reste sur le plan économique par rapport aux provinces que nous avons déjà visitées et réputées les plus riches du pays. Il y a de quoi être envieux quand on voit ce que recèle ce pays en ressources minières avec du cuivre, du plomb, du zinc, du molybdène, de l’argent, de l’or et du charbon, auxquels s’ajoutent le pétrole et gaz. Et puis, il y a le jade aussi dont le Canada est l’un des plus gros exportateur du monde.

La forêt également apporte sa contribution à l’enrichissement de cette province et les bûcherons y sont en grand nombre : 92 000 environ.

Les activités agricoles sont sources de records dans la province avec notamment les airelles, les framboises et les champignons dont elle est le premier producteur du continent nord américain (15 millions de kilos/an, quand même !). Mais les pommes ne sont pas en reste et sont exportées dans 35 pays. Le gingembre y a aussi de beaux jours et les céréales s’y épanouissent à souhait. Les vignobles canadiens se trouvent également dans cette région, mais sur ce chapitre nous resterons discrets car Bacchus pourrait nous faire une grosse colère…

Pour terminer avec ce secteur, il faut ajouter les éleveurs de bétail et fermes d’autruches, d’émeus et de saumons.

La pêche est également un secteur porteur avec plus 80 espèces de poissons et coquillages.

Après tout cela, il est normal qu’ici on dise « nous sommes des mineurs, des bûcherons, des fermiers, des éleveurs et des pêcheurs ».

L’industrie touristique ferme la marche et est en progrès constant chaque année.

Et bien sûr, la « Beautiful British Colombia » est la plus belle province du Canada, c’est ce qu’on dit ici... C’est vrai, elle est belle.

C’est dans cette province que démarre la fameuse route « l’Alaska Highway » et c’est après elle que nous courrons maintenant. Nous la rejoignons au « Mile 0 » dans la petite ville de Dawson Creek et termine sa course à Fairbanks (Alaska) après un parcours de 2451 kilomètres ; on les fera tous, ou presque ! C’est aussi une route appelée « la route de l’aventure », on l’espère bien !

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Cette route peut effectivement s’accompagner de l’adjectif « fameuse » car son histoire colle à l’Histoire et c’est grâce à l’Histoire qu’elle existe aujourd’hui.

La décision de construire cette route fût prise après l’attaque des Japonais à Pearl Harbor (Décembre 1941) et leur débarquement sur les îles Aléoutiennes. Cette invasion a causé une immense inquiétude et pas seulement de ce côté-ci de l’Atlantique. De leurs côtés les Canadiens craignaient une invasion des USA par l’Alaska et par là même chez eux. Le Pacifique se trouvait « fermé » à la fois pour eux et pour les Américains car infesté de sous-marins et autres navires japonais.

Alors il fallait une « issue de secours » et ce fut « L’Alaska Highway ».

Dès mars 1942, ce sont 25 000 hommes, Canadiens et Américains, dont 16 000 soldats, qui se sont attelés à la rude tâche de la construction de cette route à vocation militaire dans un premier temps.

Malgré les difficultés rencontrées à la fois par la topographie du tracé (montagnes, rivières déchaînées, marécages (130 ponts ont été construits), que par les conditions climatiques, les 2541 kilomètres de routes ont été réalisés en huit mois ; chapeau bas. La construction de cette route n’a pas été une aventure humaine, elle a été un exploit humain.

Mais, aujourd’hui on peut dire qu’elle est une des routes de prédilection des voyageurs qui aiment l’aventure. Sur son trajet, les villages sont plus que rares ; le plus souvent, c’est une station service qui fait office de village. Il faut être très vigilant avec son carburant car les distances entre chaque station sont de l’ordre de 250 kilomètres.


Dawson Creek

C’est grâce à W.S. Bullen, pionnier Allemand, qui ouvrit à cet endroit, en 1919, une petite échoppe que Dawson creek est née. L’année suivante un hôtel y était construit. Mais c’est en 1936, avec l’arrivée du chemin de fer, que tout s’est « emballé » si l’on peut dire ! Aujourd’hui, Dawson Creek compte environ 12 000 habitants. C’est l’agriculture qui est le fer de lance de la petite cité, mais l’or noir contribue également à ses richesses.

C’est une ville des grands espaces, sans âme, mais elle sait se faire ville-étape agréable et il y fait beau et chaud, alors…. que demande le peuple voyageur !

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Mais quand même, quel dommage que toutes ces petites villes ou villages, dans l’ensemble, n’aient pas d’âme. C’est tout d’abord des alignées d’enseignes pour la « mal bouffe », pour les voitures, pour les centres commerciaux, et tellement plus, puis des alignées de maisons qui n’ont pas souvent l’air de maisons au sens où nous l’entendons, nous, les Français ou les Européens.

Mais la route est belle ! Et cette Alaska Highway nous gâte très vite en nous offrant une belle famille d’ours bruns ; maman et ses deux oursons.

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Ils sont mignons comme tout et nous sommes émerveillés. En plus, ils ne se sauvent pas. Ils sont sur le bord de la route qui est bien large à cet endroit et tout fleuri. Le tableau est superbe. Un des petits se met debout pour mieux nous voir.

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Il faut vraiment se retenir pour ne pas descendre et prendre ces bébés oursons dans les bras et les caresser. Vraiment, quand on voit ces oursons, on ne peut s’empêcher de penser à nos peluches, si douces et câlines…

Ils finissent par partir tout doucement…

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Notre route est vraiment belle, bien boisée et les montagnes sont toujours là, moins hautes, ce ne sont plus les mêmes, mais elles nous font une route bien vallonnée et quand elle « ondule » elle est plus belle encore. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle est bien verte !

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Peu après les ours, nous avons vu sortir quelques bisons de la forêt et eux aussi se sont installés sur le talus fleuri. Ils ne se sauvent pas, eux non plus, et nous regardent sans cesser de ruminer, puis ils s’installent carrément et, pour finir, on ne sait plus si c’est nous qui les contemplons ou si ce sont eux qui nous contemplent ! On peut toujours rêver, non ?

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Maintenant que nous sommes très au nord, nous commençons à avoir des journées extrêmement longues. Le soleil se couche, mais il continue de faire jour. Nous avons un mal de chien à aller nous coucher. Et puis, quand, enfin, il commence à y avoir un semblant de nuit, le ciel nous fait des « caprices » qui nous émerveillent. Jamais nous n’avons vu une telle gamme de couleurs dans le ciel. Les plus spectaculaires sont les gris. C’est incroyable, le bleu vire au gris et une espèce de rouge oranger s’y dilue et le noir renforce le tout. C’est vraiment du grand et beau spectacle et l’on attend que cela s’arrête pour aller au lit, autrement dit, on se couche très, très tard mais avec la tête remplie de belles images pour faire de beaux rêves.

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Ainsi va la vie sur l’Alaska Highway. Notre parcours se poursuit dans une douce vallée où coule et serpente la belle rivière « Peace » aux eaux laiteuses, un régal elle aussi.

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Notre prochaine étape, 450 kilomètres après Dawson Creek, est Fort Nelson et là, on sent bien que l’on arrive sur la terre des pionniers et notamment des chercheurs d’or. La « Gold Fever » s’affiche partout.

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Fort Nelson est une petite ville d’environ 4000 habitants. C’est un ancien comptoir de fourrures de la Cie de la Baie d’Hudson. Aujourd’hui, elle est tournée vers l’exploitation forestière et pétrolière, mais aussi le tourisme. Pour nous, cela a été une charmante ville étape et, là encore, le ciel nous a joué un spectacle dans lequel Satan devait être le Maestro. De quoi nous remplir la tête pour faire des cauchemars !

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La Highway continue, montagnes, lacs, rivières et animaux sont toujours au rendez-vous et kilomètres après kilomètres nous finissons par arriver dans la Province du Yukon. La Colombie Britannique n’est pas finie pour autant pour nous, nous y reviendrons après l’Alaska.

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Le Yukon

Cela commence à être un des bouts du monde !

Enfin une province presque à la taille de France. Avec ses, seulement, 482 443 km2 de superficie totale (soit 4,8 % de la superficie du pays), comprenant 8 052 Km2 d’eau douce, elle est bien petite cette province à l’échelle du pays, mais ses habitants, au nombre de 33 500 ont tout de même bien de la place pour s’ébattre. Il est bordé, à l'ouest, par l'Alaska sur une longueur de 1 210 km. Montagnes, lacs, rivières et forêts n’y manquent pas non plus.

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Là encore, c’est l’industrie minière qui fait vivre un bon nombre de personnes avec des mines de plomb, de zinc, de cuivre, d’argent et d’or. Mais les pouvoirs publics sont le plus grand employeur de la province. Puis, vient le tourisme qui se développe de plus en plus et on comprend pourquoi, cette province est si belle et surtout tellement sauvage et vierge.

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Le Yukon c’est la terre des pionniers qui n’avaient pas froid aux yeux et qui n’avaient peur de rien. Ce fût d’abord la ruée des trappeurs dans la première moitié du XIXème siècle, puis ce fut la ruée vers l’or à la fin de ce siècle. Inutile de dire que dans cette province on « cultive » ardemment ce passé et que l’on en est très fier.

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Notre première étape dans cette province se fera dans la petite ville de Watson Lake (environ 1500 hab.) ; c’est la porte d’entrée au Yukon. Cette ville a connu son essor au moment de la construction de l’Alaska Highway, elle était un centre de ravitaillement. C’est une ville étape sans grand intérêt mais, toutefois, certains touristes aiment y venir pour compléter la collection de panneaux indicateurs. Cette « collection » a été lancée par un soldat Américain qui participait à la construction de la route et qui planta son panneau avec son nom, le nom de son village et la distance entre ce dernier et Watson Lake. On peut dire qu’il a fait des petits car il y en a plus de 60 000 aujourd'hui !

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Et c’est reparti ! C’est vrai que c’est bien dommage de devoir aller aussi vite et de ne pas pouvoir jouir de tous ces beaux endroits comme on le voudrait. Mais, le climat de cette région nous oblige à aller toujours plus vite. Malgré cela, nous prenons toujours le temps de nous arrêter un moment dans les petites villes et aussi dans les stations service au milieu de nulle part où l’accueil est toujours très chaleureux. Eux aussi ont besoin de voir du monde, de « jaser » un moment et sont toujours heureux de nous offrir un café, lequel est toujours sur le coin du feu. Ces stations sont aussi l’occasion de rencontrer d’autres voyageurs qui ont toujours de bons conseils ou de bonnes informations à nous donner.

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La prochaine ville, après une journée de route tout de même, c’est Whitehorse.

 

Whitehorse, c’est la capitale du Yukon et elle est bien peuplée avec plus de 20 000 habitants, c’est beaucoup à la même place, qu’en on pense que la province n’en compte que 33 500. C’est donc une grande ville et nous y trouvons de quoi se ravitailler avec des supermarchés très bien achalandés en produits frais. Elle fut nommée ainsi parce que les rapides du fleuve rappelaient le galop des chevaux blancs.

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La ville est nichée dans un méandre du fleuve Yukon et des collines arides lui font face.

Ce fleuve est superbe et majestueux. Il donne son nom à la province. Il prend sa source en Colombie Britannique et termine sa course dans la mer de Béring après un parcours de 3185 kilomètres entre Canada et Alaska. Il a été une voie navigable importante avant la construction de l’Alaska Highway, notamment pour les chercheurs d’or, mais plus encore pour les populations autochtones. Il n’est pas souvent enjambé par les ponts, mais quand il y en a un, on peut constater que la main de l’homme sait aussi embellir les paysages.

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L’hiver, le Yukon se transforme en patinoire géante, mais l’été il est l’ère de jeux des bateaux à aube et le canoë y fait fureur.

Ce sont les pionniers de la « fièvre de l’or » qui ont fait naître Whitehorse et en ont fait, à l’époque, un important centre de ravitaillement avec l’arrivée du chemin de fer, puis, plus tard, la construction d’un aéroport.

Aujourd’hui, il n’y a plus la fièvre mais la ville est là et sait vivre et tirer profit de son passé et elle le fait bien et porte un intérêt très marqué pour son patrimoine ferroviaire.

Le centre ville est moderne et pas intéressant sur le plan architectural. Par contre les quartiers anciens avec leurs maisons de bois très colorées sont vraiment très beaux et tellement dépaysant pour nous.

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Les vestiges du passé sont aussi bien présents, notamment les vieilles locomotives et tout l’arsenal des chercheurs d’or, des trappeurs rassemblé dans un petit musée dans lequel on peut également voir de l’artisanat amérindien ainsi qu’une superbe collection de vieilles photos, et bien d’autre choses encore. Ces musées ont bien plus l’allure de « dépôt » d’antiquaire que de musées ou même de caverne d’Ali Baba, en tout cas pour nous. C’est vrai, nous n’avons pas grand intérêt pour ces « vieilleries », mais nous allons assez souvent voir ce genre de « musées » dans les campagnes, ne serait-ce que pour marquer de l’intérêt aux efforts fait par les municipalités pour maintenir une activité culturelle liée à leur passé. Nous y avons toujours un accueil particulièrement chaleureux.

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Après Whitehorse, nous quittons notre belle Alaska Hihtway pour nous « engouffrer » sur la route du Klondike. Mais pourquoi cette route ? Tout simplement parce que c’est la route qui mène à Watson City, le cœur de la « Gold Rush » qui a entrainé cette effrénée « Gold Fever » pour la première fois dans cette région à partir de 1896. Beaucoup ont participé à la « Ruée vers l’or du Klondike », pourquoi pas nous ?

Klondike c’est à la fois le nom de la région, de la rivière et de la route et c’est la rivière qui a donné son nom aux autres. C’est un affluent du Yukon, parfois d’une largeur importante mais avec un parcours assez court puisqu’il disparaît après 160 kilomètres de course. Il lui en faut moins pour nous offrir de paisibles et très beaux paysages.

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Ce qui nous a beaucoup étonné sur cette route avant d’arriver à Dawson City, ce sont des talus ( ?), des collines ( ?) de cailloux qui ont jalonné notre route sur plusieurs dizaines de kilomètres. C’était comme si la région avait été éventrée, cela faisait presque mal, mais c’est ça aussi la ruée ver l’or, en tout cas ses restes.

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De l’or, de l’or ! C’est, dit l’histoire, devenue légende peut être, le cri qui a été entendu à Dawson City pour la première le 16 Août 1896 et ce serait, officiellement, Georges Carmark qui aurait trouvé de l’or et « poussé » ce cri le premier, bien que d’autres noms circulent dans la ville, mais Carmack semble avoir été le premier à avoir une concession.

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Le premier filon a été trouvé dans le ruisseau Rabbit, aujourd’hui appelé Bonanza, affluent de la rivière Klondike, mais d’autres ruisseaux dans cette vallée étaient également aurifères.

Très vite, le bruit s’est répandu dans toute la région et les prospecteurs qui sévissaient dans les environs sont arrivés rapidement. Ensuite la rumeur s’est propagée jusqu’à Seattle et San Francisco. A partir de là, ce fut réellement la ruée vers l’or et elle allait changer la face de Dawson City.

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Bien que cette ruée vers l’or ne fût pas la première, elle marqua particulièrement les esprits car elle fut la plus difficile et la plus féroce de toutes. En effet, pour arriver dans cette région, il fallait franchir des montagnes extrêmement difficiles, traverser des cours d’eau non moins faciles et surtout, il fallait pouvoir affronter le froid et la longueur de l’hiver. Il n’y avait aucun moyen d‘éviter les difficultés géographiques. Seuls deux chemins existaient. L’un, par le Col de Chilkoot avec des pentes si escarpées que les animaux ne pouvaient les monter et les mineurs devaient portaient leurs charges. Sur ce parcours, ils ont dû creuser 1500 marches dans la glace pour monter. Le second chemin, par le col de White était moins élevé mais plus difficile encore. Sur ce chemin sont morts plus de 3000 chevaux et beaucoup d’hommes sont morts sur les deux parcours, surpris par les rigueurs et la longueur de l’hiver (7 mois) dans ces régions.

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Sur quelque 100 000 prospecteurs partis pour cette aventure 40 000 se trouvaient à Dawson en 1898, ce qui n’était pas sans poser de problème pour la petite cité.

Et puis, tout le monde s’est mis au travail et le « ratissage » des cours d’eau de la région, jusqu’à 150 kilomètres à la ronde de Dawson, y est allé bon train. La «récolte» a été belle et bonne un moment.

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Dès 1904, la « récolte » était nettement moins bonne. Mais les industriels y sont venus avec leurs dragues, monstrueux engins, et les petits prospecteurs sont partis vers d’autres filons en Alaska. Les dragues ont fonctionné jusqu’aux années 1960.

Aujourd’hui, on travaille toujours dans les mines d’or dans la région, mais ce sont de petites exploitations familiales ; il y en a une bonne dizaine quand même.

Et Dawson City dans tout çà ?

Cette« Gold Rush » a bouleversé la vie de ce village qui n’était qu’un petit poste de ravitaillement à l’époque. Très vite, elle se retrouve avec plus de 30 000 habitants et elle s’adapte très rapidement à cette nouvelle donne et devient la plus grande ville de la région et, de ce fait, devient également la capitale du Yukon.

2728a.jpgElle réussit si bien qu’elle en devient le « Petit Paris » d’Amérique du Nord. Les bons

 

magasins s’installent, opéra, cabarets, bons hôtels et restaurants voient le jour et c’est la grande vie à Dawson.


Hélas, cela ne dure pas et dès 1906, quand prospecteurs et petites entreprises s’en vont, Dawson commence à décliner et déclinera, on peut dire sans relâche, jusqu’aux années 1980 et ce sera la fuite de ces habitants qui seront moins d’un millier dans ces années là, et, comme un malheur ne vient jamais seul, elle en perdit son rang de capitale de la province.

 

Puis, avec le boom touristique, la ville, redresse la tête et s’engage dans cette nouvelle aventure. Elle a tous les attraits et tous les atouts pour réussir dans cette voie qui ne peut être que bénéfice et surtout durable. Aujourd’hui, la ville compte un peu plus de 2000 habitants.

Pour nous, Dawson c’est notre petite ville « coup de cœur » de notre voyage au Canada. Elle a un charme fou ; elle est belle ; il y a des fleurs partout ; on s’y sent très, très bien ; ses habitants sont accueillants au possible ; sa communauté francophone est particulièrement chaleureuse ; le temps y est beau et chaud et le soir, le ciel nous fait de si beaux spectacles que cela en devient difficile de partir. Enfin on a adoré. Nous y sommes restés 5 jours tant on y été bien.

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Elle est située sur la rive du Yukon sur lesquels les bateaux à aube ont vraiment belle allure. Derrière la ville, c’est la montagne et ses forêts. Sa rue principale, très large, est bordée de très jolies maisons d’autrefois, bien colorées. Hôtels et restaurant y ont retrouvé leur lustre d’antan. Dans les autres rues de la ville ce ne sont que de jolies maisons également. C’est beau partout !

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Dans les rues du centre de la « capitale de la pépite », il y a des bijoutiers et, bien sûr, on y vend essentiellement des pépites, mais elles ne sont pas très belles et surtout mal montées. Le Scribe y a bien regardé de très près et dans toutes les boutiques. Le Chouchou restait à la porte, il avait peur… La plus grosse pépite trouvée, à la belle époque, dans la Bonanza, était de 72 onces (2,232 Kilos). Une once pour les métaux précieux équivaut à 31 grammes, c’est quand même un peu lourd pour un tour de cou !

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Alors, évidemment, le passé « aurifère de la ville est très présent et on le comprend. Le musée en met trois louches, dans les jardins de bâtiments officiels, les fleurs sont plantées dans des godets de drague, des photos de la belle époque s’affichent un peu partout et nous les avons bien appréciées. Le Cabaret ouvre ses portes tous les soirs et c’est pour le French Can-Can et le casino a de beaux jours devant lui !

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Le témoignage le plus important et le plus marquant de la ruée vers l’or, c’est la visite de la Drague N°4, située sur le ruisseau Bonanza, qui a été désenlisée, puis restaurée et bien mise en valeur avec des visites guidées particulièrement instructives et intéressantes.

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Pour perpétrer ce passé il y a également le souvenir laissé par deux personnalités littéraires de renommée mondiale que sont Jack London et Robert Service. Tous les deux ont vécu ici à la grande époque de la ruée vers l’or et leur « cabane » se visite. Jack London a beaucoup témoigné de l’épopée de la ruée vers l’or pour la presse américaine. De même, qu’un certain nombre de ses romans ont trouvé leur origine dans cette région. On aime ici à l’appeler le « Kippling du Froid ». Certaines œuvres de Robert Service sont, elles aussi, marquées par son passage à Dawson.

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Dawson est très difficile à rendre par l’écrit, car c’est une ville qui se respire, qui se sent, qui se touche, même, car elle a vraiment une forte personnalité.

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Nous aimerions vraiment, et beaucoup, revenir en hiver dans cette ville. Les gens nous ont dit qu’on n’y sentait pas les -40° du plein hiver car le climat est particulièrement sec et le soleil très ardent quand au ciel il est, nous a-t-on dit, d’un bleu si profond qu’on se demande si il est bleu... Il y a maintenant des touristes toute l’année ici ; l’hiver c’est la pratique du patin à glace sur le fleuve, le ski, les chiens de traineau et la moto neige et tout cela vaut de l’or aujourd’hui pour cette petite ville.

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Dawson est notre dernière étape du Yukon, presque notre dernière ville du Canada. De l’autre côté du fleuve c’est l’Alaska. Alors Jules va « enfourcher » le bac et tout ce qui se passera de l’autre côté du fleuve sera décrit sur la page Etats-Unis.

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Le Canada, nous y reviendrons après l’Alaska, et ce sera en Colombie Britannique. Voilà de quoi patienter....
 

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